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Bombardier évitera de faire affaire avec des Russes sanctionnés

La Presse Canadienne|Publié le 24 février 2022

Bombardier évitera de faire affaire avec des Russes sanctionnés

Éric Martel a précisé qu’environ 5% ou 6% des revenus annuels de 6 G$US de Bombardier provenaient de clients en Russie. (Photo: La Presse Canadienne)

Le patron de Bombardier a assuré jeudi qu’il éviterait de faire affaire avec des individus, des entreprises et des institutions russes sanctionnés, alors que Moscou a lancé jeudi des frappes militaires contre des villes et des bases en Ukraine.

«C’est une situation très, très triste en ce moment», a affirmé le président et chef de la direction Éric Martel aux journalistes, lors d’une vidéoconférence depuis un hangar de Bombardier à Montréal.

«Nous ne ferons pas affaire avec des individus ou des entités sanctionnés.»

Cette décision n’a aucun impact sur la chaîne d’approvisionnement de Bombardier, et la société n’a aucune activité en Russie ou dans les huit autres membres voisins de la Communauté des États indépendants (CEI), a précisé Éric Martel.

«Nous pourrions devoir résilier certains de ces accords si jamais des sanctions visaient certains de nos clients», a-t-il dit, ajoutant qu’aucun d’entre eux n’avait été pénalisé jusqu’à présent, à sa connaissance.

Mardi, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé ce qu’il a décrit comme une première série de sanctions contre la Russie. Celles-ci comprennent l’interdiction de toute transaction financière avec les régions de Louhansk et de Donetsk, dans les zones industrielles de l’est de l’Ukraine, et avec les politiciens russes qui ont soutenu une motion appelant ces régions à être reconnues comme indépendantes.

Le Canada applique également des sanctions à deux banques russes et interdit l’achat de dette souveraine russe, imitant ainsi Washington, Londres et d’autres alliés dans une tentative d’étrangler les moyens financiers de la Russie pour financer tout effort de guerre.

Éric Martel a précisé qu’environ 5% ou 6% des revenus annuels de 6 milliards $ US de Bombardier provenaient de clients en Russie ou dans la CEI, soit à peu près la même part que celle du Canada.

Par ailleurs, Bombardier cherche à augmenter ses dépenses en immobilisations pour augmenter la production à mesure que la demande augmente et que son plus grand rival cherche à accélérer ses livraisons.

Avant une journée des investisseurs jeudi, le constructeur d’avions d’affaires a indiqué qu’il établirait une «enveloppe d’allocation des capitaux récurrente et croissante pouvant atteindre 600 millions de dollars US (M$US) annuellement» consacrée à des projets stratégiques ou à la réduction de la dette.

Cet engagement fait suite à une prévision antérieure de 200 M$US par année en dépenses d’investissement.

Cette annonce survient également alors que Bombardier continue de rembourser des centaines de millions de dollars de dettes, tout en essayant de suivre la cadence de son concurrent Gulfstream Aerospace, qui vise à augmenter les livraisons de 38% à 170 avions-privés entre 2022 et 2024.

«Nous n’avons fait aucune déclaration comme quoi nous avons un programme pour dépenser ces dollars, ou qu’ils iront à autre chose que le remboursement de la dette», a souligné le directeur financier, Bart Demosky. Mais le montant de plus d’un demi-milliard de dollars offre une « flexibilité » pour le diriger vers des «investissements stratégiques» dans la flotte ou ailleurs, a-t-il ajouté.

L’entreprise montréalaise a devancé son concurrent américain avec 120 livraisons d’avions d’affaires l’an dernier, contre 119 pour Gulfstream, bien que ce dernier ait engrangé 680 M$US de plus en revenus, selon la General Aviation Manufacturers Association.

Éric Martel a réitéré les prévisions de Bombardier visant des revenus annuels de 7,5 G$US d’ici 2025 et 135 livraisons d’avions d’affaires l’an prochain.

«Le concurrent dans notre secteur aimerait s’emparer de notre part de marché, et nous n’allons pas laisser cela se produire», a-t-il affirmé.