Claude Béland voulait développer l’esprit critique des Québécois
François Normand|Publié le 25 novembre 2019En entretien à Les Affaires en mars, l'ex-dirigeant de Desjardins proposait de créer une «éducation permanente».
Que devrions-nous faire pour que la collectivité québécoise continue d’avancer et de prospérer? Pour sortir des sentiers battus et trouver de nouvelles idées, Les Affaires avait lancé ses lignes en début d’année, à gauche et à droite, à des femmes et à des hommes, jeunes et plus expérimentés, en ville et en région. Nous leur avons demandé la même chose: donnez-nous une idée originale pour faire avancer le Québec. Voici ce qu’avait proposé Claude Béland.
Claude Béland, ancien président du Mouvement Desjardins, propose de former des citoyens au meilleur esprit critique.
L’ancien financier propose une «éducation permanente» pour tous les citoyens québécois, et ce, afin qu’ils aient de meilleurs outils intellectuels pour critiquer les problèmes de société, à commencer par la montée des inégalités qui affaiblissent la cohésion sociale.
À ses yeux, cette éducation permanente pourrait passer par des rencontres régulières entre les députés et les électeurs pour discuter des grands enjeux, comme l’avait du reste proposé en 2003 le rapport du Comité directeur sur la réforme démocratique qu’il avait présidé.
À la recommandation 7, le comité proposait que «deux fois au cours de son mandat, chaque député organise au sein de sa circonscription des rencontres de ses concitoyennes et concitoyens à des fins de reddition de comptes, d’échanges et d’orientation».
L’ancien patron de Desjardins regrette une époque pas si lointaine où l’ensemble des Québécois ne séparaient pas l’économie de l’éthique ou de la politique. Bref, ils ne se satisfaisaient pas d’une croissance économique à leur profit personnel ou individuel, sans se demander quels effets ces augmentations avaient et auraient sur la vie des gens de leur collectivité.
«En s’enrichissant eux-mêmes, ils s’assuraient que c’était bon pour l’ensemble de leurs compatriotes», souligne M. Béland.
Or, cette époque est révolue, affirme celui qui a dirigé Desjardins de 1987 à 2000. «Ce n’est plus le cas depuis que le courant primaire, caractérisé pas des instincts de survivance, de domination de possession ou de pillage des biens d’autrui, est apparu avec son individualisme et la création d’inégalités inacceptables», dit-il.