À l’approche de la retraite, mieux vaut revoir son plan financier
La Presse Canadienne|Publié le 27 juin 2023Pour ceux qui n’ont pas encore de plan financier, «il n’est jamais trop tard» pour en faire un, estime Anthony Maiorino, vice−président et directeur des services de bureau de famille en chef de RBC Gestion de patrimoine. (Photo: La Presse Canadienne)
Alors que la date de la retraite de Willi Fleerakkers approche en cette période de forte inflation et de taux d’intérêt plus élevés, il lui est difficile de ne pas s’inquiéter. Toutefois, revoir son plan pour cette nouvelle étape de la vie l’aide à apaiser ses inquiétudes.
La professionnelle de la santé de Toronto prévoit prendre sa retraite au cours des deux prochaines années. Elle estime qu’entre sa pension, le Régime de pensions du Canada et la Sécurité de la vieillesse, elle aura ce dont elle a besoin, et si des surprises devaient survenir, elle pourrait se rabattre sur son régime enregistré d’épargne−retraite.
Comme de nombreux Canadiens, Mme Fleerakkers a commencé à reconsidérer sa date de retraite en vieillissant, la retardant finalement de deux ans afin qu’elle puisse se permettre de rénover la cuisine de sa copropriété et d’économiser un peu plus.
«Je me suis dit : “vous savez quoi, je vais économiser autant que possible, faire ça (…) et essayer d’avoir un petit coussin pour ne pas avoir à puiser dans mon RPC”.»
Elle a terminé de rembourser son hypothèque l’année dernière, juste à temps pour éviter le choc désagréable de la forte hausse des taux d’intérêt.
L’inflation a suscité des inquiétudes chez les investisseurs allergiques au risque quant au rendement de leur épargne, mais Mme Fleerakkers sait que si elle a des questions, elle peut faire appel à un expert pour l’aider à déterminer quoi faire.
Dans un contexte où de plus en plus de Canadiens prendront leur retraite dans les années à venir, Mme Fleerakkers fait partie des dizaines de milliers de personnes qui surveillent de près leur épargne−retraite. Des sondages montrent que plusieurs d’entre eux s’inquiètent d’avoir suffisamment d’argent pour leur retraite, et certains craignent de ne pas pouvoir prendre leur retraite du tout.
Mais des experts affirment qu’avec un solide plan financier en place, il est possible de faire cette transition avec moins de stress, même dans des conditions économiques incertaines.
«Je pense que c’est l’un des défis auxquels sont confrontés de nombreux Canadiens», observe Ryan Gubic, planificateur financier agréé et fondateur de MRG Wealth Management. «Ils n’ont pas de plan. Ils approchent donc de la retraite, ce qui génère beaucoup de stress pour eux.»
Pour ceux qui n’ont pas encore de plan financier, «il n’est jamais trop tard» pour en faire un, estime Anthony Maiorino, vice−président et directeur des services de bureau de famille en chef de RBC Gestion de patrimoine.
Ce plan peut aider à maîtriser revenus et dépenses au cours des dernières années de travail et donner une idée de ce à quoi s’attendre après avoir franchi le seuil, note-t-il.
Cela peut également aider à prendre des décisions d’investissement, poursuit M. Maiorino. Par exemple, les gens supposent souvent qu’ils doivent investir de manière plus prudente à l’approche de la retraite, mais on ne peut pas savoir si cette approche est la meilleure pour soi sans un plan détaillé, souligne-t-il.
À la retraite, on peut avoir plusieurs sources de revenus différentes, rappelle M. Maiorino. Il recommande de consulter le Régime de pensions du Canada (RPC) pour voir si on peut se permettre de le prendre plus tard afin d’obtenir un paiement mensuel plus élevé.
«Pour ceux qui attendent un peu (avant d’accéder au) RPC, cela peut se traduire par une grande différence», assure-t-il.
Revoir régulièrement le plan
Quiconque envisage de repousser l’âge de la retraite devrait d’abord consulter un expert, prévient M. Gubic. Il en va de même pour déterminer quand prendre le RPC ou la pension de la Sécurité de la vieillesse, note-t-il.
Avoir un plan financier et un expert disponible peut vraiment aider à soulager une partie du stress, assure M. Maiorino, en particulier dans un contexte de taux d’intérêt et d’inflation plus élevés.
«On ne peut pas simplement regarder ce qui se passe à court terme de manière isolée et construire son plan en fonction de cela», prévient−il en notant qu’un bon plan financier prend en considération les corrections potentielles du marché.
MM. Maiorino et Gubic recommandent de revoir régulièrement son plan financier, et en particulier chaque fois qu’on traverse un changement de vie.
M. Gubic recommande de travailler avec un professionnel de la finance spécialisé dans la retraite, pour aider dans la préparation de la retraite, mais aussi dans les années qui suivent son début.
«Il y aura de nombreux défis et obstacles potentiels en cours de route, prévient−il. Ce professionnel de la finance ou de la planification financière peut aider à éviter certaines erreurs coûteuses.»
Ces erreurs pourraient inclure le fait de ne pas savoir combien on peut se permettre de retirer, ou dans quels produits investir, ou de ne pas effectuer ses retraits de la façon la plus efficace du point de vue fiscal, souligne M. Gubic.
Lors de la planification des revenus pour la vie à la retraite, on doit également prendre en compte des actifs durables, comme la maison, et déterminer si l’on a l’intention de les vendre, souligne M. Maiorino.
Ce dernier recommande en outre de constituer une épargne en espèces dans les quelques années précédant la retraite, dans le but de disposer de trois à six mois de frais de subsistance, au cas où il y aurait des retards pour certains éléments, comme la pension.
«On ne sait jamais quand on prend notre retraite, s’il va y avoir une sorte de pépin, et peut−être que la pension du travail ne commencera pas lorsqu’elle était censée le faire, ou que certains éléments de paperasse ont été perdus», prévient−il.
«L’autre chose, c’est que si on prend sa retraite et que (…) les marchés sont en légère baisse, on ne veut pas retirer de l’argent des investissements lorsque les choses sont en baisse. Mieux vaut avoir ce petit coussin pour s’aider, en quelque sorte.»