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Comment les riches transfèrent-ils leur patrimoine?

Olivier Schmouker|Publié le 23 novembre 2021

Comment les riches transfèrent-ils leur patrimoine?

Au Canada, il y a 913 000 ménagés «fortunés». (Photo: Ann Danilina pour Unsplash)

Au Canada, on dénombre aujourd’hui 913 000 ménages considérés comme «fortunés», à savoir qui ont un actif à investir «d’au moins 1M$», selon les données d’un rapport d’IG Gestion privée de patrimoine. Le montant total de leurs actifs s’élève à 4 200 G$, ce qui est deux fois et demie plus qu’il y a une quinzaine d’années.

Les études et l’immobilier sont les deux principaux leviers que les riches Canadiens utilisent pour transférer leur patrimoine aux membres de leur famille, à la fois de leur vivant et dans le cadre de leur succession. Le rapport montre en effet que :

 

  •  86% des riches Canadiens prévoient soutenir financièrement leurs enfants dans leurs études collégiales ou universitaires, à hauteur d’en moyenne 35 000 $. Et ils sont 46% à dire qu’ils sont disposés à prendre à leur charge l’intégralité des coûts liés à la scolarité.
  •  72% d’entre eux donnent en moyenne 145 000 $ à chacun de leurs enfants pour l’achat de leur première maison. Par ailleurs, ils sont 24% à leur donner encore de l’argent lorsqu’ils s’achètent une seconde maison. Et ils sont 10% à le faire également pour l’acquisition d’une résidence secondaire.

 

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«Les personnes fortunées considèrent le patrimoine amassé par les générations précédentes comme un actif familial, et donc comme un moyen d’aider leurs enfants et leurs petits-enfants à démarrer dans la vie d’un pas sûr», dit Damon Murchison, le président et chef de la direction d’IG Gestion de patrimoine.

De fait, l’étude indique que 77% des riches Canadiens entendent aider leurs enfants à «prendre de l’avance» dans la vie. Un exemple concret : 30% des personnes fortunées se disent prêtes à fournir du capital pour aider leur fille ou leur fils à se lancer en affaires. Et 26% d’entre eux prendraient même à leur charge «au moins la moitié des coûts liés au démarrage».

Une interrogation, toutefois, taraude les riches Canadiens quant à leur disposition à donner un solide coup de main financier à leur progéniture : cela ne leur fait-il pas courir le risque de contracter l’«affluenza»? Oui, cette maladie — contraction d’affluence et influenza — qui affecte les jeunes adultes issus de familles fortunées et qui se traduit par un rejet du consumérisme, de l’idéologie du «Toujours Plus», du «Rêve américain».

L’étude indique que 68% des riches Canadiens se soucient d’un éventuel impact négatif de leur soutien financier sur leurs enfants. Certains d’entre eux estiment qu’«un soutien financier trop marqué empêcherait leurs enfants de prendre conscience des efforts, de la détermination et du discernement nécessaires pour se bâtir un mode de vie confortable et durable». Et que cela risquait de leur faire «manquer de discipline pour les questions financières», voire de «nuire aux relations personnelles de [leurs] enfants avec autrui».

Résultat? «Ces derniers temps, les riches Canadiens ne voient plus les dons de bienfaisance comme une possibilité parmi d’autres, mais comme une priorité», dit M. Murchison, en soulignant que la philanthropie était maintenant perçue comme «une excellente façon de réunir les familles dans un projet commun visant à améliorer le monde qui les entoure».

Voilà pourquoi, révèle l’étude, les deux tiers des ménages fortunés donnent régulièrement à des œuvres de bienfaisance, et le cinquième d’entre eux (20%) incluent maintenant des dons à des organismes philanthropiques à leurs plans successoraux.