Le code de conduite des épiceries devrait aider les usagers, selon des acteurs clés
La Presse Canadienne|Publié le 26 août 2024(Photo: 123RF)
Deux des plus grands défenseurs du code de conduite des épiceries affirment qu’il pourrait susciter davantage d’investissements et d’innovations de la part des fabricants de produits alimentaires au Canada, prévenant ainsi les pénuries et la volatilité des prix à l’avenir.
«Le code n’est pas une solution miracle ni une panacée pour tous les problèmes mondiaux», a déclaré Michael Medline, chef de la direction de la société mère de Sobeys, Empire.
Le code de conduite des épiceries est un accord volontaire entre les fournisseurs et les détaillants qui vise à créer des lignes directrices pour des transactions équitables et à uniformiser les règles du jeu pour les petites entreprises. Les travaux sur le code ont commencé en réponse aux appels de certains acteurs de l’industrie à agir à l’égard des frais facturés par les grands détaillants aux fournisseurs.
Bien qu’Empire et Metro aient exprimé leur soutien initialement, il y a eu plusieurs mois d’incertitude quant à savoir si les autres grands épiciers seraient d’accord, la pression gouvernementale et les menaces de rendre le code obligatoire s’intensifiant. Loblaw, Walmart Canada et Costco ont confirmé leur soutien plus tôt cette année.
Les discussions sur un code de conduite pour les épiceries ont précédé la pandémie de COVID-19, mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est survenue en 2020, lorsque Walmart et Loblaw ont introduit de nouveaux frais pour les fournisseurs afin de les aider à payer leurs investissements en infrastructures.
Peu de temps après, Michael Medline est devenu le premier dirigeant d’une épicerie d’importance à réclamer un code de conduite pour les épiceries, affirmant que la relation «malsaine» entre les fournisseurs et les détaillants décourageait l’innovation et l’investissement au Canada.
Michael Medline s’inquiétait non seulement de savoir si ces frais étaient équitables, mais aussi d’un «exode» des fabricants du Canada, qui risquait d’entraîner des pertes d’emplois, des prix encore plus élevés et des chaînes d’approvisionnement plus longues.
«Je craignais que (…) si l’industrie ne pouvait pas se remettre sur pied, le gouvernement allait s’en mêler», a-t-il déclaré.
Des règles plus claires
Michael Medline a affirmé à La Presse Canadienne dans une entrevue conjointe avec Michael Graydon, PDG de l’association Food, Health & Consumer Products Canada, que l’industrie ne pouvait que bénéficier de règles plus claires sur les négociations et les désaccords.
Michael Graydon a dirigé le groupe qui a créé le code et préside maintenant son conseil d’administration intérimaire.
Il a déclaré que le secteur de la vente au détail de produits d’épicerie au Canada s’est consolidé au fil du temps, ce qui a entraîné un déséquilibre de pouvoir entre les détaillants et les fournisseurs. M. Graydon estime que les implications financières de ce déséquilibre pour les fournisseurs ont entraîné une réduction des investissements en capital et de l’innovation.
L’une des dispositions du code porte sur les prévisions et les commandes, dans le but d’apporter plus de discipline au processus et de réduire les amendes de non-conformité pour les commandes incomplètes, a indiqué Michael Graydon. Il pense que le code pourrait réduire les coûts pour les fabricants en réduisant le nombre et l’ampleur des amendes auxquelles ils sont confrontés de la part des détaillants.
Il existe certaines grandes entreprises dont la capacité de fabrication canadienne est bien inférieure à ce qu’elle était auparavant, a souligné Michael Graydon, car elle a été transférée aux États-Unis.
«Si cette sécurité financière et cette certitude économique sont là, alors j’ai bon espoir que nous verrons beaucoup plus d’investissements économiques, d’innovation et d’investissements en capital dans les plans de ces grandes multinationales», a-t-il affirmé.
Le code devrait être officiellement mis en place en juin prochain, le processus se poursuivant pour la création d’un bureau pour le superviser.
Le fait que le code soit volontaire signifie que l’arbitre ne pourra pas imposer d’amendes, a soutenu Michael Graydon. Mais il pense que la menace de «dénonciation et de honte» peut être puissante, tout comme la menace de rendre le code obligatoire par le gouvernement si son efficacité n’est pas prouvée.
Medline et Graydon soutiennent que certaines entreprises, tant les fabricants que les détaillants, modifient déjà leur comportement en prévision du code. Ils espèrent tous deux que le code transformera au fil du temps les relations au sein de l’industrie alimentaire et suscitera davantage de confiance dans les entreprises pour investir dans leurs activités canadiennes.
«Sur une période plus longue, je veux voir une meilleure industrie où les fabricants voudront faire des affaires ici», a déclaré Michael Medline.