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Austérité: Londres se prépare à dévoiler un nouveau budget

AFP|Publié le 15 novembre 2022

Austérité: Londres se prépare à dévoiler un nouveau budget

Le gouvernement du premier ministre Rishi Sunak assure toutefois que les plus défavorisés seront moins mis à contribution. (Photo: Getty Images)

Londres — Le gouvernement britannique se prépare à dévoiler jeudi un budget mêlant hausses d’impôts généralisées et coupes dans les dépenses de l’État pour donner des gages de sérieux aux marchés, sonnant le retour de l’austérité outre-Manche.

En pleine crise du coût de la vie et alors que le pays semble s’acheminer vers la récession, la présentation du Chancelier de l’Échiquier, Jeremy Hunt, au Parlement devra notamment achever de réparer les dégâts causés par le «mini-budget» du gouvernement de l’éphémère première ministre Liz Truss.

Alliant aides massives aux factures énergétiques et baisses d’impôts tous azimuts, ce projet d’une ampleur colossale, estimée entre 100 à 200 milliards de livres, devait être financé essentiellement par emprunt sur les marchés en pleine poussée de l’inflation et des taux d’intérêt.

Il avait affolé les marchés et s’était soldé par un plongeon de la livre sterling à son plus bas historique, tandis que les taux d’emprunt du gouvernement avaient bondi, avec dans leur sillage les conditions de crédit des ménages et des entreprises. La Banque d’Angleterre avait dû intervenir en urgence.

«Lutter contre l’inflation est ma priorité absolue et cela guide les décisions difficiles sur les impôts et les dépenses que nous annoncerons jeudi», a dit mardi le Chancelier de l’Échiquier, Jeremy Hunt, dans un communiqué publié en réaction à une légère hausse du chômage entre juillet et septembre.

«Restaurer la stabilité et faire baisser la dette est notre seule option pour réduire l’inflation et limiter la hausse des taux d’intérêt», a ajouté le ministre qui avait prévenu, le week-end dernier, que les Britanniques allaient «tous devoir payer plus d’impôts».

 

Coupes sombres

Ces accents rappellent aux Britanniques la sévère cure d’austérité imposée dans la foulée de la crise financière de 2008, qui s’était traduite par des coupes sombres dans les services publics dont l’impact se fait encore sentir aujourd’hui, en particulier dans la santé.

Le gouvernement du premier ministre Rishi Sunak assure toutefois que les plus défavorisés seront moins mis à contribution, alors que de nombreux Britanniques ont vu leur revenu disponible mangé par l’inflation et doivent parfois choisir entre se chauffer et se nourrir.

Une revalorisation des retraites et des allocations en ligne avec l’inflation serait notamment sur la table.

Les patrons des plus grands supermarchés britanniques ont publié mardi une lettre ouverte exhortant le gouvernement à profiter de la présentation budgétaire de jeudi pour étendre un programme de repas scolaires gratuits à tous les enfants des familles les plus pauvres.

En attendant, le gouvernement cherche entre 50 et 60 milliards de livres de hausses d’impôts et baisses de dépenses, selon la presse britannique.

Les géants énergétiques, qui ont engrangé des bénéfices records avec l’envolée des prix sur les marchés, devraient être mis à contribution: une taxe exceptionnelle, initialement fixée à 25% des profits, mais comprenant d’énormes exonérations, et prévue jusqu’en 2025, devrait être augmentée et prolongée.

Le Chancelier se préparerait aussi à introduire une nouvelle taxe de 40% visant l’ensemble des producteurs d’électricité et leurs «recettes excessives», assure le Financial Times mardi.

 

«Récession profonde»

Autre levier d’action pressenti: le gel de certains seuils d’imposition, notamment sur le revenu.

Avec une inflation à 10%, cela veut dire que les ménages dont les revenus ont été gonflés par des hausses de salaire, même inférieures à l’inflation, vont se retrouver projetés automatiquement dans la tranche d’imposition supérieure: une augmentation d’impôt de facto.

Résultat attendu, selon Deutsche Bank: «Une récession profonde en 2023 avec une croissance probablement anémique jusqu’en 2025 au moins».

La Banque d’Angleterre prévoit une contraction économique qui pourrait être la plus longue que le Royaume-Uni ait jamais connue.

Russ Mould, analyste d’AJ Bell, remarque que si M. Hunt peut se targuer d’«un bon début» avec des taux d’emprunt calmés et une livre qui a repris des couleurs, «les électeurs attendent toujours de voir les bases d’un plan de long terme solide».

De son côté, la principale organisation patronale du pays, la CBI, a appelé le gouvernement à des «décisions politiques courageuses», en plus des décisions fiscales difficiles, pour assouplir les règles d’immigration dans la foulée du Brexit et soulager le manque de main-d’œuvre qui entrave les entreprises.