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Acheter une piscine, c’est bien plus qu’un seul paiement

Claudine Hébert|Édition de la mi‑avril 2020

GROSSE DÉPENSE. Plus de 300 000 foyers ont une piscine dans leur cour au ­Québec. Combien ...

GROSSE DÉPENSE. Plus de 300 000 foyers ont une piscine dans leur cour au ­Québec. Combien ça coûte s’il vous prend, à vous aussi, l’envie de plonger ? Peu importe l’offre alléchante qui vous fera succomber à la tentation d’acheter une piscine, une chose est certaine : votre investissement ne se limitera pas qu’au montant inscrit sur le contrat.

L’abordable

Pour vous offrir l’entrée de gamme du bassin d’eau, soit la piscine hors terre, prévoyez un budget variant entre 4 000 $ et 12 000 $, selon les modèles. Les structures d’acier et d’aluminium seront plus abordables que celles en bois, qui peuvent coûter plus du double, en plus de demander plus d’entretien. La forme ronde (particulièrement le modèle de 18 pieds) est la plus populaire et coûte généralement 2000 $ de moins que le modèle de forme ovale, signale ­Mario Despatie, conseiller aux ventes chez ­Piscines ­Gratton, à ­Repentigny. En revanche, une piscine hors terre de forme ronde prend plus d’espace et ne permet pas de faire des longueurs. Ce type de piscine nécessite également des montants qui retiennent les poussées horizontales et des margelles pratiques pour s’appuyer. Ces bordures peuvent être en acier ou en résine de synthèse. La résine, qui coûte de 5 % à 10 % de plus que l’acier, a l’avantage de bien réagir aux écarts de température.

Il est conseillé de privilégier une toile de piscine de 0,6 mm d’épaisseur plus dense et plus résistante, recommande ­Mario ­Despatie. Ce type de toile coûte généralement une centaine de dollars de plus que les versions de 0,5 mm. Notez qu’après 10 ans d’usure, il faudra prévoir le remplacement de la toile, une dépense d’environ 800 $ à 1 500 $, selon le type de toile et les frais d’installation, indique le conseiller de ­Piscines ­Gratton.

Les extras

Certains utilisateurs de piscine hors terre voudront se prémunir d’un ­chauffe-eau pour bénéficier d’une eau plus tempérée. Le système solaire vous coûtera entre 1 000 $ et 2 500 $ selon les modèles et les frais d’installation, ­peut-on lire sur le site web de ­Soumissions ­Piscine ­Spa. Prévoyez sensiblement les mêmes coûts pour l’achat et l’installation d’une thermopompe ou d’un ­chauffe-eau alimenté à l’électricité ou au gaz, auxquels s’ajouteront des frais d’utilisation annuels. Si l’utilisation d’une thermopompe coûte entre 200 $ et 300 $ par année, prévoyez de cinq à dix fois ce montant pour un ­chauffe-eau au propane qui fonctionne 24 heures sur 24, avertit ­Mario ­Despatie.

N’oubliez pas non plus de prévoir les frais pour les autres accessoires, tels le système de filtration, la pompe à eau, le robot aspirateur, les marches en résine de synthèse, la toile solaire et son enrouleur sans oublier l’aménagement du patio, ainsi qu’un cabanon pour loger l’équipement de la piscine. Des frais qui font gonfler la facture d’au moins 3 000 $ à 5 000 $.

La creusée

Si vous optez pour la piscine creusée, prévoyez au minimum, un budget de 20 000 $. Et encore, ce montant est relativement bas si l’on tient compte des autres frais liés à l’aménagement de ce type de bassin. En plus du prix de la piscine et de ses accessoires, vous devez ajouter les coûts liés aux travaux d’excavation. Des travaux qui, pour des cours déjà existantes, engendreront des frais pour le réaménagement paysager du terrain.

Reconnue pour sa robustesse et sa résistance aux aléas du climat québécois, la formule en acier galvanisé se dresse parmi les piscines creusées les plus populaires auprès des acheteurs. La facture ne devrait pas dépasser les 30 000 $… avant les extras.

La piscine en béton, qui propose des designs sur mesure, s’affiche comme la piscine creusée la plus durable de toutes. C’est aussi la plus chère des options pour laquelle votre portefeuille sera allégé d’au moins 50 000 $, sinon plus. Non seulement le prix de la formule en béton est plus élevé, mais il vous faut aussi calculer au moins de deux à trois semaines pour l’installation. Le bassin devra également être repeint aux trois à cinq ans, indique ­Mathieu ­Trépanier, directeur de la division Projet de Piscines et spas Poséidon, à Longueuil. Des travaux qui varieront entre 1 000 $ et 7 000 $ selon leur nature, les produits et la dimension du bassin.

L’­entre-deux

Il existe également un compromis entre l’acier et le béton : la piscine en résine, dont les panneaux de polystyrène forment une sorte de coffre. Cette structure autoportante a l’avantage d’être plus solide que l’acier. Elle coûte généralement au moins 2 000 $ de plus qu’une piscine en acier. Une somme qui revient tout de même de 30 % à 40 % moins cher que la piscine entièrement en béton, fait remarquer ­Mario ­Despatie.

D’autres frais inévitables

Avant de partir à la chasse aux aubaines, vérifiez auprès de votre municipalité si votre projet de piscine demande un permis d’installation. Certaines villes, comme ­Repentigny, ­Drummondville ou ­Gatineau, exigent l’achat d’un permis. Selon les municipalités, les frais peuvent varier entre 30 $ et 60 $ en fonction du modèle de piscine.

Outre le permis, vous devrez également considérer les frais liés à l’installation d’une clôture de sécurité obligatoire pour les piscines creusées et ­semi-creusées, et à l’aménagement d’un éventuel patio.

Vous serez également tenu d’avertir votre assureur, qui ajoutera un avenant à la police résidentielle afin de couvrir la responsabilité civile en cas de sinistre provoqué par la piscine. Vous devrez aussi prévoir les frais d’exploitation (électricité) et d’entretien lié à la l’utilisation de votre équipement estival. Les produits chimiques, tels le chlore ou le sel, les tests d’eau ainsi que les frais d’ouverture et de fermeture de la piscine représentent annuellement un montant de 500 $ à 3 000 $, rappelle ­Mathieu ­Trépanier.

Mises en garde

Le ­porte-parole de l’Office de la protection du consommateur (OPC), ­Charles ­Tanguay, émet quelques mises en garde au sujet des offres alléchantes de certains commerçants de piscine. « ­La promotion d’une super piscine à 20 $ par semaine peut en faire rêver plusieurs, mais attention : il est important de connaître le nombre de semaines au contrat et le montant total. Des frais de crédit importants peuvent s’ajouter à cette formule “petit prix”. Mieux vaut comparer les offres dans leur ensemble pour sélectionner une formule qui convient au budget alloué », ­avertit-il.

Autre conseil de l’OPC : ayez un contrat clair quant aux dates d’installation. Si votre contrat précise que l’installation se fera avant le 1er juillet, mais que, trois semaines plus tard, rien n’est encore fait, vous pourriez réclamer des dommages liés à ces termes du contrat. « ­Et ce montant peut dépendre de certains facteurs, comme la durée du délai et d’autres circonstances spécifiques que vous pourriez évoquer, notamment si les trois semaines de retard coïncident avec les trois semaines les plus chaudes de l’été ou encore s’il s’agit de vos trois semaines de vacances », explique ­Charles ­Tanguay.

La piscine et la valeur de la propriété

Enfin, l’achat d’une piscine ­augmentera-t-il la valeur de votre maison ? « ­Oui, mais sans doute pas autant que vous ne le souhaiteriez », répond ­François ­Des ­Rosiers, professeur titulaire au ­Département de finance, assurance et immobilier à l’Université ­Laval. Depuis plus de 30 ans, cet expert universitaire analyse la formation des valeurs immobilières au ­Québec, notamment la contribution des différents attributs d’une propriété à sa valeur marchande.

Son constat : la présence d’une piscine peut faire augmenter la valeur de la propriété d’environ 11 %, selon le quartier ou la municipalité. Autrement dit, la piscine peut bonifier la valeur d’une résidence, mais son occupant récupérera rarement la totalité de son investissement.

La composition sociodémographique d’un quartier (ménages avec jeunes enfants ou adolescents, ménages sans enfants ou retraités), ­ajoute-t-il, aura également un effet sur la valorisation de cet équipement. Il cite en exemple deux quartiers distincts de ­Québec. La valeur d’une résidence à ­Charlesbourg qui n’a pas de piscine sera défavorisée par rapport aux propriétés voisines qui, pour la plupart, détiennent cet équipement dans leur cour. En revanche, ­conclut-il, dans le secteur de ­Sainte-Foy, où la piscine n’est pas un équipement très populaire, la présence d’un bassin aura peu, sinon aucune incidence sur la valeur d’une résidence.