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Charles III ovationné à son arrivée à Buckingham Palace

La Presse Canadienne|Publié le 09 septembre 2022

Charles III ovationné à son arrivée à Buckingham Palace

La relation de Charles avec le Canada remonte à sa toute première visite officielle, en 1970, qui comprenait une tournée au Manitoba et dans les Territoires du Nord-Ouest, avec d’autres membres de la famille royale. (Photo: Getty Images)

Londres — Ovationné vendredi devant Buckingham palace par des milliers de personnes à son retour à Londres, Charles III sera officiellement proclamé roi samedi, prenant la succession de sa mère Elizabeth II dont la mort a plongé dans le deuil le Royaume-Uni.

Revenu d’Écosse où est décédé la reine jeudi, vêtu d’un costume noir, Charles III, 73 ans, accompagné de son épouse et désormais reine consort Camilla, a longuement serré des mains à sa descente de voiture, saluant la foule, des milliers de personnes ayant afflué depuis l’annonce de la disparition de la reine pour déposer bouquets de fleurs et mots d’hommage.

«Toutes nos condoléances», «Que Dieu vous bénisse», «Je vous souhaite le meilleur», lui a lancé la foule, tandis que certains entonnaient un «God save the King», désormais nouvel hymne du pays.

Une femme a même osé lui déposer un baiser sur la joue. Une autre lui a offert une rose rouge. Puis le roi souriant est entré à pied dans le palais, où il a eu sa première audience avec la cheffe du gouvernement Liz Truss. Celle-ci avait rencontré mardi à Balmoral la reine Elizabeth II, qui l’avait chargée de former un gouvernement, et aura rencontré deux monarques en quatre jours, du jamais vu.

Le roi Charles devait enregistrer, dans la Blue Drawing Room, sa première allocution de monarque, qui sera diffusée à 13h00, heure du Québec, à la télévision, selon un communiqué du Palais.

Il y rendra hommage à celle que la nouvelle première ministre Liz Truss a qualifiée vendredi de l’«une des plus grandes dirigeantes que le monde ait connues».

Mme Truss avait déjà salué en Elizabeth II, décédée à 96 ans après 70 ans de règne, le «roc sur lequel la Grande-Bretagne moderne s’est construite».

Le gouvernement «uni dans son soutien au nouveau roi», a observé vendredi matin un moment de silence lors d’un conseil des ministres extraordinaire.

 

Morte «paisiblement»

Une cérémonie religieuse en mémoire de la reine était aussi prévue en fin de journée à la cathédrale Saint-Paul de Londres en présence de Mme Truss.

Les cloches ont sonné à 7h00, heure du Québec, dans les églises du pays, notamment à Windsor où la reine vivait la plupart du temps. Celles de l’Hôtel de Ville de Sydney en Australie, dont la reine était aussi la souveraine, avaient déjà retenti 96 fois, une fois pour chaque année de la défunte.

96 coups de canons ont retenti à 8h00, heure du Québec, tirés depuis Hyde Park, mais aussi aux châteaux de Cardiff et Édimbourg, York, Portsmouth et à Gibraltar.

À Holyroodhouse, résidence de la monarchie dans la capitale écossaise Édimbourg, les préparatifs s’accélèrent sous les yeux humides de nombreux Écossais pour accueillir dans les prochains jours le cercueil de la reine, avant son retour vers Londres.

Elizabeth II est décédée jeudi «paisiblement» dans son château de Balmoral en Écosse, où se trouvaient alors son fils Charles et sa fille Anne. Ses deux autres fils Andrew et Edwards, et le prince William, désormais héritier de la Couronne, sont arrivés après le décès, dont la première ministre avait été informée vers 11h30.

Le roi a fait savoir que le deuil royal — qui concerne la famille, le personnel et les représentants de la maison royale — durerait jusqu’à sept jours après les funérailles de la reine, dont la date n’a pas été confirmée, mais qui devraient avoir lieu le 19 septembre. Les résidences royales resteront fermées jusqu’après ces funérailles et les drapeaux y seront en berne.

Le deuil national, décrété par le gouvernement, doit lui durer jusqu’au jour des funérailles.

 

«Plus pareil sans elle»

Des milliers de Britanniques, certains émus aux larmes sont venus déposer des fleurs devant Buckingham palace, à Windsor et à Balmoral au nord de l’Écosse.

Les photos de la reine faisaient la Une de tous les quotidiens britanniques vendredi, pour des éditions spéciales en hommage à celle qui avait consacré sa vie à la Couronne, traversant les époques et les crises avec la même affabilité tranquille et mystérieuse.

«J’ai la chair de poule, on peut sentir que l’on fait partie du même pays et qu’elle nous unissait, c’est très beau, vraiment», raconte émue à l’AFP Shelley Bissett, 32 ans, venue déposer un bouquet devant le château de Windsor.

«Je voulais être ici aujourd’hui… C’est très puissant de se rassembler ici avec tellement d’autres personnes, de montrer à quel point nous la respections. Elle a tellement fait pour ce pays, cela ne sera plus pareil sans elle», abonde David Renn, 42 ans, venu à vélo de Londres jusqu’à Windsor.

La monarque défunte, connue pour son sens du devoir et son humour pince-sans-rire, était omniprésente dans la vie des Britanniques, présente sur les billets de banque et les timbres, qui vont devoir changer de visage.

Son portrait orne les arrêts de bus londoniens, remplaçant les publicités, et des livres de condoléances ont été ouverts dans certaines églises, ainsi qu’en ligne sur le site officiel de la famille royale.

Certains magasins ont fermé leurs portes en signe de deuil. La Banque d’Angleterre a annoncé le report d’une semaine de sa réunion de politique monétaire, très attendue vue la flambée des prix actuelle.

 

«Sourire magnifique»

De nombreux événements sportifs, comme les matches de Premier league ce week-end, mais aussi les défilés de plusieurs créateurs, dont la célèbre marque Burberry, prévus la semaine prochaine à l’occasion de la Fashion Week de Londres, ont aussi été reportés, tandis que cheminots et postiers ont suspendu leurs grèves prévues pour dénoncer le coût de la vie.

Le nouveau roi Charles devient le monarque britannique le plus âgé au début de son règne. Il est infiniment moins populaire que sa mère, qui avait su maintenir le prestige de la monarchie, ne donnant aucune interview et gardant ses opinions pour elle.

Il accède au trône dans une période difficile, le Royaume-Uni étant confronté à la pire crise économique de ces 40 dernières années, alors que quatre premiers ministres se sont succédé en six ans. 

Le Royaume est aussi secoué par des dissensions internes, entre les suites du Brexit, les velléités d’indépendance et les tensions en Écosse et en Irlande du Nord. Dans les ex-colonies britanniques restées des royaumes, les critiques se font aussi vives sur le passé colonialiste et les velléités républicaines se renforcent.

S’il était devenu beaucoup plus présent ces derniers mois, remplaçant souvent sa mère à la santé déclinante et de plus en plus frêle, c’est un tout autre défi qui attend désormais le roi, en tant que chef d’État de 15 pays, de la Nouvelle-Zélande aux Bahamas.

Durant son règne historique, Elizabeth II avait connu 15 premiers ministres, qu’elle pouvait écouter et conseiller lors d’audiences privées généralement hebdomadaires sur lesquelles rien ne transpirait jamais. «Elle avait souvent cette petite lumière et ce sourire magnifique, qui (…) calmaient les nerfs de tellement de gens», a confié vendredi l’ancienne Première ministre Theresa May sur la BBC.

Après les funérailles, la reine sera inhumée en privé dans la chapelle du château de Windsor.