CBC/Radio-Canada: le CA approuve les primes pour 2023-2024
La Presse Canadienne|Publié le 15 juillet 2024La présidente et cheffe de la direction de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait (Photo: Patrick Doyle La Presse Canadienne)
Ottawa — Le conseil d’administration de CBC et de Radio-Canada a approuvé l’octroi de primes pour certains employés bien que les députés ont déclaré qu’il serait inapproprié de le faire après la suppression de centaines d’emplois.
La décision a été publiée discrètement sur le site internet du radiodiffuseur public le mois dernier, à la suite d’une réunion du conseil d’administration.
Un porte-parole de CBC n’a pas divulgué le montant d’argent distribué aux 1194 employés éligibles au cours de l’exercice 2023-2024, affirmant qu’il s’agit d’informations internes.
Le radiodiffuseur public a insisté sur le fait que l’argent constitue une rémunération au rendement et fait partie de la rémunération totale globale de certains employés en vertu des contrats existants, qui doit être versée lorsque certains objectifs de l’entreprise sont atteints.
Néanmoins, son conseil d’administration a reconnu l’opportunité d’accorder des primes pour le même exercice financier qui a vu 141 employés licenciés et 205 postes vacants supprimés.
«Le conseil d’administration et l’équipe de haute direction reconnaissent les opinions exprimées par certains selon lesquelles la rémunération au rendement ne devrait pas être accordée à CBC/Radio-Canada en période de pressions financières et de réductions d’effectifs associées», a consenti le conseil d’administration dans une lettre datée du 25 juin.
En conséquence, le conseil d’administration a annoncé qu’il lancerait une révision de son régime de rémunération, y compris la rémunération au rendement, pour les années à venir.
«Cet examen sera mené par un cabinet de conseil en ressources humaines tiers, et les recommandations adressées au conseil d’administration seront partagées avec le public», a indiqué le conseil.
Primes jugées inappropriées
À la suite de l’annonce de licenciements au sein du radiodiffuseur public, la présidente et cheffe de la direction, Catherine Tait, avait été interrogée lors de deux audiences de commission parlementaire pour savoir si les primes seraient versées pour l’exercice se terminant le 31 mars.
CBC a annoncé en décembre qu’elle s’apprêtait à supprimer 600 emplois, à éliminer 200 postes vacants et à réduire de 40 millions de dollars (M$) ses coûts de production pour faire face à un déficit de 125M$ prévu à ce moment-là.
Mme Tait a été convoquée devant le Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes pour répondre aux questions sur la réduction des dépenses, et on lui a demandé si elle accepterait une prime pour l’exercice se terminant le 31 mars.
On ne sait pas si Mme Tait a finalement accepté une prime.
Les députés membres du comité ont conclu dans un rapport à la Chambre qu’étant donné les suppressions d’emplois, il serait inapproprié que Radio-Canada accorde des primes aux membres de l’exécutif.
Le radiodiffuseur public a dit que sa situation financière s’améliore en raison des récents licenciements, des réductions des coûts opérationnels et d’une injection supplémentaire de 42 millions $ dans le budget fédéral de cette année.
Mme Tait a déclaré au comité du patrimoine en mai que le déficit estimé à 125 millions $ pour 2024-2025 était tombé à 20 millions $.
La porte-parole conservatrice Rachael Thomas a déclaré que Mme Tait «continue de trouver des moyens d’accorder d’importantes primes financées par les contribuables au personnel, aux cadres et à elle-même», pour ce qu’elle appelle un «bras de propagande fiable du Parti libéral».
Elle a ajouté lundi dans un communiqué que Mme Tait avait «accordé des millions en primes aux dirigeants alors qu’ils procédaient à des coupes dans la radio et à la télévision et supprimaient des emplois dans un contexte de baisse d’audience et d’inutilité croissante pour le public canadien».
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CBC a publié des informations sur les primes des années précédentes en vertu de la loi sur l’accès à l’information, notamment en 2022-2023, lorsque 14,9M$ ont été versés aux employés admissibles.