Décès de Claude Beauchamp, pionnier du journalisme économique
Marie-Pier Frappier|Publié le 13 avril 2020Celui que l’on pourrait qualifier de «père de l’éducation économique des Québécois» est décédé dimanche, à Montréal.
Le journalisme économique et financier québécois est en deuil, car il vient de perdre une de ses grandes figures: Claude Beauchamp. Celui que l’on pourrait qualifier de «père de l’éducation économique des Québécois» est décédé dimanche, à Montréal. Il avait 80 ans.
Claude Beauchamp a débuté sa carrière à Les Affaires. Il est rapidement recruté comme rédacteur financier par La Presse. C’est là qu’il « a créé de toute pièce la première section économique, qui comprenait 10-12 journalistes », se rappelle Jean-Paul Gagné, éditeur émérite au journal Les Affaires.
Son talent a été remarqué par le journal Le Soleil, de Québec, où il a été embauché par la suite comme éditeur adjoint et rédacteur en chef dans les années 1970. Là encore, il a « bâti toute une section économique » dont il a donné la direction à M. Gagné.
Les Affaires
À l’été 1980, M. Beauchamp déménage avec sa famille de Québec à Montréal. « Je me souviens que c’était tout un branle-bas de combat pour inscrire ses enfants dans les cégeps qui étaient débordés à l’époque », raconte M. Gagné.
Claude Beauchamp devient donc PDG des Publications Les Affaires inc. « Transcontinental avait à l’époque acheté le nom Les Affaires, une liste d’abonnés et des pupitres, c’est tout! » En septembre 1980, il embauche Jean-Paul Gagné comme journaliste. Ce dernier vient grossir les rangs d’une quinzaine d’employés seulement.
Encore une fois, Beauchamp donne une impulsion économique à la revue qui devient un tabloïd. « On a rebâti — je dis on, mais c’est surtout Claude — le journal. On est passé de 25 000 à 80 000 abonnés, 52 numéros par année », rappelle M. Gagné.
C’était l’époque du Régime d’épargne-actions du Québec, appelé communément le RÉA, relate M. Gagné. Ce programme a permis à plusieurs entreprises du Québec de lever des milliards de dollars de financement en capital-actions et de grandir (CGI, Cascades, Alimentation Couche-Tard, Metro, Saputo, SNC-Lavalin, Genivar (devenue WSP), Jean Coutu, Transcontinental, Canam, Transat A.T., Gildan, Héroux–Devtek, Cogeco, Lassonde, etc.).
Beauchamp n’en est pas resté à augmenter les revenus de Les Affaires. Il a par la suite ensuite piloté l’achat de journaux plus petits comme Québec Construction, Revue Commerce, Québec Yachting, VeliMag , Voile Libre, Ski Québec et Sports Marketing Canada, dont l’ensemble des revenus sont passés de 1 à 13 millions de dollars.
À RDI
En 1984, Beauchamp reçoit le prix Olivar-Asselin pour l’excellence en journalisme. Il est invité par la suite à présider le sommet économique de Montréal.
En 1990, il démissionne de son poste de président de Publications Les Affaires inc. et est nommé à la tête d’une entité de Québec pour venir en aide aux entreprises québécoises menacées par le ralentissement financier du début des années 1990.
De 1995 à 2004, Claude Beauchamp anime quotidiennement l’émission «Capital Actions» sur RDI.
En septembre 1991, Beauchamp devient président du groupe pour l’économie et la Constitution , une alliance de chefs d’entreprise qui souhaitait favoriser le fédéralisme au Québec. Il a participé à plusieurs forums sur la réforme de la Constitution canadienne en 1992.
Claude Beauchamp a pris sa retraite du journalisme en 2004. En 2012, il a reçu un prix d’excellence pour l’ensemble de sa carrière de l’Association des économistes québécois. L’association saluait alors le « grand bâtisseur de cette forme de journalisme au Québec qui a eu une influence déterminante sur les jeunes journalistes et sur les équipes de rédaction et, personne-clé dans les tournants majeurs de l’information économique et financière ».
Un autre des importants legs de Claude Beauchamp au journalisme économique est sans aucun doute sa fille Dominique, journaliste au journal Les Affaires depuis 1985. Tous ses collègues lui offrent d’ailleurs, ainsi qu’à tous ses proches, leurs plus profondes sympathies.
Claude Beauchamp (Photo: archives Les Affaires)