Qui: Jean-Paul Chauvet, PDG
Entreprise: Lightspeed Commerce
Raison d’être: développement de logiciels de gestion de points de vente
Siège social: Montréal
Date de fondation: 2005
Nombre d’employés: plus de 3000
LE PLAN DE MATCH. Jean-Paul Chauvet n’a que faire des pessimistes. Celui qui contribue au développement de Ligthspeed Commerce depuis 2012 et qui a été nommé président en 2016 est convaincu de la pertinence de la mission de l’entreprise contre les géants du Web… Et elle a les moyens d’y arriver aujourd’hui, selon lui.
«Si on avait fait les choses en fonction de ce que les gens pensaient de nous, on aurait vendu [la start-up] il y a huit ans pour 500 millions de dollars (M $)», soutient celui qui est devenu PDG en février. Spécialisée dans les logiciels de gestion pour commerces et restaurants, l’entreprise en a fait du chemin depuis que Jean-Paul Chauvet s’est joint à la quarantaine d’employés qu’elle comptait lorsque la société de capital de risque Accel Partners y a investi 30 M $US. Pour passer à la vitesse supérieure du plan quinquennal présenté en novembre 2021, il allait de soi que ce soit lui qui orchestre l’ensemble des opérations, créant ainsi un «alignement en interne». «Dax Dasilva [le fondateur et ancien directeur général] et moi avons bâti cette stratégie ensemble. […] Les styles sont peut-être différents, mais ce changement est une évolution naturelle. C’est d’officialiser ce qui est officieux depuis le printemps dernier», ce qui facilitera aussi l’intégration des sept entreprises acquises l’an dernier, explique-t-il.
Les yeux rivés sur la croissance à long terme La reprise des activités des commerçants et des restaurateurs devrait catalyser la croissance de Lightspeed Commerce. «Si on regarde les petits joueurs, la majorité n’a pas adopté l’infonuagique. On sait qu’après la COVID-19, il y aura une explo- sion de la demande», prévoit le PDG, qui prépare son équipe en conséquence.
Lightspeed Commerce a récemment déployé partout dans le monde une solution qui intègre à ses logiciels de gestion de restaurant le terminal de paiement — deux services offerts habituellement séparément —, et elle compte déjà en lancer d’autres d’ici l’été, notamment pour le secteur hospitalier et pour la vente en ligne.
L’entreprise doit aussi présenter un nouveau système qui gérera non seulement les magasins, mais l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, en optimisant les commandes, ce qui réduira les pertes. «C’est ce qui va nous permettre de devenir une « mega cap »», anticipe-t-il.
Les bons joueurs Ce qui l’inquiète davantage, c’est de manquer de «missionnaires»pour livrer la marchandise, dans un milieu où le recrutement est difficile. D’autant que dans ce secteur, dont la main-d’oeuvre est essentiellement masculine, il souhaite embaucher autant d’hommes que de femmes. Et ils ont déjà 300 postes à pourvoir.
«On peut très bien projeter que nos 3000 employés seront 10 000 dans trois ou quatre ans. Je dois m’assurer que tous trouvent leur place chez Lightspeed, que les gens se joignent à nous pour les bonnes raisons, et pas que pour l’argent […] qu’ils vivent pour cette mission des petits contre les gros», soutient Jean-Paul Chauvet. La récente déconfiture du titre, elle, ne le fait pas broncher. Le PDG rappelle que la croissance interne, au dernier trimestre, a été de 74 %, que l’entreprise dispose de plus de 1 milliard de dollars dans ses coffres, et qu’elle n’a aucun besoin de capitaux à court terme.
«Certes, on a perdu 70% de notre valeur en six mois, mais on n’est pas 70% plus débiles et on se trouve dans une meilleure posture. Reste juste que quelqu’un s’en rende compte», glisse-t-il à la fin de l’entretien.