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Budget provincial: les groupes environnementaux se prononcent

La Presse Canadienne|Publié le 22 mars 2022

Budget provincial: les groupes environnementaux se prononcent

La Fondation David Suzuki espère que le budget sera «très ambitieux» en ce qui concerne le climat et l’énergie, les transports en commun, l’adaptation aux changements climatiques et la santé de nos écosystèmes. (Photo: La Presse Canadienne)

Le transport actif et le transport collectif, les initiatives de résilience au changement climatique, les circuits courts alimentaires et de façon plus générale «le bien-être des Québécois» sont au cœur des demandes des groupes environnementaux en prévision du budget du gouvernement provincial qui sera dévoilé mardi. 

La Fondation David Suzuki espère que le budget sera «très ambitieux» en ce qui concerne le climat et l’énergie, les transports en commun, l’adaptation aux changements climatiques et la santé de nos écosystèmes.

«Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIECC) nous indique que notre société s’adapte très mal aux risques actuels des changements climatiques, à l’insécurité alimentaire et à l’insécurité énergétique qui augmentent», souligne la directrice générale pour le Québec et l’Atlantique, Sabaa Khan, en ajoutant que les intentions du gouvernement «doivent être alignées sur les connaissances scientifiques».

Sabaa Khan espère que le transport en commun, dont les recettes ont beaucoup diminué pendant la pandémie, «reçoive de grandes sommes», car il «faut fournir une alternative à l’auto solo qui est vraiment le problème au Québec».

Le transport est responsable d’environ 40% des émissions de GES du Québec.

 

Financer les infrastructures naturelles

La Fondation David Suzuki demande au gouvernement de consacrer au minimum 1% du budget d’infrastructure du Québec au développement d’infrastructures naturelles qui sont «très importantes en adaptation climatique et qui augmentent la résilience au changement climatique».

Sabaa Khan donne l’exemple des arbres, des jardins et des toits verts en milieu urbain, qui permettent de combattre les îlots de chaleur, mais aussi de séquestrer et stocker du carbone et ainsi réduire la pollution.

Elle souligne également que le rôle des infrastructures naturelles comme les forêts et les milieux humides dans la prévention des inondations est largement documenté.

L’inflation ne doit pas être un prétexte

Pour Marc-André Viau, directeur des relations gouvernementales d’Équiterre, l’inflation ne doit pas être un prétexte pour diminuer les efforts dans la lutte au changement climatique.

«On est conscient que les gens ont besoin d’air financièrement et il y a moyen de leur en donner tout en luttant contre la crise climatique.»

Par exemple, Équiterre avance qu’en aidant davantage les citoyens à utiliser le transport actif, le gouvernement permettrait de lutter contre la pollution, tout en réduisant la facture des ménages pour le transport.

«On peut investir dans le transport actif pour les cyclistes et les piétons, le gouvernement a prévu 6 millions de dollars dans son plan pour une économie verte, mais on peut facilement bonifier ce financement-là», souligne Marc-André Viau.

Comme à chaque présentation de budget, le transport collectif fait partie des demandes prioritaires des groupes environnementalistes, «mais il faut également augmenter le transport collectif en région, et pas seulement en milieu urbain», précise le directeur des relations gouvernementales d’Équiterre.

 

Véhicules électriques

Équiterre voudrait que les programmes incitatifs à l’achat de véhicules électriques soient financés par les propriétaires de véhicules énergivores et polluants.

«On pourrait également moduler les incitatifs pour qu’ils tiennent davantage compte du revenu des gens», indique Marc-André Viau.

Alors que le gouvernement a laissé savoir qu’il n’avait pas l’intention de subventionner l’achat de vélo à assistance électrique, Équiterre aimerait que Québec «réévalue sa position» sur le sujet.

«On croit que “le vélo électrique est une façon de délaisser l’automobile” et donc de réduire les gaz à effet de serre, affirme le directeur des relations gouvernementales d’Équiterre.

 

Transport collectif et réseau routier

L’alliance TRANSIT, qui est composée d’une soixantaine d’organisations, dont Équiterre et la Fondation David Suzuki, demande au gouvernement “d’équilibrer à 50/50 les investissements entre le transport collectif et le réseau routier”.

L’alliance fait valoir qu’actuellement au Québec, le ratio des investissements est toujours largement à l’avantage du réseau routier, alors qu’il s’agit pratiquement de l’inverse en Ontario.

TRANSIT demande que Québec adopte un moratoire sur le développement autoroutier à des fins de navettage au profit de la réfection des routes et des transports collectifs.

“Alors que les gouvernements s’apprêtent à investir des sommes records en transport collectif, il est important que les porteurs de projets fassent preuve de rigueur et de transparence afin d’assurer que les choix qui seront faits répondent à des besoins démontrés et maximisent l’utilisation des transports collectifs”, peut-on lire dans un communiqué publié par l’alliance.

 

L’environnement au cœur des demandes du G15+

Le collectif G15+ somme pour sa part le gouvernement “de placer le bien-être” des Québécois au cœur du budget provincial.

Le G15+ est formé d’une vaste coalition d’organisations, qui n’ont pas toujours les mêmes priorités, comme la Fondation David Suzuki, le Conseil du patronat du Québec, l’Ordre des urbanistes du Québec, la Fédération des chambres de commerce du Québec ou encore la Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre.

Ces organisations demandent à Québec de renforcer l’utilisation des critères sociaux et environnementaux et de les rendre obligatoires dans l’attribution des contrats publics.

Le G15+ voudrait voir le gouvernement mettre en place “des cibles précises et croissantes en matière d’approvisionnement responsable”, dans une logique de circuits courts. Les circuits courts de proximité visent entre autres à réduire la distance entre le consommateur et le producteur. Ils permettent donc souvent de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport.

Ainsi, le collectif souhaite que le gouvernement accompagne les municipalités et les sociétés de développement commercial (SDC) dans la promotion des entreprises de proximité et dans les initiatives de réduction des émissions de gaz à effet de serre liées au transport de marchandises.

Selon G15+, Québec devrait soutenir les initiatives économiques qui “privilégient des véhicules plus sécuritaires et adaptés aux milieux”. G15+ souligne que la jeune entreprise de livraison montréalaise Courant Plus est un exemple de réussite en la matière. Celle-ci utilise des vélos cargos à assistance électrique, des voitures électriques et des camions électriques. 

Dans la même logique, les systèmes alimentaires de proximité comme les marchés publics et de quartier et les projets qui permettent aux agriculteurs de vendre directement aux consommateurs doivent être valorisés par le gouvernement, selon le collectif.

 

Pratiques agricoles résilientes

G15+ recommande au gouvernement de soutenir financièrement les pratiques agricoles résilientes aux changements climatiques. Ce type d’agriculture implique généralement un type de pratique qui évite le gaspillage des ressources en eau, qui permet de diversifier les espèces et les variétés cultivées contrairement à la monoculture, qui favorise la bonne santé des sols et qui respecte la biodiversité.

Augmenter les achats d’aliments québécois par les écoles, les hôpitaux et les ministères et organismes fait également partie des recommandations du groupe G15+ et de la plupart des groupes environnementaux.