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Cinéma: Legault veut mieux aider les films québécois également

La Presse Canadienne|Publié le 10 Décembre 2019

«Il faut plus produire au Québec. Il faut plus exporter ce qu'on produit au Québec».

De passage dans La Mecque du cinéma américain, Hollywood, le premier ministre François Legault s’est engagé lundi à mieux soutenir financièrement l’industrie cinématographique québécoise en 2020.

Il s’est dit aussi convaincu que le nombre de tournages étrangers effectués au Québec irait croissant dans les prochaines années, grâce à une bonification des avantages fiscaux consentis aux producteurs.

À la clef: un potentiel de dépenses de «centaines de millions» de dollars dans cette industrie au Québec, selon lui.

En point de presse, en fin de journée, M. Legault s’est montré confiant d’y arriver, au terme d’un marathon de rencontres de haut niveau dans les grands studios de Hollywood.

Le gouvernement veut donc agir sur deux fronts: en soutien aux films et séries du Québec et en soutien aux productions étrangères tournées au Québec.

En mêlée de presse en début de journée, il avait dit que des annonces seraient faites dans les mois qui viennent en vue de « bonifier » l’aide de l’État à la production de films et de séries du Québec.

«Il faut plus produire au Québec. Il faut plus exporter ce qu’on produit au Québec», a-t-il fait valoir, sans fournir de détails. La ministre de la Culture, Nathalie Roy, planche sur ce projet présentement.

En mission pour quatre jours en Californie, M. Legault a multiplié les rencontres avec les dirigeants des Majors américains afin de les convaincre de donner un caractère plus permanent à leur présence au Québec pour le tournage de leurs productions.

Il aimerait bien, par exemple, voir Netflix ouvrir un bureau à Montréal, comme c’est le cas à Toronto. Netflix vient de produire son premier film québécois, «Jusqu’au déclin».

Risque-t-on de voir plus souvent Brad Pitt et Bradley Cooper arpenter les rues de Montréal, en marge du tournage de leur prochain succès au box-office? C’est du moins ce que souhaite le premier ministre, soucieux de procurer une certaine stabilité d’emploi et de meilleurs salaires aux techniciens québécois qui gravitent dans cette industrie en pleine expansion.

En échange, le premier ministre serait disposé à offrir aux producteurs américains de partager une partie des retombées économiques générées par une présence accrue et stable au Québec.

Des prêts pourraient même être transformés en subventions, a dit le premier ministre, vantant son approche «business».

«En fonction des retombées, des vraies retombées, des vrais revenus additionnels qu’on a, on est prêts à vous en retourner une partie», a lancé M. Legault aux producteurs, plaidant pour une négociation «projet par projet, entreprise par entreprise» avec les producteurs étrangers.

«Je pense qu’on va être les premiers» à développer cette approche, a-t-il ajouté, alors que la formule répandue consiste à offrir des crédits d’impôt, sans plus.

S’ils s’engagent à s’installer au Québec au moins de trois à cinq ans et de fournir un emploi à quelques centaines de personnes, les studios pourraient en ressortir gagnants.

Il a dit que la réponse des producteurs avait été très positive et qu’il s’attendait à des suites rapidement, dans l’année qui vient.

Le monde du cinéma est un des trois enjeux de la mission, avec l’avenir de la bourse du carbone et la recherche de partenariats à conclure entre le monde universitaire et celui de l’industrie.

Année après année, il se tourne toujours davantage de films étrangers au Québec.

Pour le trésor québécois, les retombées économiques de ces productions cinématographiques étrangères ne sont pas négligeables.

Et le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec croit lui aussi qu’elles pourraient être encore plus importantes. Le Bureau veut voir les dépenses de tournages étrangers à Montréal atteindre un total de 700 millions $, en 2022. L’an dernier, elles ont frôlé les 400 millions $.

Déjà, pour les attirer chez nous, les producteurs étrangers ont droit à des crédits d’impôt qui peuvent atteindre jusqu’à 36 % des dépenses, principalement sur le coût de la main-d’oeuvre.

Par rapport à ses deux rivales canadiennes, Vancouver et Toronto, Montréal a plusieurs atouts, selon M. Legault. La ville offre un milieu «créatif», sans compter ses deux « immenses » studios, MTL Grandé et Mels, et son expertise reconnue dans le secteur des effets spéciaux.

Lundi, M. Legault a rencontré en rafale les dirigeants de Netflix, de Sony Pictures Studios, Universal Studios et de Walt Disney, pour tester leur intérêt.

«Je vais vous faire une offre que vous ne pourrez pas refuser», a dit M. Legault en s’adressant au vice-président de Sony Pictures, Nicky Velasquez, venu l’accueillir, parodiant ainsi la célèbre réplique de Marlon Brando dans «Le Parrain».

Il a aussi eu un entretien avec le réalisateur Roland Emmerich, dont le film présentement à l’affiche, «Midway», a été en partie tourné à Montréal.

Sur l’heure du midi, il a cassé la croûte avec le réalisateur de la série télé à succès «Petits secrets, grands mensonges», Jean-Marc Vallée, devenu une valeur sûre à Hollywood, comme en témoignent les prix Emmy reçus pour son travail ces dernières années.

M. Vallée a dit craindre une perte d’expertise à Montréal, si trop de gens de l’industrie se font recruter par les grands joueurs étrangers, prêts à offrir de gros salaires.

«Il y a une réflexion à avoir pour avoir une espèce d’équilibre avec: on attire les étrangers, et aussi ce qu’on doit conserver à Montréal», a commenté M. Vallée, au moment de s’attabler avec M. Legault et son épouse.

«ll faut garder le maximum de ces employés-là au Québec», a acquiescé le premier ministre.

Un partenariat pour Rodeo FX

En marge de la mission, une firme québécoise de production d’effets spéciaux, Rodeo FX, installée à Los Angeles, a annoncé lundi avoir conclu un partenariat avec Netflix pour devenir le partenaire principal de la production de la quatrième saison de la populaire série «Stranger Things». Du coup, entre 100 et 150 emplois bien rémunérés sont confirmés. Rodeo FX avait déjà conçu les monstres de la saison 3. M. Legault s’était entretenu dimanche avec le président de Rodeo FX, Sébastien Moreau

En soirée, il prend la route de San Francisco pour poursuivre sa mission dans la Silicon Valley mardi.