«Je ne suis pas vraiment une supportrice de Nikki Haley. Mais je ne veux pas que Donald Trump gagne le New Hampshire. Donc je vais voter pour Nikki Haley. Voilà mon histoire», raconte, avant un grand éclat de rire, Jan Dodge. (Photo: Getty Images)
«C’est un vote stratégique… un vote contre Donald Trump»: pour Jan et Lisa, attablées chez «Robie’s», un bistrot-épicerie emblématique du New Hampshire, choisir Nikki Haley à la primaire républicaine c’est surtout un moyen de barrer la route à l’ancien président des États-Unis, qu’elles jugent dangereux pour la démocratie.
«Je ne suis pas vraiment une supportrice de Nikki Haley. Mais je ne veux pas que Donald Trump gagne le New Hampshire. Donc je vais voter pour Nikki Haley. Voilà mon histoire», raconte, avant un grand éclat de rire, Jan Dodge.
Cette retraitée de 71 ans est venue écouter jeudi l’ancienne ambassadrice américaine à l’ONU lorsque Donald Trump était à la Maison-Blanche, dans ce commerce pittoresque sur les rives du fleuve Merrimack, passage obligé des candidats en campagne.
En 1975, un an avant d’être élu président des États-Unis, Jimmy Carter était passé ici et le patron l’avait accueilli par un «Jimmy qui?».
Donald Trump «a été affreux pendant quatre ans, et il serait encore plus affreux», ajoute Jan, inscrite comme indépendante sur les listes électorales, mais qui penche plutôt côté démocrate.
Assesseure électorale, elle dit avoir très mal pris les «mensonges» de Donald Trump sur une élection truquée en novembre 2020, une thèse jamais prouvée.
«Vous faites quelque chose pour aider votre pays, et on vous traite comme un déchet», s’emporte-t-elle.
«C’est un vote stratégique, un vote contre Donald Trump», renchérit Lisa Kester, avocate de 59 ans.
Indépendants
Le phénomène est difficile à quantifier, mais le rejet de Donald Trump revient régulièrement parmi les électeurs, républicains ou non, qui choisiront mardi, lors de la primaire du New Hampshire, un bulletin Nikki Haley, ou qui hésitent encore à le faire.
Dans cet État du nord-est, beaucoup se présentent comme indépendants, attachés à la devise locale, «Vivre libre ou mourir», et affiliés à aucun des deux partis. Mardi, ces indépendants, autorisés à voter à l’une des deux primaires, républicaine ou démocrate, seront cruciaux pour Nikki Haley, encore loin dans les sondages de Donald Trump, archifavori après sa large victoire avec 51% des voix dans l’Iowa, lundi.
«Je crois que dans le New Hampshire, on essaie de voir comment voter pour que Donald Trump ne soit pas le candidat républicain», explique Emily McCarthy, une travailleuse sociale de 43 ans, qui a fait le déplacement jeudi soir à Rochester pour voir l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud.
Parmi ses valeurs, elle cite le «social» tout autant que le «conservatisme fiscal». Et elle se dit attachée «au droit de faire ce qu’on veut avec son corps», une allusion aux attaques des conservateurs contre le droit à l’avortement, qui ne font pas l’unanimité parmi les républicains dont elle dit faire partie.
Que fera-t-elle en cas de nouveau match Biden-Trump? Elle hésite, dit qu’elle ne sait pas encore, puis lâche: «Je ne pense pas que Joe Biden soit le meilleur candidat, mais je préfère l’avoir comme président que Donald Trump».
«J’ai voté Trump en 2016 et en 2020. Je ne voterai pas encore pour Donald Trump», ajoute Terry Morerod, 61 ans, ancien combattant de la marine américaine. «Il a eu sa chance, c’était ce que c’était. On a besoin de sang nouveau», ajoute-t-il.
Chez «Robie’s», entre les fromages, les bocaux de sirop d’érable et les armes anciennes qui décorent les murs, Nikki Haley a répété son message de campagne: «Est-ce qu’on veut encore longtemps la même chose ou est-ce qu’on veut avancer? La même chose ce n’est pas seulement Joe Biden, c’est Joe Biden et Donald Trump».
Frank Tuoti, un retraité de 70 ans, conservateur, voterait lui pour Donald Trump, et même pour «n’importe qui» face à Joe Biden. Mais à la primaire, il choisira Nikki Haley, pour sa «force stabilisatrice».
Selon lui, Donald Trump fait l’objet d’attaques injustes des démocrates. Mais il est aussi parfois, «son meilleur ennemi, il dit des choses sans réfléchir et peut avoir une personnalité très abrasive».