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Aviation: la hausse du carburant pourrait faire grimper les prix

La Presse Canadienne|Publié le 14 mars 2022

Aviation: la hausse du carburant pourrait faire grimper les prix

Les inquiétudes concernant le carburant, qui est la plus grande dépense des compagnies aériennes après la main-d’œuvre, pourraient inciter les transporteurs à récupérer ces coûts en faisant grimper le prix des billets. (Photo: La Presse Canadienne)

Juste au moment où, après deux ans de pandémie, une lueur pointait à l’horizon pour les lignes aériennes, ces dernières se retrouvent confrontées à un nouveau vent contraire avec la flambée des prix du pétrole, qui pourrait à son tour faire grimper les tarifs aériens. 

Les retombées de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, y compris les sanctions et les interdictions sur les importations de pétrole, ont contribué à faire grimper le prix du carburéacteur de plus de 27% à 142 $ le baril au cours de la semaine se terminant le 4 mars, selon S&P Global Commodity Insights. 

«Si le prix du kérosène reste aussi élevé, il est raisonnable de s’attendre à ce qu’il se reflète dans les rendements des compagnies aériennes avec le temps», a souligné jeudi, dans une déclaration, le directeur général de l’Association du transport aérien international (IATA), Willie Walsh. 

Les inquiétudes concernant le carburant, qui est la plus grande dépense des compagnies aériennes après la main-d’œuvre, pourraient inciter les transporteurs à récupérer ces coûts en faisant grimper le prix des billets. 

La demande des Canadiens pour les voyages augmente après deux ans de confinements et de restrictions sanitaires attribuables à la COVID-19, mais l’augmentation du nombre de réservations pourrait plafonner si la hausse des coûts du carburant est répercutée sur les passagers par l’entremise de tarifs plus élevés, a estimé John Gradek, directeur du programme de gestion de l’aviation de l’Université McGill. 

«Nous avons une situation où les transporteurs doivent prendre des mesures — soit pour couvrir leurs prix du carburant, soit pour répercuter certaines de ces augmentations sur le client, soit pour absorber ces augmentations à l’interne», a-t-il expliqué. 

Air Canada affirme que les coûts du carburant sont toujours pris en compte dans le prix des billets. 

«Nous disons toujours que la tarification des billets est dynamique et que les tarifs peuvent changer fréquemment, à la hausse comme à la baisse. Cependant, on ne peut pas attribuer une cause particulière à tout mouvement de prix qui peut se produire, car il y a de nombreux éléments qui entrent dans la fixation des tarifs» – tels que la concurrence, la demande et les redevances aéroportuaires – a expliqué le porte-parole d’Air Canada, Peter Fitzpatrick, dans un courriel. 

WestJet a indiqué qu’il n’avait pas augmenté ses tarifs en réponse à la flambée des prix du pétrole. Un porte-parole a souligné que la demande était le principal moteur du prix des billets. 

Pour sa part, la cheffe de la direction du voyagiste Transat A.T., Annick Guérard, a indiqué lors d’une conférence téléphonique que les réservations augmentaient et étaient sur la bonne voie pour atteindre 90% des niveaux de 2019 d’ici l’été.

Reprise de la demande pour les voyages 

Les réservations, qui se trouvent actuellement à environ la moitié de leurs niveaux prépandémiques, ont redécollé la semaine du 15 février, lorsque le gouvernement fédéral a annoncé qu’il annulerait les règles de test et d’auto-isolement et lèverait son avis contre les voyages internationaux. Elles dépassent par ailleurs les chiffres de la même période en 2019. 

Transat pourrait envisager une couverture du carburant — une stratégie par laquelle les compagnies aériennes acceptent d’acheter du pétrole à l’avenir à un prix prédéterminé — pour se protéger contre la hausse des coûts, a indiqué le directeur financier du voyagiste, Patrick Bui, lors d’une conférence téléphonique de la semaine dernière. 

Selon l’analyste Helane Becker, de la banque d’investissement Cowen, les aéroports disposent généralement d’environ deux semaines de kérosène, ce qui signifie que les compagnies aériennes commencent seulement à ressentir le pincement des prix. 

«Sans surprise, le kérosène au niveau actuel ou supérieur est un vent contraire important pour les revenus des compagnies aériennes», a-t-elle écrit dans une note de recherche. «Cela dit, il ne serait pas surprenant d’assister à une reprise de 2008, lorsqu’une hausse rapide des prix du carburant a été suivie d’une chute tout aussi rapide.» 

Les prix du pétrole ont connu un recul en milieu de semaine, après avoir atteint un pic au cours de la première semaine de mars en réponse au tumulte suscité par l’assaut de la Russie contre son voisin. Le prix de l’indice de référence West Texas Intermediate a clôturé à 109,33 $ vendredi, après avoir culminé à 130,50 $ US plus tôt dans la semaine.

Reste à voir si les tarifs aériens plus élevés qui pourraient résulter d’un approvisionnement en pétrole plus étroit seront suffisamment frappants pour dissuader les Canadiens de s’évader dans les Caraïbes, ce qui devrait se préciser dans les semaines à venir.