La BCE a décidé en décembre de ralentir progressivement ses achats nets d’actifs en 2022. (Photo: 123RF)
La Banque centrale européenne s’attend à voir l’inflation élevée de ces derniers mois, fortement poussée par l’énergie, perdre en vigueur courant 2022, a déclaré vendredi sa présidente Christine Lagarde.
«Les moteurs de l’inflation devraient perdre de la vigueur dans le courant de l’année», après un pic à 5% observé en décembre dernier, a déclaré Mme Lagarde devant le Sénat à Paris, confirmant l’engagement «sans faille» de la BCE pour ramener les prix vers le niveau visé de 2%.
«Nous comprenons bien que cette hausse des prix préoccupe un grand nombre de nos concitoyens, et nous prenons cette inquiétude très au sérieux», a souligné la Française.
La forte inflation du moment découle d’un redémarrage rapide de l’activité économique de la zone euro, qui a entraîné de vives augmentations des prix des carburants, du gaz et de l’électricité. La composante énergie a ainsi contribué pour environ la moitié au taux d’inflation actuel, a-t-elle souligné.
Les prix des biens durables et de certains services ont aussi flambé en raison d’une demande supérieure à une offre contrainte par des pénuries durables dans la chaîne d’approvisionnement.
« Nous considérons ces chiffres (d’inflation) avec une certaine inquiétude, car ils sont plus élevés que ce que nous avions prévu initialement », a reconnu de son côté Isabel Schnabel, membre du directoire de l’institution, dans un entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung publié vendredi soir.
Mais l’heure n’est pas encore venue d’agir. « Si nous prenions des mesures aujourd’hui, elles agiraient seulement avec retard », a-t-elle souligné. Par ailleurs, « la politique monétaire ne peut pas faire baisser les prix du pétrole ou du gaz » a-t-elle pointé.
La BCE a décidé en décembre de ralentir progressivement ses achats nets d’actifs en 2022, d’environ 80 milliards d’euros à 20 milliards d’euros par mois, mais en conservant de la flexibilité pour faire face à divers scénarios négatifs.
Elle se distingue ainsi de l’action plus volontariste face à l’inflation de la Réserve fédérale américaine, qui compte relever ses taux dès cette année.
Pour la BCE, il n’en est pas question avant 2023. Relever trop tôt les conditions du crédit pourrait « couper court à la reprise », a mis en garde Mme Schnabel.
Avant Noël, la BCE avait nettement relevé ses prévisions d’inflation en zone euro, invoquant les prix de l’énergie, mais aussi les difficultés d’approvisionnement dans l’industrie qui perturbent la production alors que la demande des consommateurs est particulièrement forte.
La BCE prévoit désormais une hausse des prix de 3,2% en 2022, contre 1,7%. Elle anticipe seulement un retour sous son objectif de 2% en 2023.
Sur le moyen terme, Mme Lagarde a dit s’attendre à une « plus grande volatilité des prix de l’énergie » en raison du virage vers les énergies vertes qui implique un recours important au gaz naturel utilisé en complément du développement des énergies renouvelables.