Budget Québec: aucune mesure pour relancer les mises en chantier
Charles Poulin|Mis à jour le 13 juin 2024
(Photo: 123RF)
BUDGET QUÉBEC. Le budget présenté par le ministre des Finances Eric Girard ne comporte aucune mesure pour relancer les mises en chantier dans le secteur de la construction résidentielle.
Malgré le fait que la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) estime qu’il faut construire environ 150 000 logements par année d’ici 2030 au Québec pour rétablir l’abordabilité du marché immobilier résidentiel, le gouvernement a plutôt choisi de miser sur de l’aide directe aux ménages plus vulnérables.
Le budget ne contient aucune mesure pour soutenir les promoteurs à démarrer des projets qui ne sont pas financièrement viables actuellement ni de réductions de mesures réglementaires qui permettraient de raccourcir les délais de construction.
«Il s’agit d’un rendez-vous important manqué par le gouvernement du Québec pour relancer les mises en chantier, tranche le directeur du service économique de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), Paul Cardinal. Nous avons scruté le budget et n’avons rien trouvé pour accélérer la cadence de la construction résidentielle au Québec. Nos attentes ne sont pas comblées.»
Vice caché
Le porte-parole de Québec Solidaire en matière de finances, Haroun Bouazzi, compare le budget à un «vice caché» face à la pénurie de logements au Québec.
«Ce budget ne passe pas l’inspection, laisse-t-il tomber. Rien ne stimule la construction neuve. Ça a pris six ans à faire admettre au gouvernement qu’il y a une crise du logement, on espère que ça n’en prendra pas six autres avant qu’il ne passe à l’action.»
Il remarque au passage le montant de 1,5 million de dollars (M$) en 2024-2025 pour accroître le nombre de logements étudiants et entretenir le parc immobilier est «moins cher qu’une partie des Kings de Los Angeles, mesdames et messieurs.»
Besoins titanesques
Il rappelle que les besoins sont «titanesques» au Québec, mais que la cadence ne suit pas.
Les prévisions du gouvernement, qui sont identiques à celles de l’APCHQ, sont de 44 000 mises en chantier pour 2024 et de 50 000 pour 2025, ce qui rajouterait au retard déjà accumulé de plus de 200 000 logements sur deux ans.
L’APCHQ, tout comme l’Institut de développement urbain (IDU) du Québec, demandait notamment une abolition de la TVQ sur les constructions neuves, ou à tout le moins une augmentation du seuil de prix maximal des propriétés éligibles à un remboursement.
La stratégie du gouvernement pour relancer les mises en chantier semble plutôt être d’attendre que le taux directeur de la Banque du Canada commence à descendre, entraînant dans son sillage les taux d’intérêt.
«L’abolition de la TVQ est une mesure inefficace, a de nouveau lancé le ministre Eric Girard. Lorsque les taux d’intérêt vont amorcer leur baisse, ça va en faire plus pour les mises en chantier que cette mesure.»
Il pointe toutefois du côté de la mise à jour économique de novembre dernier, lorsque les gouvernements du Québec et du Canada avaient annoncé une somme de 1,8 milliard de dollars (G$) pour construire un total de 8000 logements (dont 500 pour les personnes en situation d’itinérance) sur cinq ans, tout comme les annonces des budgets précédents qui totalisent 23 000 unités à être livrées.
Aide directe
«Nous avons plutôt décidé de faire de l’aide directe», soumet le ministre.
Il mentionne au passage l’investissement total de 483M$ pour favoriser l’accès au logement prévu au budget 2024. Le montant inclut notamment 200,8M$ pour poursuivre le programme Allocation-logement, 219,4M$ pour maintenir le parc de logements sociaux ainsi que 62,3M$ pour adapter et favoriser le marché de l’habitation (adaptation de résidences, accession à la propriété au Nunavik et répondre aux besoins urgents des gens sans logis au 1er juillet).
Le ministre Eric Girard affirme également que le gouvernement prévoit des investissements de 126M$ pour la poursuite de son programme de formation accélérée dans le domaine de la construction ainsi que pour accroître la productivité dans l’industrie, des mesures bien accueillies par l’APCHQ.
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