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7. Calendrier de l’avent des affaires: le boursicoteur

Olivier Schmouker|Publié le 07 Décembre 2021

7. Calendrier de l’avent des affaires: le boursicoteur

(Illustration: Les Affaires et 123RF)

CALENDRIER DE L’AVENT DES AFFAIRES. Jusqu’à Noël, découvrez chaque jour de la semaine un terme économique ou financier qui a marqué l’actualité de l’année, et sa définition «délicieusement diabolique» concoctée par Olivier Schmouker.

7. Boursicoteur, n.m.

(Photo: David Clode pour Unsplash)

Espèce commune de grenouille qui se croit capable de devenir aussi grosse qu’un bœuf. À longueur de journée, le boursicoteur se gave d’articles et de graphiques économiques dénichés sur Internet, et son ego se met à enfler à mesure que son estomac grossit. Son ego enfle sans cesse et encore, jusqu’au jour où le boursicoteur finit par éclater, comme dans la fable de Jean de La Fontaine.

Dans son livre «Investir à la Bourse et s’enrichir» (Les Éditions de l’Homme, 2020), Bernard Mooney décrit avec une précision chirurgicale le sort funeste du boursicoteur. L’ex-chroniqueur financier du journal Les Affaires avoue avoir été lui-même un boursicoteur à ses débuts: «Je voulais m’enrichir vite, je visais des rendements de 50 à 100%! J’ai succombé aux promesses de l’analyse technique, alléchante pour le novice que j’étais, d’autant plus que cette approche ne nécessite aucune notion de comptabilité ; se faire dire qu’on peut faire un tas d’argent juste en étudiant les graphiques des cours boursiers est réjouissant.»

Sa conclusion: «L’analyse technique laisse croire qu’on peut réussir à la Bourse sans vraiment réfléchir. En fait, vouloir devenir riche vite mène à la pauvreté», note-t-il aujourd’hui avec une belle humilité, en soulignant que le boursicoteur travaille, sans le réaliser, pour une autre espèce de grenouille, «le courtier», qui empoche une commission chaque fois que le boursicoteur avale ou recrache une bouchée.

Le boursicoteur ne peut espérer survivre que s’il effectue une mutation avant son fatal éclatement, sous la forme d’une autre grenouille, «l’investisseur». Plus sage et plus mesuré, ce dernier ne choisit de manger que les meilleurs morceaux, et il prend des années, voire des décennies, pour les digérer. L’investisseur grossit ainsi en prenant tout son temps, sans risquer d’éclater. Il sait que la richesse vient à celui qui accomplit «la tâche qui devrait être la plus facile, mais qui s’avère la plus difficile d’entre toutes: ne rien faire du tout!» Oui, il suit à la lettre le conseil de Warren «Wawaron» Buffett, le dieu des investisseurs: «J’ai fait plus d’argent à la Bourse en restant assis sur mes fesses à ne rien faire qu’autrement».