Adopté en août 2022 en pleine pandémie, l’IRA renforce les exigences de contenu local dans plusieurs secteurs, dont la production d’énergie verte, limitant ainsi le potentiel d’exportation de composants et d’équipements de nos entreprises aux États-Unis. (Photo: Boralex)
Boralex (BLX, 32,22$) a le vent dans les voiles. Électrisé par des marchés internationaux qui ont faim d’énergie verte, le fleuron québécois souhaite avoir doublé sa puissance installée d’ici 2025 et à doubler celle-ci une seconde fois avant 2030. Alors que l’entreprise fait son entrée cette année dans le stockage de grand volume par batteries, la direction est convaincue de pouvoir livrer la marchandise. Voici comment elle compte y arriver.
À la troisième année de son plan stratégique 2021-2025, Boralex s’efforce de saisir toutes les occasions offertes par la transition énergétique en vue d’atteindre les objectifs qu’elle s’était fixés.
«On sent qu’on est en bonne position et qu’on sera capables de garder le cap malgré les aléas économiques qu’il pourrait y avoir d’ici là», dit Isabelle Fontaine, vice-présidente principale aux affaires publiques et aux communications de l’entreprise.
La stratégie comporte quatre piliers: croissance, diversification, clientèle et optimisation.
Sur le plan de la croissance, le producteur d’énergie propre avance à bon rythme. De 2,2 gigawatts de puissance installée en 2020, Boralex vise à dépasser le seuil des 4,4 gigawatts en 2025. À l’heure actuelle, l’entreprise vient tout juste de dépasser la barre des 3 gigawatts.
«D’ici un an, un an et demi, ça va être ça notre priorité : de continuer d’avancer pour atteindre cet objectif», dit la vice-présidente, qui fait également partie du comité de direction. Pour combler le 1,4 gigawatt de puissance qu’il lui manque pour atteindre sa cible en 2025, l’entreprise comptera sur la construction de projets, mais aussi sur des acquisitions stratégiques.
La proportion de la nouvelle capacité de production qui viendra d’acquisitions et de nouveaux projets n’est pas encore définie, mais Boralex avance sur les deux tableaux.
Son projet éolien de 200 mégawatts nommé Apuiat, à Port-Cartier, va bon train, alors que son projet d’ajout de 1200 mégawatts éoliens dans la seigneurie de Beaupré, en partenariat avec Énergir et Hydro-Québec, continue de progresser. Idem pour le projet éolien Limekiln, de 110 mégawatts, au Royaume-Uni.
Quant aux acquisitions, l’entreprise étudie un certain nombre de dossiers. Isabelle Fontaine ne veut pas en dévoiler les détails pour l’instant, mais ses critères de sélection incluent la diversification géographique et territoriale. C’est d’ailleurs le second pilier de son plan stratégique.
Isabelle Fontaine, vice-présidente principale aux affaires publiques et aux communications de Boralex (Photo: courtoisie)
Ambition diversification
D’ici 2025, Boralex vise à accroître sa présence dans le secteur de l’énergie solaire et développer ses capacités de stockage. Elle lorgne aussi de nouvelles régions.
«Nous n’avons pas de site en opération au Royaume-Uni, par exemple, mais nous voulons y faire un développement important. Nous avons aussi acquis cinq parcs éoliens au Texas et au Nouveau-Mexique. C’est le genre d’acquisition qu’on regarde», explique Isabelle Fontaine.
Actuellement, le Canada représente 48% de la puissance installée de l’entreprise, et le Québec, 43%. À terme, cependant, les efforts de diversification territoriale de l’entreprise feront en sorte qu’elle sera beaucoup plus présente aux États-Unis, entre autres.
«C’est un marché important. Ce l’était déjà en 2020, mais avec l’Inflation Reduction Act (loi entrée en vigueur en 2022), l’intérêt est encore plus grand. On s’intéresse beaucoup aux projets d’énergie solaire, notamment», dit Isabelle Fontaine. À New York, par exemple, l’entreprise développe actuellement 12 projets solaires de 20 à 250 mégawatts, pour un total de plus de 1 gigawatt. Plus largement, Boralex vise entre 4,5 et 5,4 gigawatts de puissance installée aux États-Unis d’ici 2030, de sorte qu’elle estime que ce pays représentera 45% de sa puissance installée à l’aube de la prochaine décennie.
Boralex s’affaire également à diversifier ses activités en France, où elle est la première productrice d’énergie éolienne terrestre indépendante, en multipliant sa capacité de production d’énergie solaire.
«Pour ce qui est du Royaume-Uni, à l’horizon de 2030, on vise à avoir 1 gigawatt de puissance installée, donc il va sans dire que ce territoire représente une mine d’occasions très intéressante pour nous», dit Isabelle Fontaine.
L’entreprise envisage d’y développer autant des projets d’énergie solaire que d’énergie éolienne et de stockage, mais n’a pas encore déterminé dans quelles proportions. Plus largement, toutefois, d’ici 2030, l’énergie solaire et l’énergie éolienne devraient représenter chacune 45% de la capacité totale de production de l’entreprise, alors que le reste proviendra du stockage.
Premier pas dans le stockage
Avec l’appel d’offres ontarien qu’elle a remporté pour la construction de deux installations de stockage par batteries, une annonce faite en mai dernier, Boralex estime faire véritablement ses premiers pas dans le marché du stockage.
«C’est un jalon très important pour nous, dit la vice-présidente. Nous avons déjà des installations de stockage de petite taille, en France, mais cet appel d’offres, c’est vraiment notre entrée dans le stockage de grand volume.»
Totalisant une capacité de 380 mégawatts, ce projet lui permettra de se diversifier davantage et devrait entrer en service en 2025. Où en est-il à l’heure actuelle?
Beaucoup reste à faire: les détails du contrat doivent être finalisés, les autorisations environnementales doivent être obtenues et la construction doit être réalisée. Mais malgré l’ampleur de la tâche et la nouveauté de ce type de projet pour elle, l’entreprise dit ne pas anticiper de réel défi, que ce soit sur le plan de la technologie ou des autorisations à obtenir.
«On est absolument confiants en notre capacité technique de livrer ce projet-là, d’autant plus que nous aurons des fournisseurs pour nous appuyer là-dedans, dit Isabelle Fontaine. Nous avons de l’expérience à gagner, mais nous y voyons davantage une occasion qu’un défi.»
Boralex compte d’ailleurs bâtir sur cette expérience puisqu’elle visera par la suite à déployer cette nouvelle expertise dans d’autres projets de stockage, que ce soit au Québec, aux États-Unis ou en Europe.
Optimiser et multiplier les clients
Les deux derniers piliers du plan stratégique de Boralex sont ceux de la clientèle et de l’optimisation.
Sur le plan de la clientèle, l’entreprise vise à développer celle-ci afin d’approvisionner directement des industries consommatrices d’électricité qui souhaitent réduire leur empreinte carbone. Elle commence par exemple à construire des installations pour le compte de clients privés.
«C’est quelque chose qu’on fait de plus en plus pour diversifier notre base de clientèle. Il y a un grand marché pour ça aux États-Unis, mais au Québec, il faudra voir si ça deviendra possible avec la réforme en cours.»
En effet, le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a mené cet été la Consultation sur l’encadrement et le développement des énergies propres au Québec. Celle-ci visait à recueillir le point de vue de la population et des experts sur la question des actions à considérer pour la modernisation du cadre légal et réglementaire régissant le secteur de l’énergie.
Avec le dépôt d’un projet de loi attendu cet automne à ce sujet, une modernisation de la Loi sur Hydro-Québec et de la Loi sur la Régie de l’énergie pourrait être à venir. Cela pourrait changer les règles encadrant la vente directe d’énergie à des entreprises par des producteurs indépendants. Pour l’instant, Hydro-Québec détient le monopole sur son réseau pour la vente d’électricité aux consommateurs, entreprises comme particuliers.
Quant à la question de l’optimisation, Boralex veut optimiser ses actifs et promouvoir sa culture de performance durable de l’organisation.
«On ne fait pas que développer les projets. On les construit et on les opère jusqu’à la fin de leur vie utile. Alors il y a beaucoup de valeur à créer, à mieux opérer et à maintenir nos sites», explique Isabelle Fontaine. L’entreprise a donc lancé une série d’initiatives liées à cette question au cours des dernières années, dont l’internalisation d’un certain nombre d’opérations de maintenance.
«Ce sont nos employés qui font la maintenance plutôt que des sous-traitants, dit la vice-présidente. Cela nous permet de tirer profit de notre expérience d’un site à l’autre et d’un territoire à l’autre.»
Cela dit, malgré tous ces projets, le titre de l’entreprise est passé sous la barre des 30$ cet été, glissant d’un sommet d’environ 55$ en janvier 2021. À quel point est-ce une inquiétude pour la direction de Boralex?
«On a confiance en notre capacité d’atteindre nos objectifs», dit Isabelle Fontaine, qui estime que les marchés y croient également: le titre était en forte appréciation après l’annonce de ses résultats du deuxième trimestre, à la mi-août.
«Plus largement, les pays, les entreprises et le monde financier se sont engagés dans la transition énergétique. La tendance ne va pas s’arrêter. Il y a beaucoup d’occasions, mais il faut miser sur nos forces. Pour notre part, nous restons focalisés sur nos objectifs et notre plan stratégique.»
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