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Ce que les couples devraient savoir sur les comptes conjoints

La Presse Canadienne|Publié le 12 septembre 2023

Ce que les couples devraient savoir sur les comptes conjoints

Diverses données suggèrent que les couples bénéficient d’une fusion complète de leurs finances, notamment avec les comptes conjoints, mais les jeunes s’éloignent de plus en plus de cette pratique, et de nombreux experts financiers la déconseillent. (Photo: La Presse Canadienne)

La vie de couple est avant tout une question de partage, mais lorsqu’il s’agit de finances, cela peut devenir compliqué. 

Diverses données suggèrent que les couples bénéficient d’une fusion complète de leurs finances, notamment avec les comptes conjoints, mais les jeunes s’éloignent de plus en plus de cette pratique, et de nombreux experts financiers la déconseillent.

Pour les partenaires qui réfléchissent à la manière d’organiser leurs finances alors que leurs vies sont de plus en plus liées, il y a au moins une certaine cohérence dans les conseils dans la mesure où, quelle que soit l’approche, ils doivent s’appuyer sur une communication ouverte et une vision partagée des objectifs.

«Quand il s’agit d’argent, il ne s’agit jamais seulement de dollars et de cents», souligne Stacy Yanchuk Oleksy, cheffe de la direction de Credit Counselling Canada.

«Lorsque les couples envisagent de s’associer financièrement, ou même simplement de parler de finances, ils doivent gratter sous la surface, ils doivent aller au−delà du budget, se demander “Qui suis−je avec l’argent? Comment ai−je été élevé vis−à−vis de l’argent? Qu’est−ce que je veux avec cet argent? Qu’est−ce qui me stresse à propos de l’argent?” Toutes ces choses intéressantes et juteuses dont nous n’aimons pas parler.»

Les conversations plus larges menant à l’ouverture de comptes conjoints pourraient aussi être une façon d’améliorer une relation, estime Jenny Olson, professeure adjointe de marketing à la Kelley School of Business de l’Université d’Indiana.

Mme Olson a dirigé une étude publiée plus tôt cette année qui a révélé que les comptes conjoints conduisaient réellement à de meilleures relations.

«Au bout de deux ans, les couples qui avaient ouvert un compte étaient nettement mieux lotis et avaient une meilleure qualité relationnelle.»

Les résultats vont plus loin que les études précédentes, qui avaient seulement établi un lien entre les comptes conjoints et de meilleures relations, sans déterminer clairement lequel des deux éléments survenait en premier.

En plus de changer la façon dont les couples parlent d’argent, l’étude de Mme Olson a révélé d’autres avantages potentiels: la réduction des achats difficiles à justifier en raison d’une transparence accrue et, de manière générale, la préservation de la nature communautaire d’une relation.

«L’argent est l’une des principales raisons pour lesquelles les gens divorcent», rappelle Mme Olson.

«Donc, si vous pouvez faire partie de la même équipe en ce qui a trait à l’argent, vous savez, vous vous en sortirez mieux à long terme.»

 

Pas les mêmes avantages pour l’hybride 

La pratique des comptes combinés semble toutefois de moins en moins répandue. Mme Olson cite des études des 20 dernières années qui ont révélé qu’entre 52% et 65% des couples mariés et vivant ensemble utilisaient uniquement des comptes bancaires conjoints, tandis que 10% à 15% affirmaient avoir des comptes complètement séparés.

Cela se compare à une enquête de la Banque TD qui a révélé que 47% des couples mariés ont fusionné leurs dépenses et leurs comptes, tandis qu’une enquête de la banque réalisée l’année dernière a révélé que 49% des millénariaux n’avaient pas de compte conjoint avec leur partenaire.

De nombreux couples choisissent quelque chose entre les deux, en ayant un compte combiné pour les dépenses du ménage, tout en gardant des comptes séparés pour conserver une certaine autonomie.

Mais les recherches de Mme Olson ont révélé qu’une approche hybride ne produisait pas les mêmes avantages que des comptes entièrement fusionnés.

«L’une des raisons pour lesquelles les couples qui avaient un scénario de fusion partielle ne s’en sortaient pas aussi bien est qu’ils avaient, en quelque sorte, un pied dans la porte et un pied dehors. Ils n’étaient donc pas complètement impliqués.»

Elle ajoute qu’il y avait certainement de nombreuses circonstances dans lesquelles ce n’est pas le meilleur choix pour un couple, par exemple lorsqu’on a des enfants issus d’un précédent mariage ou des comptes professionnels.

Cependant, Yanchuk Oleksy, de Credit Counselling Canada, recommande toujours aux couples de tenir leurs propres comptes pour conserver leur autonomie et continuer à se bâtir un profil de crédit, même s’ils combinent certaines finances.

«C’est bien d’en partager quelques−uns, mais chaque partenaire devrait avoir son propre compte courant, sa propre épargne et son propre crédit.» 

Elle souligne également que même si les comptes conjoints pouvaient être divisés assez facilement selon les lois provinciales en cas de fin de la relation, les dettes ou le crédit partagés restaient le fardeau des deux partenaires même après une rupture, de sorte qu’une conversation beaucoup plus approfondie est nécessaire avant de cosigner un prêt.

 

Faire preuve de transparence

Pour ceux qui regroupent certains comptes, elle indique qu’il est important de déterminer les bonnes proportions de la contribution de chaque partenaire, et que cela reflète leurs revenus.

Les partenaires doivent également déterminer clairement à quoi le compte conjoint sera utilisé, qu’il s’agisse uniquement de l’épicerie et des paiements pour la maison, ou également des dépenses personnelles.

Mme Oleksy recommande également des réunions financières sur une base au moins mensuelle, au moins des réunions financières mensuelles, ou des sorties réservées aux discussions financières où les partenaires s’assurent que leur projet commun fonctionne.

La planificatrice financière Natasha Knox, fondatrice d’Alaphia Financial Wellness, recommande également aux partenaires de toujours garder un peu d’argent de poche.

Elle estime que les comptes conjoints peuvent accroître la visibilité des objectifs communs, mais que les couples ayant des comptes séparés peuvent également avoir une vue d’ensemble de leur situation financière globale au moyen de feuilles de calcul ou d’autres moyens.

L’important est de faire preuve de transparence, a précisé Mme Knox.

«L’argent séparé est acceptable, l’argent secret ne l’est pas.»

Il est important d’être à l’écoute lors des conversations fondamentales sur l’argent avec un partenaire, même si celles−ci peuvent parfois évoquer de dures vérités.

«Il faut écouter son partenaire, écouter ce qu’il a à dire et essayer d’être une personne avec qui il se sent en confiance pour partager ces choses», croit Mme Knox.

«Il est important, lorsqu’on écoute son partenaire dans cette conversation, d’ajuster ses propres réponses à ce qu’on entend, de rester curieux et ouverts et d’essayer de résister à l’envie de gronder, d’accuser ou de craindre.»

Elle précise que dans l’ensemble, elle constate que ce n’est pas tant la configuration du compte bancaire qui détermine le résultat, mais la façon dont les partenaires discutent d’argent.

«L’élément de communication est un indicateur beaucoup plus fiable, car lorsque les gens sont d’excellents communicateurs, qu’ils s’engagent tous les deux en faveur de la transparence et qu’ils sont tous deux alignés sur leurs objectifs, cela constitue un indicateur beaucoup plus important de l’ensemble de leur foyer, de leur bien−être financier et de la façon dont les choses se passent, qu’ils aient des comptes conjoints, des comptes séparés ou un système hybride.»

Ian Bickis, La Presse Canadienne