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COP26: Toyota explique pourquoi il ne signe pas un accord global

AFP|Publié le 10 novembre 2021

COP26: Toyota explique pourquoi il ne signe pas un accord global

Dans un entretien accordé mercredi à l'AFP, Kohei Yoshida, un haut responsable de ZEV Factory, la division de Toyota dédiée au développement de véhicules zéro émission, a estimé qu'il y avait «beaucoup de façons de se diriger vers la neutralité carbone». (Photo: 123RF)

Tokyo — Toyota, redevenu numéro un mondial de l’automobile en 2020, a justifié mercredi auprès de l’AFP son choix de ne pas parapher une déclaration de la COP26 dont les signataires s’engagent à ne lancer que des voitures zéro émission d’ici 2035.

Les américains General Motors et Ford, l’allemand Mercedes-Benz ou encore le suédois Volvo Cars (appartenant au chinois Geely) font partie des constructeurs signataires de cette déclaration publiée mercredi par le gouvernement britannique.

Mais le japonais Toyota n’y figure pas, ni le géant allemand Volkswagen, Stellantis, Renault-Nissan ou le sud-coréen Hyundai-Kia.

Les constructeurs signataires promettent d’«œuvrer» vers l’objectif de ne lancer que des voitures et vans n’émettant pas de CO2 «d’ici 2035 ou plus tôt» sur leurs principaux marchés.

Mais Toyota a dit dans un communiqué qu’il lui était «difficile» de signer le texte de la COP26 «pour le moment».

Dans un entretien accordé mercredi à l’AFP, Kohei Yoshida, un haut responsable de ZEV Factory, la division de Toyota dédiée au développement de véhicules zéro émission, a estimé qu’il y avait «beaucoup de façons de se diriger vers la neutralité carbone».

 

«Rythmes différents»

«Il est très important de s’assurer d’avoir tous les pays et régions (…) en tête quand nous avançons vers la neutralité carbone», a déclaré cet ingénieur de formation.

Or «il faudra plus de temps pour installer et développer des infrastructures adaptées aux véhicules 100% électriques ou roulants à l’hydrogène» dans certaines régions du monde comme l’Afrique et l’Amérique latine, a-t-il ajouté.

«Nous respectons la philosophie et les objectifs qui sont discutés à la COP26, et évidemment nous voulons relever les mêmes défis», a-t-il assuré. «Mais les progrès se font à des rythmes différents selon les régions», a-t-il insisté. Le fait que chaque acteur «essaie de faire des efforts vers la neutralité carbone importe plus que d’avoir une déclaration commune».

Toyota a écopé de la plus mauvaise note (ex aequo avec Stellantis) dans un récent rapport de Greenpeace évaluant les efforts et engagements environnementaux des dix premiers constructeurs automobiles mondiaux.

L’ONG lui reproche surtout de miser toujours largement sur ses véhicules hybrides, qui composent actuellement l’immense majorité de ses ventes électrifiées. Toyota a écoulé près de 2 millions de véhicules hybrides dans le monde en 2020.

«Les technologies hybrides vont être un moyen très important pour réaliser la neutralité carbone» dans les pays en développement, car elles améliorent l’efficacité énergétique des véhicules, a plaidé M. Yoshida.

 

L’hydrogène toujours balbutiant

Toyota a tardé à se mettre sérieusement aux véhicules 100% électriques, mais accélère désormais dans cette voie également. En septembre, il a annoncé qu’il allait investir l’équivalent de plus de 11 milliards d’euros dans le développement de batteries d’ici 2030 pour véhicules électriques et hybrides. Il compte aussi lancer 15 modèles 100% électriques d’ici 2025.

Le groupe est aussi connu pour être un pionnier mondial des véhicules à hydrogène: sa première voiture à pile à combustible, la Mirai, est sortie en 2014 et la deuxième génération en 2020.

Cette motorisation n’émet pas directement de gaz à effet de serre, mais l’immense majorité de la production mondiale d’hydrogène est actuellement très polluante. En outre, ces types de véhicules demeurent encore onéreux et le nombre de stations à hydrogène dans le monde extrêmement faible.

Aussi ce marché peine à décoller: quelque 43 000 véhicules à hydrogène circulaient dans le monde mi-2021, contre 11 millions de véhicules électriques, selon un récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie.

A fin septembre, les ventes cumulées de la Mirai de Toyota depuis 2014 s’élevaient à peine à 17 000 unités: une goutte d’eau pour un groupe écoulant 9 à 10 millions de véhicules par an dans le monde.

Mais Toyota n’a pas l’intention d’abdiquer. «Nous devons améliorer la performance» des véhicules à hydrogène, selon M. Yoshida. «Nous devons faire des efforts pour que la société dans son ensemble comprenne l’utilité» de cette énergie.

En continuant de perfectionner son savoir-faire en la matière, Toyota sera en mesure d’offrir à ses clients les véhicules à hydrogène «appropriés» quand «le moment sera venu», a-t-il ajouté. En se gardant bien de prédire le jour de cet avènement.