Climat: le secteur des hydrocarbures doit faire mieux
La Presse Canadienne|Publié le 23 novembre 2023L’investissement actuel de 800 milliards de dollars américains par an dans le secteur du pétrole et du gaz devra être réduit de moitié. (Photo: La Presse Canadienne)
Le secteur des hydrocarbures, l’un des principaux émetteurs de gaz responsables du réchauffement de la planète, devra faire l’objet d’une révision rapide et substantielle pour que le monde puisse éviter des phénomènes météorologiques extrêmes encore plus graves, alimentés par le changement climatique causé par l’humain, prévient un rapport publié jeudi.
L’investissement actuel de 800 milliards de dollars américains par an dans le secteur du pétrole et du gaz devra être réduit de moitié et les émissions de gaz à effet de serre, qui résultent de la combustion de combustibles fossiles comme le pétrole, devront diminuer de 60% pour donner au monde une chance d’atteindre ses objectifs climatiques, a précisé l’Agence internationale de l’énergie.
Les gaz à effet de serre s’élèvent dans l’atmosphère et réchauffent la planète, entraînant plusieurs conséquences, notamment des phénomènes météorologiques extrêmes.
Le rapport de l’AIE est publié juste avant la conférence des Nations unies sur le climat, ou COP28, qui débute la semaine prochaine. Les compagnies pétrolières et gazières, ainsi que d’autres personnes et organisations liées aux combustibles fossiles, participent souvent à la conférence, ce qui suscite des critiques de la part des écologistes et des experts du climat. Mais d’autres affirment que le secteur doit être présent à la table des négociations pour discuter des moyens de passer à des énergies plus propres.
«L’industrie du pétrole et du gaz est confrontée à un moment de vérité lors de la COP28 à Dubaï, a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, dans un communiqué de presse publié à l’occasion de la publication du rapport. Les producteurs de pétrole et de gaz doivent prendre des décisions profondes quant à leur place future dans le secteur mondial de l’énergie.»
Selon une analyse de l’Associated Press, 400 personnes liées aux industries des combustibles fossiles ont participé à la conférence sur le climat qui s’est tenue l’année dernière en Égypte. La prochaine réunion a également été critiquée pour avoir nommé le chef de la compagnie pétrolière nationale d’Abou Dhabi en tant que président des négociations.
Le secteur de l’énergie est responsable de plus de deux tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine, et le pétrole et le gaz sont responsables d’environ la moitié d’entre elles, selon l’AIE. Les compagnies pétrolières et gazières sont également responsables de plus de 60% des émissions de méthane, un gaz qui retient environ 87 fois plus de chaleur que le dioxyde de carbone sur une période de 20 ans.
Les compagnies pétrolières et gazières peuvent trouver d’autres sources de revenus dans l’économie des énergies propres, notamment l’hydrogène et les carburants à base d’hydrogène, ainsi que les technologies de capture du carbone, selon le rapport. L’hydrogène propre ― fabriqué à partir d’électricité renouvelable ― et le piégeage du carbone ― qui permet d’éliminer le dioxyde de carbone de l’atmosphère ― n’ont pas encore été testés à grande échelle.
Le rapport a examiné les promesses faites par les pays en matière de climat, ainsi qu’un scénario dans lequel le monde aurait atteint un niveau d’émissions nettes nulles d’ici à 2050. Il a constaté que si les pays respectent toutes leurs promesses en matière de climat, la demande de pétrole et de gaz sera inférieure de 45% à son niveau actuel d’ici à 2050. Si le monde atteint un niveau d’émissions nettes nulles d’ici là, la demande diminuera de 75%.
Au début de cette année, un autre rapport de l’AIE a révélé que la demande mondiale de pétrole, de gaz et de charbon atteindra probablement son maximum d’ici la fin de la décennie.
Vibhuti Garg, une analyste énergétique de l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis, basé à New Delhi, a prédit que les besoins en pétrole et en gaz étaient «voués à diminuer».
«Il existe des alternatives moins chères et plus propres, et les pays commenceront donc à les utiliser et à réduire leur dépendance à l’égard de ces combustibles onéreux», a-t-elle déclaré.
Sibi Arasu, The Associated Press