Des organismes et particuliers ont demandé au CRTC que le diffuseur public rende des comptes aux Canadiens.
L’examen des demandes de renouvellement de licences de Radio-Canada est entré dans sa deuxième semaine, lundi, alors que des organismes et particuliers ont demandé au CRTC que le diffuseur public fasse preuve de plus de transparence et rende des comptes aux Canadiens.
L’Association canadienne des radiodiffuseurs, qui représente le privé, s’est dite préoccupée par le fait que le diffuseur public «soit axé sur le marché plutôt que sur son mandat», et que Radio-Canada/CBC se concentre trop sur l’attraction de plus de téléspectateurs et d’annonceurs.
«La concentration avouée de CBC/Radio-Canada sur une stratégie axée sur le marché a un coût important pour la politique publique», a déclaré Kevin Desjardins, président de l’association, lors de l’audience virtuelle du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).
M. Desjardins a plaidé qu’en vendant de la publicité à la télévision et sur ses services numériques, la Société Radio-Canada (SRC) perturbe le marché pour les diffuseurs privés, qui ont ensuite du mal à respecter les obligations de leur licence. «Le marché de la publicité est actuellement extrêmement serré, surtout dans les marchés locaux», a-t-il dit. Il a demandé lundi que Radio-Canada/CBC renonce complètement à la publicité.
Au cours de ces audiences, amorcées il y a une semaine, la SRC demande au CRTC une plus grande «flexibilité», alors que le diffuseur public essaie de répondre aux besoins changeants de l’auditoire, en faisant une plus grande percée du côté du numérique, comme avec sa plateforme payante de diffusion en continu Extra, d’ICI Tou.tv, ou son application radio OhDio.
Michel Bissonnette, vice-président principal des services français de Radio-Canada, a soutenu lundi dernier devant le CRTC que 25 % des gens regardent Radio−Canada à la télé traditionnelle, 25 % ne regardent que le numérique, et 50 % ont recours aux deux formes de diffusion.
Transparence d’un service public
Radio-Canada demande au CRTC de ne plus être tenue de publier des rapports financiers détaillés concernant les ressources mises dans ces contenus en ligne.
Le directeur des Amis de la radiodiffusion, Daniel Bernhard, a déclaré lundi avant sa présentation au CRTC que cette demande démontre bien que les dirigeants «ne comprennent pas qu’un diffuseur public est un service public».
M. Bernhard s’inquiète d’un manque de transparence de la SRC, de ses dépenses de nouvelles en baisse et de ses initiatives de publicité et de commercialisation, y compris son service publicitaire de «contenu de marques» Tandem, que le diffuseur public tente de «vendre» au CRTC.
Le directeur des Amis de la radiodiffusion espère que le CRTC imposera des conditions de licence «qui maintiennent la direction de la SRC sur le droit chemin» et «l’empêchent de prendre des tangentes inutiles, comme Tandem ou d’autres initiatives d’hypercommercialisation, qui trahissent et sapent son objectif de service public».
La direction de la SRC a souligné le besoin critique de générer des revenus dans un contexte de fortes pressions financières. Ses dirigeants ont assuré la semaine dernière que le contenu éditorial et publicitaire, comme celui produit par Tandem, resterait distinct.
Ces trois semaines d’audiences du CRTC doivent se poursuivre jusqu’au 27 janvier. Les licences de CBC/Radio-Canada, d’une durée de cinq ans, arrivent à échéance le 31 août. Les audiences publiques devaient initialement se tenir en mai 2020, mais elles ont été retardées en raison de la pandémie.
Québecor Média, qui conteste la concurrence du diffuseur public dans le marché publicitaire, présentera son mémoire au CRTC plus tard cette semaine.