Les difficultés liées à la rareté de la main-d’œuvre se tempèrent. (Photo: La Presse Canadienne)
Afin de protéger ses marges, Alimentation Couche-Tard a mis ses stations-service et dépanneurs européens en mode économie d’énergie dans un contexte de flambée des prix.
«Nous avons des marchés où nous avons réduit notre consommation d’entre 10% et 21%», a dit le président et chef de la direction de l’entreprise lavalloise, Brian Hannasch, lors d’une conférence téléphonique visant à discuter des plus récents résultats trimestriels.
«Nous avons diminué notre consommation en faisant plein de petites choses dans nos établissements comme réduire la température du chauffage, débrancher des réfrigérateurs qui ne sont pas essentiels ou augmenter la température de nos chambres de réfrigération.»
Le dirigeant estime que la crise énergétique en Europe est «transitoire». «Est-ce que nos efforts vont tout compenser? Je crois que ça va dépendre de ce qui va arriver cet hiver», affirme-t-il.
Couche-Tard n’est pas la seule entreprise à participer à cet effort collectif au moment où la guerre en Ukraine entraîne des répercussions inflationnistes sur le marché de l’énergie en Europe, raconte le dirigeant qui y a passé deux semaines au cours du dernier trimestre. «Les efforts collectifs déployés pour naviguer au travers des conséquences de la guerre et en soutien de l’Ukraine sont impressionnants, raconte-t-il. Je me suis levé un matin et j’ai dû utiliser la lampe de poche de mon téléphone pour aller au gym de l’hôtel.»
La société a dévoilé que ses frais d’exploitation avaient augmenté de 8,5% à 1,4 milliard de dollars (G$) US au cours du deuxième trimestre (terminé le 9 octobre). Le chef des finances de Couche-Tard, Claude Tessier, a expliqué que l’augmentation des dépenses était liée à trois éléments: la rareté de main-d’œuvre, la crise énergétique en Europe et des investissements stratégiques.
Les difficultés liées à la rareté de la main-d’œuvre se tempèrent, précise M. Tessier. «Avec les mesures que nous avons déployées l’an dernier, notre taux de rétention s’améliore et les horaires reviennent à la normale avec moins d’heures supplémentaires à payer.»
Des attentes trop élevées
Malgré des résultats jugés comme vigoureux au deuxième trimestre, la société a dévoilé un bénéfice inférieur aux attentes des investisseurs qui avaient révisé leurs prévisions avec un peu trop d’optimisme à l’approche du dévoilement des résultats.
«Les investisseurs anticipaient un gros trimestre tandis que la prévision moyenne des analystes pour le bénéfice ajusté dilué par action avait bondi de 5 cents dans les dernières semaines, souligne Michael Van Aelst, de Valeurs mobilières TD. Même si les marges sur le carburant ont atteint un record aux États-Unis et que le bénéfice par action a augmenté de 26%, le bénéfice a tout de même manqué la prévision.»
Le bénéfice net de l’entreprise a progressé de 16,6% à 810 millions de dollars US. Les revenus totaux ont augmenté de 18,7% à 16,9G$ US.
Le bénéfice ajusté dilué par action, pour sa part, avance de 26,2% à 82 cents. Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient en moyenne un montant de 84 cents, selon la firme de données Refinitiv.
Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, souligne que les marges sur le carburant et les ventes comparables dans les dépanneurs demeurent vigoureuses. «Les résultats démontrent les forces sous-jacentes du modèle d’entreprise de Couche-Tard.»
Des coffres remplis en attendant une acquisition
Les liquidités générées par des marges élevées sur le carburant renforcent la flexibilité financière de l’entreprise dans l’attente d’une acquisition, note M. Van Aelst. «Les bons résultats ont fait tomber le ratio dette nette/bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) à 1,2 fois.»
La société a d’ailleurs profité de cette marge de manœuvre pour augmenter son dividende trimestriel de 27,3% à 14 cents.
La direction de Couche-Tard souhaite toujours réaliser une acquisition. Les conditions plus difficiles dans le marché lui faciliteraient la tâche. «C’est une question de temps, répond M. Hannasch. Je suis prudemment optimiste à l’idée que ce contexte, avec des conditions de crédit plus strictes et des taux d’intérêt plus élevés, sera meilleur pour Couche-Tard qu’il y a quelques années où il y avait plus de concurrence.»
L’action reculait de 1,36$, ou 2,21%, à 60,10$ à la fin de la séance de la Bourse de Toronto.