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Conjoints des chefs en campagne: de la «First Lady» à Monsieur X

La Presse Canadienne|Publié le 24 août 2022

Conjoints des chefs en campagne: de la «First Lady» à Monsieur X

La Presse Canadienne a sondé les conjoints des cinq chefs pour savoir quel rôle ils entendaient jouer d’ici le 3 octobre, jour du scrutin. (Photo: 123RF)

Québec — Leurs programmes divergent, leurs idées s’opposent, mais les cinq chefs des principaux partis qui s’affronteront dans les prochaines semaines ont un point en commun: ils vivent tous en couple.

En campagne électorale, la personne qui partage la vie du chef est appelée à jouer un rôle. Traditionnellement, il s’agissait d’une femme et les organisateurs électoraux s’attendaient à la voir faire la plante verte, muette et tout sourire sur scène, le regard admiratif tourné vers le chef.

On s’attendait à ce que l’épouse apporte du réconfort au chef, durant les tournées exténuantes, qu’elle contribue à projeter une image de stabilité dans sa vie privée, axée sur le couple et la famille. Dans le passé, certaines s’y sont prêtées de bonne grâce, d’autres en se faisant tirer l’oreille.

Durant la prochaine campagne électorale, on verra si ce modèle traditionnel a toujours la cote, tant auprès des partis que chez l’électorat. Et surtout auprès des conjoints eux-mêmes. Fait particulier ou signe des temps: cette fois-ci, il s’agit de trois femmes et deux hommes.

La Presse Canadienne a sondé les conjoints des cinq chefs pour savoir quel rôle ils entendaient jouer d’ici le 3 octobre, jour du scrutin. Chose certaine, cette fois-ci, leur contribution sera à géométrie très variable, selon la personnalité de chacun. On ira d’un extrême à l’autre, du style «First Lady» à celui du mystérieux «Monsieur X».

Ils sont présentés ici par ordre décroissant d’implication partisane.

 

Isabelle Brais, conjointe de François Legault (Coalition avenir Québec):

Lors d’une mission du premier ministre François Legault en Californie, en décembre 2019, un arrêt aux studios Disney à Los Angeles a été l’occasion pour son épouse d’être présentée en tant que « First Lady of Quebec ». Isabelle Brais était tout sourire.

Celle qui partage la vie de François Legault n’est jamais bien loin de son mari. Lors des missions du premier ministre à l’étranger, à l’occasion des congrès du parti, qu’il s’agisse de conférences des premiers ministres, de funérailles ou de rencontres avec des dignitaires, la voilà toujours prête à assumer son côté «First Lady», tantôt pour serrer la main du prince Charles, tantôt pour saluer le pape François.

Officiellement, en campagne électorale, elle n’a aucun rôle précis à jouer. Mais il faut s’attendre à la voir accompagner le chef du premier au dernier jour, dans tous les rassemblements, les conférences de presse, les visites d’usines ou de centres d’hébergement.

Si elle s’absente, c’est qu’on aura fait appel à ses services pour faire campagne auprès d’un candidat en difficulté. Elle ira serrer des mains, parler aux gens, les persuader de voter pour son mari. L’entourage du premier ministre aime bien dire qu’elle est la première conseillère politique du chef.

Des sources ont indiqué qu’il lui est même arrivé de participer au recrutement de candidates, ces derniers mois.

Les campagnes électorales n’ont plus de secret pour elle: ce sera sa quatrième dans l’autobus du chef, après celles de 2012, 2014 et 2018.

Présente sur les réseaux sociaux, elle aime publier des photos avantageuses du couple qu’elle forme avec François Legault depuis une trentaine d’années. Le couple a deux fils d’âge adulte, Xavier et Victor.

Autrefois propriétaire d’une boutique de vêtements, rue Laurier, à Montréal, où elle offrait une vitrine aux designers québécois, Isabelle Brais est reconnue pour sa spontanéité. En conférence de presse, on l’a entendue en campagne électorale lancer un «franchement!» bien sonore, appuyé par un regard réprobateur, quand elle n’aimait pas la question d’un journaliste au chef de la CAQ.

Durant la campagne de 2014, François Legault avait été critiqué, quand il avait pris le micro sur scène pour dire à sa femme, qui était à côté de lui: «C’est pas toi qui parles!». Les deux avaient dit par la suite qu’il s’agissait d’une taquinerie sans importance et non d’une rebuffade.

 

Alexandra Plamondon-Tremblay, conjointe de Paul St-Pierre Plamondon (Parti québécois):

La conjointe du chef péquiste est une professionnelle en développement philanthropique. Mais c’est avant tout une militante péquiste et une souverainiste convaincue. Alexandra Plamondon-Tremblay, 36 ans, est aussi la mère de leurs deux enfants âgés de deux et quatre ans, Laurette et Maurice.

Alexandra Plamondon-Tremblay aime la politique et n’a pas peur de se mouiller. Elle n’en sera pas à ses premières armes: porte à porte en 2018 et participation active à la campagne au leadership de son mari, en 2020. Elle a aussi assuré la présidence de la campagne annuelle de financement du PQ. Durant la prochaine campagne, la priorité sera donnée aux enfants, mais il faut s’attendre à la voir aux côtés de son conjoint chaque fois que ce sera possible, dans les rassemblements, sur scène, prête à recruter et motiver les bénévoles, à aller sur le terrain, de porte en porte.

Son mari sera appelé à faire le tour du Québec, alors c’est elle qui fera le porte à porte dans Bourget (Camille-Laurin), sollicitant l’appui des électeurs de cette circonscription caquiste que le chef du PQ convoite. Bourget a longtemps été un bastion péquiste, représentée notamment par le père de la loi 101, Camille Laurin.

 

Maëlle Desjardins, conjointe de Gabriel Nadeau-Dubois (Québec solidaire):

Nouveau papa, Gabriel Nadeau-Dubois, âgé de 32 ans, a déjà dit qu’il n’était pas question de se passer de voir sa petite Hélène, née en février, pendant toute la campagne électorale. Hélène va donc arpenter toutes les régions du Québec dans les prochaines semaines dans les bras de papa, mais surtout maman, Maëlle Desjardins, une enseignante au primaire.

Le couple n’a pas encore défini la formule exacte qui sera privilégiée, pour répondre aux besoins du parti et des électeurs, tout en tenant compte des besoins d’un bébé. Au quotidien, Gabriel Nadeau-Dubois devra sûrement composer avec le dilemme suivant: s’occuper de la petite Hélène ou faire campagne pour gagner des votes. Il va comprendre le sens exact de l’expression consacrée « conciliation travail-famille », un enjeu dont son parti veut se faire le champion.

Sa conjointe sera le plus souvent à ses côtés, mais dans un rôle discret. Il n’est pas prévu que Maëlle Desjardins joue un rôle politique actif durant la campagne. Elle ne sera pas sollicitée pour faire du porte à porte, assister à des rassemblements ou recruter des candidats.

 

Helge Seetzen, conjoint de Dominique Anglade (Parti libéral du Québec):

En provenance de son Allemagne natale, Helge Seetzen débarque à Vancouver à 19 ans, dans le but d’émigrer au Canada, baragouinant l’anglais et le français. Il y fait alors la rencontre de Dominique Anglade. C’est le coup de foudre. Aujourd’hui, le couple vit à Montréal, entouré de ses trois enfants.

Entrepreneur maintenant âgé de 44 ans, Helge Seetzen œuvre dans le domaine de la haute technologie, le multimédia et la commercialisation de produits de technologie. Il dirige depuis 2010 l’entreprise TandemLaunch, un incubateur d’entreprises axées sur les innovations universitaires.

Depuis que sa femme dirige le parti, on l’a rarement vu en public à ses côtés, sauf peut-être sur la carte de Noël de la cheffe libérale. Sa contribution publique à la campagne électorale libérale sera à l’avenant: minimaliste, voire probablement inexistante. Il gardera profil bas, en étant éventuellement présent aux côtés de la cheffe lors du lancement de sa campagne et le soir des élections. Sans plus. Pas d’autobus pour lui, pas de mains à serrer, pas d’entrevue. Pendant que son épouse fera le tour du Québec, il sera à la maison avec les enfants.

 

Monsieur X, conjoint d’Éric Duhaime (Parti conservateur du Québec):

Des cinq chefs, Éric Duhaime est le seul gai. Personnalité extravertie, verbomoteur, il est très à l’aise dans les médias et dans l’espace public. Il n’hésite pas à parler de son « chum », même si ce dernier demeure un secret bien gardé.

Monsieur X travaille dans le domaine de la mode à Montréal. On n’en saura pas plus. Il tient mordicus à rester loin des caméras, préférant l’ombre à la lumière. C’est donc le seul des cinq conjoints qui ne jouera aucun rôle public durant la campagne électorale. Aucune présence aux côtés du chef dans l’autobus ou sur scène n’est prévue, aucune entrevue, aucune intervention publique.

Jaloux de sa vie privée, l’être aimé refuse même de dévoiler son nom. Éric Duhaime dit respecter totalement le choix de son conjoint.


Par Jocelyne Richer