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Comment repérer un lieu de travail toxique?

La Presse Canadienne|Mis à jour le 11 juillet 2024

Comment repérer un lieu de travail toxique?

Avant d'accepter un emploi, plusieurs signes indiquent que la culture du lieu de travail est toxique. (Photo: 123RF)

L’enthousiasme suscité par le début d’un nouvel emploi peut rapidement s’atténuer une fois que des signes indiquent que la culture du lieu de travail est toxique. 

Sara McCullough se souvient de son excitation à l’idée de commencer un nouvel emploi. Ce sentiment s’est estompé et s’est transformé en désarroi avec le temps.

Les problèmes se sont accumulés, mais le pire est survenu lorsque sa supérieure lui a dit qu’elle n’atteignait pas ses objectifs hebdomadaires, et ce, malgré de longues heures de travail. Au cours d’une discussion sur sa performance, elle a appris qu’elle était jugée sur des objectifs deux fois plus exigeants que ce qui pourrait être réalistement atteint en une semaine.

Des discussions avec ses collègues ont révélé qu’un bon nombre d’entre eux étaient dans la même situation.

«Je me suis dit: « Eh bien, c’est bizarre ».»

Sara McCullough dit qu’elle a souligné à sa supérieure que les objectifs étaient inaccessibles, mais cette dernière a rejeté ses inquiétudes en mettant la faute sur le système, et le département des ressources humaines n’a pas été utile.

«(L’entreprise) soutenait un comportement toxique constant ou occasionnel de la part des personnes impliquées dans le système», soutient Mme McCullough, qui est maintenant entrepreneure.

«C’était vraiment très difficile, se souvient-elle. J’en suis sortie vraiment désorientée à bien des égards.»

Le sentiment que vos opinions n’ont pas d’importance, les idées rejetées, les ragots ou les rumeurs, l’intimidation et les charges de travail insupportables sont des signes d’un environnement toxique, explique Nainesh Kotak, fondateur de Kotak Law. 

L’avocat, qui s’occupe des demandes d’invalidité causées par des environnements de travail toxiques, dit avoir constaté de l’anxiété, des dépressions et même des troubles de stress post-traumatique, nouveaux ou aggravés, chez des clients qui ont des conflits accablants au travail. 

«Peut-être qu’ils ont subi une sorte de traumatisme dans le passé, que ce soit avec leur famille, pendant leur enfance, mais ils continuent leur chemin, dit M. Kotak. Ils sont capables de participer au marché du travail, mais ils se retrouvent ensuite dans cet environnement toxique au travail et cela leur rappelle leurs traumatismes.»

La plupart des plaintes dont Nainesh Kotak a été témoin incluent un élément de santé mentale, mais les lieux d’emploi toxiques peuvent également avoir des conséquences physiques telles que des maux de tête et de l’hypertension artérielle, qui peuvent perturber la vie quotidienne et la productivité, dit-il.

 

Des signes précurseurs

Les experts affirment que la situation peut être évitée avant même le premier jour. Il suffit de surveiller attentivement les signaux d’alarme.

Laura Hambley, psychologue agréée et fondatrice de Canada Career Counselling, suggère d’examiner attentivement le processus d’embauche de l’entreprise. 

«S’ils vous interrompent, s’ils parlent par-dessus vous et ne vous écoutent pas lorsque vous êtes en entretien», cela pourrait indiquer des problèmes plus larges, dit-elle. Les employeurs qui se vantent d’être une famille au travail ou qui dominent l’entrevue devraient également faire tirer la sonnette d’alarme, indique Mme Hambley. 

D’autres mauvais présages incluent un retard des employeurs aux entrevues, l’organisation d’entrevues à des heures irrégulières ou l’exposition d’attentes inatteignables avant même que l’employé ne commence son nouvel emploi, ajoute-t-elle. 

«Ce genre de choses sont des signes avant-coureurs du non-respect des limites (de l’employé), ce qui est le signe d’un patron toxique.»

Laura Hambley suggère de se connecter avec d’anciens employés de l’entreprise sur LinkedIn et de leur poser des questions sur leur expérience. Une simple recherche sur internet pourrait déclencher un signal d’alarme. D’autres signes avant-coureurs incluent des antécédents de conflits et un roulement du personnel élevé. 

Malgré toutes les précautions, il est difficile de prédire si un travail se transformera en une expérience traumatisante.

Laura Hambley suggère de réagir dès que possible si le milieu est toxique. «Agissez rapidement avant que votre confiance ne diminue trop et que vous vous sentiez vraiment, vraiment coincé.»

Elle conseille aux personnes qui travaillent dans un milieu toxique de parler à un thérapeute ou à un conseiller d’orientation pour élaborer un plan de bien-être et restaurer leur confiance et leur lucidité.

Nainesh Kotak assure qu’il existe plusieurs solutions pour un employé en difficulté. Il suggère de documenter les incidents – si le travailleur s’est fait crier dessus, insulter ou a été victime de discrimination. Il ajoute qu’il faut noter les dates, le lieu et les noms des personnes impliquées. 

L’étape suivante consiste à informer le gestionnaire de la situation.

La situation se complique lorsque les gestionnaires sont à l’origine de l’hostilité. C’est à ce moment qu’il faut en parler avec la branche des ressources humaines.

Si rien ne peut être fait à l’interne, Nainesh Kotak suggère de s’adresser à un tribunal des droits de la personne ou à un avocat. Le congé de maladie est une autre option à considérer. 

Quitter un emploi toxique sans trouver un nouveau boulot est un dilemme entre la santé financière et la santé mentale. 

Sara McCullough, planificatrice financière agréée, indique que la planification d’un départ à l’avance peut aider à atténuer le stress financier.

Elle conseille de faire le compte des dépenses fixes, notamment le logement, les services publics et les factures récurrentes. Ensuite, il faut regarder les dépenses qui peuvent être contrôlées. 

Sara McCullough ajoute qu’il est important de connaître la somme des dépenses fixes et les revenus nécessaires pour subvenir à ses besoins. «Cela vous met dans une position plus solide lorsque vous recherchez un emploi», affirme-t-elle.

Il est important de savoir quand partir, stipule pour sa part Laura Hambley. Souvent, les gens restent plus longtemps qu’ils ne le devraient dans leur emploi, en s’attendant à ce que les choses s’améliorent. Cela les épuise davantage.

«Ne restez pas longtemps. Si vous pouvez quitter, quittez», conseille-t-elle.

«Vous avez le choix. Vous pouvez rester, vous pouvez démissionner, vous pouvez prendre congé. (…) Une fois que les gens se rendent compte qu’ils ont différentes options, il est plus facile de trouver leur voie.»