6 janvier: Biden demande aux Américains de reconnaître la vérité
La Presse Canadienne|Publié le 06 janvier 2022Dans son discours, dont des extraits avaient été rendus publics plus tôt dans la journée, M. Biden a déclaré que les États-Unis devaient décider du type de pays qu'ils voulaient être à l'avenir. (Photo: Getty Images)
Washington — Le président américain Joe Biden exhorte ses compatriotes à rejeter les mensonges et la violence politique alimentés par son prédécesseur et à plutôt reconnaître et vivre selon la vérité.
M. Biden se trouve au Capitole, théâtre d’émeutes violentes et meurtrières il y a un an, au plus fort des efforts de Donald Trump pour annuler les résultats de l’élection présidentielle de 2020.
Dans son discours, dont des extraits avaient été rendus publics plus tôt dans la journée, M. Biden a déclaré que les États-Unis devaient décider du type de pays qu’ils voulaient être à l’avenir.
Le choix, a-t-il dit, est entre vivre à la lumière de la vérité ou à l’ombre du mensonge.
Ce dernier choix, a poursuivi M. Biden, reviendrait à accepter la violence politique comme norme et à permettre aux acteurs partisans d’annuler les résultats légitimes et légaux des élections.
M. Trump, pour sa part, a annulé une conférence de presse prévue jeudi en Floride, choisissant plutôt de se concentrer sur un rassemblement en Arizona la semaine prochaine.
Les membres du Congrès devraient marquer l’anniversaire plus tard dans la journée.
«En ce moment, nous devons décider quel genre de nation nous allons être», a déclaré M. Biden dans des remarques préparées. «Allons-nous être une nation qui ne vit pas à la lumière de la vérité, mais à l’ombre du mensonge?»
«Nous ne pouvons pas nous permettre d’être ce genre de nation.»
Le plus haut responsable de l’application des lois aux États-Unis s’est engagé mercredi à ne rien négliger dans l’enquête en cours sur l’émeute au Capitole.
Le procureur général Merrick Garland a imploré les Américains de faire preuve de patience.
M. Garland a dit que plus de 725 personnes avaient été arrêtées et inculpées dans le cadre de l’attaque du 6 janvier, les personnes impliquées dans des agressions contre des policiers faisant face aux chefs d’accusation les plus graves.
Il a ajouté que l’enquête avait délivré plus de 5000 citations à comparaître et mandats de perquisition, saisi 2000 appareils électroniques et examiné 20 000 heures de séquences vidéo et 15 téraoctets de données.
M. Garland n’a pas mentionné M. Trump, mercredi, mais il a laissé entendre que l’enquête continuerait de travailler en coulisses pour traduire en justice les responsables de l’attaque, quelle que soit leur importance politique ou leur affiliation partisane.
«Le département de la Justice reste déterminé à tenir tous les participants (aux incidents) du 6 janvier, à tous les niveaux, responsables en vertu de la loi, qu’ils aient été présents ce jour-là ou qu’ils aient été pénalement responsables d’une autre façon de l’attaque contre notre démocratie», a-t-il déclaré. «Nous suivrons les faits où qu’ils mènent.»
Enquêter sur un événement comme celui du 6 janvier est une entreprise complexe et difficile qui ne révèle pas instantanément tous les faits et preuves nécessaires, a-t-il ajouté.
«Nous suivons les preuves physiques, nous suivons les preuves numériques, nous suivons l’argent», a dit M. Garland. «Mais plus important: nous suivons les faits, pas un programme ou une hypothèse. Les faits nous disent où aller ensuite.»
Cinq personnes sont mortes dans la mêlée de l’année dernière au Capitole ou en conséquence directe de celle-ci, dont le policier Brian Sicknick, qui a succombé à ses blessures le lendemain après avoir été frappé à la tête avec un extincteur et aspergé dans le visage avec du gaz poivré.
La manifestante et vétéran des forces aériennes Ashli Babbitt a été abattue par la police alors qu’elle et plusieurs autres tentaient de se frayer un chemin dans le bâtiment. Trois autres partisans de M. Trump — Kevin Gleeson, Rosanne Boyland et Benjamin Philips — ont également perdu la vie.
Mais d’innombrables autres policiers du Capitole restent marqués, physiquement et émotionnellement, non seulement par les événements de cette journée, mais aussi par ce qu’ils décrivent comme des efforts politiques pour présenter le 6 janvier comme une manifestation publique légitime et non violente.
Le sergent Aquilino Gonell, un vétéran décoré de l’armée américaine et policier du Capitole, faisait partie de ceux qui ont témoigné devant le Congrès l’année dernière au sujet de l’expérience. Un article d’opinion publié mercredi dans le «Washington Post» fait comprendre son sentiment persistant de trahison.
«Nous pleurons une Amérique divisée en quelque sorte sur ce qui s’est réellement passé le 6 janvier, et nous sommes profondément préoccupés par la menace d’une future violence politique qui continue de planer sur notre démocratie», ont écrit le sergent Gonell et son collègue Harry Dunn.
Contrairement à la démonstration d’unité nationale qui a suivi les attentats terroristes du 11 septembre 2001, le corps politique américain reste plus fracturé que jamais, notamment sur la question des événements de janvier dernier, suggère un nouveau sondage de «USA Today» et de l’Université de Suffolk.
Alors que 83% des personnes interrogées ont déclaré qu’elles étaient préoccupées par l’avenir de la démocratie aux États-Unis, les opinions divergent sur les raisons politiques: 58% des républicains qui ont participé à l’enquête affirment toujours que M. Biden n’est pas le président légitime, malgré des preuves incontestables du contraire.
Seule une faible majorité des répondants, 53%, a déclaré que le comité restreint fait un travail important, dont 88% de démocrates, tandis que 42% des 1000 personnes interrogées ont qualifié le comité de perte de temps, dont 78% de républicains.
M. Trump ayant annulé ses plans, deux des plus ardents défenseurs de l’ancien président au Congrès — la représentante de Géorgie Marjorie Taylor Greene et le représentant de Floride Matt Gaetz — ont prévu une conférence de presse jeudi à Washington.