Catherine Tait a été convoquée à deux reprises devant le comité du patrimoine de la Chambre des communes au cours de la dernière année. (Photo: Patrick Doyle La Presse Canadienne)
Ottawa — La Société Radio-Canada a versé 18,4 millions de dollars (M$) en primes, cette année, après que des centaines d’emplois au sein du radiodiffuseur public ont été supprimés.
Des documents obtenus grâce aux lois sur l’accès à l’information montrent que CBC/Radio-Canada a versé des primes à 1194 employés pour l’exercice 2023-2024.
Plus de 3,3M$ de cette somme ont été versés à 45 cadres. Cela signifie que ces cadres ont reçu une prime moyenne de plus de 73 000$, ce qui est supérieur au revenu familial médian après impôts en 2022, selon Statistique Canada.
Plus de 10,4M$ ont été versés à 631 gestionnaires et plus de 4,6M$ ont été versés à 518 autres employés.
Le montant de cette année représente une augmentation par rapport aux 14,9M$ versés à 1143 employés au cours de l’exercice 2022-2023.
Au final, 141 employés ont été licenciés et 205 postes vacants ont été éliminés à CBC/Radio-Canada.
Le conseil d’administration a approuvé les primes de cette année en juin, mais refusait de divulguer le montant versé.
Les députés réclament ce montant depuis décembre dernier, lorsque CBC a annoncé qu’elle licencierait des employés pour aider à équilibrer son budget.
Rémunération au rendement
Le radiodiffuseur public a déclaré que l’argent est une rémunération au rendement et qu’il est comptabilisé pour la rémunération totale de certains employés, comme le stipulent les contrats qui promettent des paiements lorsque certains objectifs de l’entreprise sont atteints.
Les ministères, les sociétés d’État et la plupart des entreprises privées utilisent la rémunération au rendement, également appelée «rémunération à risque», comme une partie de la rémunération des employés non syndiqués pour aider à garantir l’atteinte d’objectifs précis, a spécifié un porte-parole de CBC dans un communiqué, lundi.
«Bien que le terme “primes” ait été utilisé pour décrire la rémunération au rendement, il s’agit en fait d’une obligation contractuelle envers les employés admissibles», a précisé le porte-parole Leon Mar.
En mai, la PDG Catherine Tait avait fait savoir qu’elle était «très frustrée» que les députés désignent ces versements comme des «primes».
Néanmoins, le conseil d’administration du radiodiffuseur a publiquement reconnu l’aspect négatif de l’octroi de primes au cours du même exercice financier que celui où il a procédé à des coupes, et a depuis lancé un examen de son régime de rémunération pour les années à venir.
Mme Tait a été convoquée à deux reprises devant le comité du patrimoine de la Chambre des communes au cours de la dernière année pour répondre des coupes à CBC/Radio-Canada, et a été interrogée par des députés pour savoir si elle accepterait une prime pour l’exercice financier qui s’est terminé le 31 mars.
On ne sait toujours pas si Mme Tait fait partie de ceux qui ont reçu une prime.
Il appartient au gouvernement libéral, et non au conseil d’administration, d’approuver toute prime pour la PDG, contrairement aux autres employés de CBC. Patrimoine canadien n’a pas immédiatement répondu aux questions à ce sujet lundi.
Primes «franchement écœurantes»
Les conservateurs ont déclaré que ces primes étaient «plus qu’insultantes et franchement écœurantes», ajoutant qu’elles surviennent à un moment où de nombreux Canadiens meurent de faim et sont confrontés à l’itinérance.
«C’est le comble de la suffisance de voir que la CBC s’est octroyé 18M$ en primes avec les 1,4G$ par an qu’elle reçoit des contribuables pour servir de porte-parole du Parti libéral», a dénoncé dans un communiqué la députée conservatrice et porte-parole de l’opposition en matière de patrimoine, Rachael Thomas.
Mme Thomas a affirmé que la CBC «ne vaut pas le prix», tout en répétant la promesse conservatrice de retirer le financement du radiodiffuseur public et en s’engageant à «transformer le siège social de la CBC en de belles maisons pour les familles canadiennes».
L’indépendance éditoriale de la CBC par rapport au gouvernement est inscrite dans la loi.
Les députés du comité du patrimoine ont conclu à l’unanimité, dans un rapport présenté à la Chambre plus tôt cette année, qu’étant donné les suppressions d’emplois, il serait inapproprié pour la CBC d’accorder des primes aux membres de la direction.
Le radiodiffuseur public a déclaré que sa situation financière s’améliorait en raison des récents licenciements, des réductions des coûts opérationnels et d’une injection supplémentaire de 42M$ du budget fédéral de cette année.
Mme Tait a déclaré au comité du patrimoine en mai que le déficit estimé de 125M$ pour 2024-25 s’était réduit à 20M$.
Mickey Djuric