Des manifestants en Argentine (Photo: 123RF)
L’ONU promet plus de «transparence» sur les participants à ses conférences sur le climat, dès la prochaine COP28 à Dubaï en fin d’année, alors que les ONG dénoncent la présence toujours plus importante de lobbyistes des énergies fossiles lors de ces événements.
La liste des participants aux conférences de l’ONU-climat sera désormais intégralement rendue publique, alors que jusqu’à présent seuls les noms des membres de délégations officielles et des observateurs étaient divulgués.
Les participants doivent également préciser leur «affiliation» et leur relation précise, y compris financière, avec l’entité dont ils dépendent. Ils peuvent refuser de donner des détails mais ce refus sera indiqué sur la liste des participants.
Le but est «d’augmenter la transparence» alors que «ces dernières années le nombre de participants a augmenté régulièrement et que les objectifs de leur participation se sont diversifiés», explique la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) sur son site.
«Cette décision de l’ONU est une première étape pour protéger les discussions climatiques les plus importantes du monde de l’influence toxique des gros pollueurs», a salué auprès de l’AFP Alice Harrison, de l’ONG Global Witness.
«Cependant nos investigations montrent que des délégués liés aux énergies fossiles vont continuer à rentrer à la COP par la grande porte effrontément», a-t-elle ajouté.
Les ONG se sont ainsi alarmées de la présence toujours plus massive de lobbyistes liés à l’industrie des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) lors des COP, les grandes conférences annuelles sur le changement climatique.
Elles en avaient dénombré des centaines pendant la COP27 l’an dernier en Égypte, notant une hausse de 25% sur un an, et craignent un nouvel afflux pour la COP28 en fin d’année aux Émirats arabes unis, gros producteur d’hydrocarbures.
L’événement promet d’être de taille: la présidence émiratie attend plus de 80 000 délégués et plus de 5000 journalistes, près du double par rapport à la COP27.
«Les négociations climatiques de l’ONU doivent être fermées à triple tour contre l’influence des entreprises qui sont les plus coupables d’avoir poussé notre planète au point d’ébullition», a plaidé Alice Harrison.
Laurie van der Burg, de l’ONG Oil Change International, a pour sa part estimé que «l’amélioration de la transparence est généralement une bonne chose» mais que dans le cas présent elle ne résout pas «le vrai problème».
«Pour limiter le réchauffement à 1,5°C, cette COP doit déboucher sur un accord pour mettre fin aux investissements dans les nouveaux projets pétroliers et gaziers, ainsi qu’une sortie de toutes les énergies fossiles. Mais cela n’arrivera pas tant qu’on autorisera les lobbyistes du secteur fossile à s’approcher des discussions politiques sur le climat», juge-t-elle.