Cascades créerait plus de valeur en vendant le Groupe Tissu
La Presse Canadienne|Publié le 23 septembre 2021En séparant les deux divisions, l’entreprise pourraient valoir plus du double, entre 30$ et 40$ par action au total. (Photo: La Presse Canadienne)
Maintenant qu’elle se prépare à quitter l’Europe, Cascades devrait envisager de se séparer de ses activités dans le papier tissu (papier de toilette) pour se concentrer sur l’emballage (carton-caisse), croit Mark Wilde, de BMO Marchés des capitaux.
«Cascades n’a pas les capitaux nécessaires pour redresser l’industrie du papier tissu et faire croître ses activités dans le carton-caisse, qui procurent un rendement plus élevé», commente l’analyste dans une note diffusée jeudi.
En les séparant, les deux divisions de l’entreprise pourraient valoir plus du double, entre 30$ et 40$ par action au total, estime l’analyste financier. À titre de comparaison, l’action de l’entreprise de Kingsey Falls a terminé la séance de mercredi à 15,41$. «L’union des deux activités a peu d’intérêt pour les investisseurs», dit l’analyste.
Ce ne serait pas la première entreprise à séparer les deux secteurs d’activités. Le groupe international suédois SCA a essaimé ses activités dans le papier tissu au sein d’une autre entreprise en 2017.
Il y a trop de concurrents dans l’industrie du papier tissu, croit M. Wilde. En conséquence, les marges, qui se situent entre 1,3% et 11,5%, ont été décevantes depuis 2014, selon lui.
BMO Marchés des capitaux prévoit un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 50 millions $ en 2021 et de 80 millions $ en 2022. En comparaison, le BAIIA était d’entre 130 millions $ et 140 millions $ dans ce segment en 2012-2013. «La fermeture de capacité excédentaire et l’acquisition de nouvelle capacité de production n’auront pas donné les résultats escomptés pour les investisseurs.»
La situation est tout autre pour le secteur du carton-caisse qui est bien capitalisé, poursuit M. Wilde. Le démarrage de l’usine convertie de Bear Island, en Virginie, prévu pour 2022 pourrait amener le BAIIA à un seuil supérieur à 600 millions $ comparativement à sa prévision de 485 millions $ pour 2022, croit l’analyste.
Un recentrage déjà en cours
Chez Cascades, on a pour politique de ne pas commenter les notes d’analystes, souligne son porte-parole Hugo D’Amours. Il a tenu à rappeler que la direction accorde une grande importance à la création de valeur pour les actionnaires. Cascades a procédé à un recentrage de ses activités dans les dernières années en délaissant le carton plat et le papier de bureau, par exemple, pour se concentrer sur le segment de l’emballage (carton-caisse) et du papier tissu.
Exemple plus récent de ce recentrage, la société a annoncé en juillet dernier qu’elle vendait ses activités européennes pour un montant de 461 millions $ (315,3 millions d’euros). Le prix représentait une prime de 24%. «On a obtenu la valeur qu’on voulait et on veut maintenant monétiser les activités européennes pour réinvestir dans nos deux créneaux: l’emballage et le papier tissu», commentait alors Mario Plourde, président et chef de la direction de Cascades, en entrevue avec La Presse Canadienne.
Une question de prix
L’idée de vendre les activités de papiers tissu pourrait être bien accueillie par les marchés à condition d’obtenir un bon prix, concède Philippe Hynes, président de Tonus Capital. «Ça permettrait de réduire encore plus la dette, explique le gestionnaire de portefeuille montréalais en entrevue. L’histoire serait beaucoup plus concentrée sur les activités en croissance dans le carton-caisse.»
M. Hynes est toutefois sceptique quant à l’idée d’essaimer une partie du Groupe Tissu en Bourse, mais que Cascades demeure actionnaire de la nouvelle entité. «Je ne pense pas que Groupe Tissu aurait une évaluation très élevée en raison des réalités de l’industrie. Ça serait une petite entreprise dans une industrie peu convoitée par les investisseurs.»
Même si le carton-caisse est en plus forte croissance, le Groupe Tissu a tout de même ses atouts, nuance le gestionnaire de portefeuille. Il note que l’industrie de l’emballage est plus volatile. La fabrication de papier de toilette n’est pas une mauvaise industrie et reste un produit essentiel, ajoute-t-il. « Ça réduit leur risque et ça leur donne plus de stabilité à long terme. Ce n’est pas une mauvaise business».