La présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde (Photo: Getty Images)
Francfort — La présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde a affirmé mercredi ne pas renoncer à l’idée de prêts verts pour financer des projets environnementaux, bien que cela sorte du mandat strict de l’institution.
«Des facilités de prêts verts, ce n’était pas prévu il y a un an. Je n’y renonce pas. Le Japon l’examine, la Chine l’a fait, pourquoi n’aurions-nous pas un esprit ouvert à ce sujet ?», a affirmé Mme Lagarde lors d’une conférence virtuelle sur le financement de la transition verte organisée par la Banque des règlements internationaux.
«Je sais que ce n’est pas directement dans le mandat» de la BCE, centré sur la stabilité des prix, mais «si l’on n’essaye pas, on n’a aucune chance de réussir, alors comptez sur moi», a ajouté la banquière centrale française.
À travers ces prêts verts, la BCE demanderait aux banques de consacrer une partie de leur activité de crédit à financer des activités nécessaires à la transition écologique.
Mme Lagarde a ajouté vouloir faire de ce type d’instrument, qui fait débat parmi les banquiers centraux européens, une priorité pour le verdissement de la politique monétaire dans les douze mois à venir.
La BCE a pris des engagements climatiques à l’occasion de la COP26 sur le climat, promettant notamment de proposer d’ici fin 2022 des conditions de prêts différenciées aux banques en fonction de données liées à l’environnement, mais les mesures concrètes restent vagues.
Dans sa boîte à outils monétaire, la BCE propose depuis des années de prêts géants et bon marché aux banques, les programmes «TLTRO» ciblés en termes de secteurs, mais qui ignorent l’impact environnemental des prêts.
La Banque populaire de Chine (PBoC) a quant à elle lancé en 2021 un mécanisme de prêts à faible taux d’intérêt offerts aux banques qui financent des projets d’entreprises pour réduire leurs émissions de carbone.
Christine Lagarde a par ailleurs tancé les banques en zone euro qui manquent de transparence sur leurs risques environnementaux.
«D’après ce que nous avons vu jusqu’à présent, aucune banque n’est proche de répondre aux attentes de la BCE en matière d’évaluation et de divulgation des risques sur le climat et l’environnement», a-t-elle affirmé, réitérant un message envoyé en mars par l’institution.
La moitié des banques en zone euro n’ont rien prévu pour divulguer ce type d’information et les trois quarts restent muets si ces risques ont un impact significatif pour elles, a rappelé Mme Lagarde.
«Demander aux banques de prendre ces questions au sérieux est d’une importance cruciale» dans la conduite du changement climatique, a-t-elle conclu.