Il n’est d’ailleurs peut-être pas surprenant que le nombre de naissances soit depuis quelques années sur le déclin. (Photo:123RF)
Entre l’accroissement de l’inflation, des prix immobiliers et les hausses des taux d’intérêt, de nombreux Canadiens se demandent si être parent est une option financièrement viable.
Il n’est d’ailleurs peut-être pas surprenant que le nombre de naissances soit depuis quelques années sur le déclin. En 2021, dernière année pour laquelle des données sont disponibles, le taux de naissances par tranche de 1 000 habitants était de 9,6, une légère amélioration par rapport au chiffre de 9,5 l’année précédente, mais inférieure à celle des trois années précédentes. Cela pourrait être partiellement attribué à la pandémie, mais les montants reliés à l’éducation d’un enfant ne peuvent être ignorés. Mais sont-ils aussi élevés qu’on le pense?
Quelles sont les considérations financières à envisager quand on élève un enfant?
Les coûts pour élever un enfant sont principalement liés aux dépenses de frais de garde, de son éducation et de ses activités. Passons-les donc en revue de façon plus détaillée.
En 2021, le gouvernement fédéral a annoncé un programme national de garde d’enfants à 10$ par jour, que les provinces ont déjà commencé à implanter. Il faut rappeler que le Québec subventionne ce secteur depuis 1997. Les parents du Québec qui envoient un enfant dans un établissement de garde subventionné paient aujourd’hui 8,35$ par jour.
Toutefois, cette option n’est pas offerte à tous les parents en raison du manque de places, et si vous ne trouvez pas un établissement qui vous convient, ces coûts peuvent s’élever jusqu’à 2000$ par mois.
Nous en avons parlé à Jason Heath, planificateur financier agréé et directeur général à Objective Financial Partners. «Les frais de garde d’un enfant peuvent être extrêmement variables, il y a tant de choses qui interviennent dans le chiffre final, notamment s’il y a un parent qui reste à la maison ou une aide familiale, si la garde de l’enfant est à mi-temps à la maison ou à temps plein.»
Quelle que soit la situation, dit-il, les coûts de garderie et de soins des enfants sont un facteur important justifiant qu’on le budgétise.
Les millénariaux, l’éducation, les prêts étudiants et les remboursements
En 2022, même s’ils ne représentent que 27% des Canadiens âgés de 18 ans ou plus, les millénariaux représentent la moitié de tous les cas d’insolvabilité (49%), selon une enquête de Hoyes Michalos 2022 sur les faillites.
Les millénariaux ont aussi été la seule tranche d’âge à connaître une augmentation des dettes non garanties (+ 9,1 % en 2022). Un des coupables est le secteur des prêts étudiants. Le rapport note que plus d’un étudiant sur trois (35 %) est redevable d’un de ces prêts, et doit en moyenne la somme de 16 725 $, ce qui représente 30 % du total de son endettement non garanti.
Il peut être stressant de penser à payer pour l’éducation postsecondaire d’un enfant alors qu’on est soi-même en train de rembourser ses propres emprunts. Bien que payer pour l’éducation d’un enfant ne soit pas une obligation absolue pour un parent, cela est quelque chose que de nombreux parents ont établi comme priorité pour aider leurs enfants à éviter un endettement excessif.
Investir tôt dans un régime enregistré d’épargne-études (REEE) est probablement le meilleur moyen de le faire. Et la meilleure façon d’utiliser ce type de compte est de cotiser jusqu’au seuil de 2500$ que le gouvernement du Canada bonifiera de 20% (à concurrence de 500 $). Mais ce n’est pas facile. Cela équivaut à environ 200$ par mois par enfant.
N’oubliez pas le hockey, la colonie de vacances, le ski et les leçons de piano.
Évidemment, les activités extrascolaires finissent aussi par coûter beaucoup d’argent. Aussitôt que les frais de garde disparaissent de l’équation, les activités apparaissent. Les sports peuvent coûter de quelques centaines à des milliers de dollars par an.
Bien que les activités extrascolaires sont une excellente façon de rester occupé tout en développant des compétences, il n’y a pas de règle qui dicte le type et le nombre d’activités auxquelles doit participer un enfant.
En plus de ces dépenses, Jason Heath note aussi qu’il voit souvent des clients se retrouver surpris par des coûts imprévus comme des cours particuliers ou des frais de santé qui ne sont pas nécessairement couverts par une assurance médicale, par exemple pour un enfant qui a des difficultés d’apprentissage.
«C’est comme acheter une voiture ou une maison : il faut s’attendre à ce qu’il y ait des frais imprévus qui surgissent à l’improviste, alors préparez-vous à l’inattendu.»
Le gouvernement aide à la prise en charge de certains coûts de garde d’enfants
Bien que ces perspectives paraissent sombres, il y a des moyens pour amortir certains de ces coûts, comme l’allocation canadienne pour enfants (ACE), un paiement libre d’impôt administré par l’Agence du revenu du Canada pour les enfants âgés de moins de 18 ans. Le paiement se fonde sur le revenu, et à moins que le montant total de la prestation soit inférieur à 240$ (auquel cas on reçoit un forfait annuel), les paiements sont effectués tous les mois. Les familles peuvent demander l’ACE sur le site Internet du gouvernement du Canada.
Les familles peuvent aussi réclamer jusqu’à 8 000$ de frais de garde pour les enfants de moins de 7 ans ou 5000$ pour les enfants de 7 à 16 ans, ce qui réduit leur revenu imposable, donc l’impôt qu’elles doivent payer.
Les parents ne peuvent pas ignorer le coût financier que représentent les enfants
Pour ce qui est du coût réel à engager pour élever un enfant, le coût financier est certainement un facteur qui ne pourrait être ignoré. Warren Mackenzie planificateur financier et chef de la planification financière à Optimize Management, reconnaît qu’avoir des enfants peut représenter un coût important, mais ne croit pas que ce soit une raison de ne pas en avoir.
«Il est clair que si un couple décide d’avoir des enfants, il va trouver le moyen d’en couvrir les dépenses, dit-il. Il n’y a pas d’autre dépense qui ait le potentiel de créer une joie pareille et de donner à sa vie un sens et un but de la même ampleur.»
Si être parent est une priorité, il est important de planifier en conséquence et en fonction de son revenu, du coût de la vie et de ce qu’on pense que son budget permettra. On peut sans doute y arriver plus facilement que vous ne le pensez.