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Compressions chez Bell: une décision «pourrie», lance Trudeau

La Presse Canadienne|Publié le 09 février 2024

Compressions chez Bell: une décision «pourrie», lance Trudeau

Le premier ministre a déploré ce qu’il voit comme une tendance aux licenciements, dans le contexte des dernières années où «des organismes communautaires, des journalistes locaux, se font acheter par des conglomérats, par des multinationales». (Photo: La Presse Canadienne)

Le premier ministre Justin Trudeau se dit «furieux» de la décision «pourrie» prise par Bell Canada de mettre fin à des bulletins de nouvelles télévisés, de supprimer 4800 emplois et de vendre près de la moitié de ses stations de radio régionales. 

«This is a garbage decision», a-t-il dit vendredi en anglais au cours d’un point de presse dans le Grand Toronto, ce qui peut être traduit par «c’est une décision pourrie».

M. Trudeau a ainsi rajouté une couche aux reproches faits la veille par sa ministre du Patrimoine, Pascale St−Onge, à l’égard de Bell et de sa société mère BCE.

Elle a notamment affirmé que l’entreprise n’a pas tenu parole de maintenir des bulletins de nouvelles alors qu’elle en avait fait la promesse en faisant des acquisitions. La ministre a aussi soutenu que Bell a effectué des coupes malgré des allégements réglementaires de 40 millions de dollars (M$) de ses obligations envers le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).

«De voir les grandes corporations comme Bell, dans ce cas−ci, participer à l’érosion non seulement de notre journalisme, mais de notre démocratie et de notre sens de communauté (…), c’est, pour moi, complètement inacceptable et ça me fâche énormément», a renchéri M. Trudeau.

Le premier ministre a déploré ce qu’il voit comme une tendance aux licenciements, dans le contexte des dernières années où «des organismes communautaires, des journalistes locaux, se font acheter par des conglomérats, par des multinationales».

«En tant que gouvernement, on a été là et on va continuer d’être là pour investir dans le journalisme local», a dit M. Trudeau.

BCE a précisé que moins de 10% des postes coupés le seront à Bell Média, une division incluant les équipes affectées tant à des contenus d’information que de divertissement.

Des journalistes multitâches seraient appelés à remplacer les équipes de correspondants et de techniciens travaillant pour CTV National News en Alberta, au Manitoba, au Québec et dans le Canada atlantique, tandis que d’autres changements de correspondants seraient effectués à Ottawa.

La ministre St−Onge a mentionné jeudi que Bell se plaignait auprès d’elle que les choses ne bougeaient pas assez vite pour que le CRTC adapte son cadre réglementaire à l’ère numérique, environ un an après l’adoption du projet de loi C−11 en la matière.

«Il y a eu des allégements qui leur ont déjà été donnés pour la période intérimaire, mais à un moment donné, des entreprises qui font des milliards de dollars (et) qui se sont engagées auprès de la population canadienne doivent respecter leur bout de leurs engagements», a-t-elle lancé.

Dans une déclaration écrite expliquant les compressions, le président et chef de la direction de BCE, Mirko Bibic, a soutenu que les revenus publicitaires de Bell Média ont dégringolé de 140 M$ en 2023, par rapport à l’année précédente.

«Nos pertes d’exploitation annuelles s’élèvent à plus de 40 M$ pour l’ensemble de nos services de nouvelles, et ce, malgré le fait que nous avons le réseau de stations de télévision locales le plus populaire», peut−on lire.

La législation C−11 vise à moderniser la Loi sur la radiodiffusion. Le CRTC procède à des changements réglementaires pour que les nouvelles mesures législatives entrent réellement en vigueur.

− Avec des informations de Sammy Hudes à Toronto 

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne