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Déficit commercial américain record en 2018

AFP|Publié le 06 mars 2019

Le déficit commercial atteint même 891,3 milliards (+10,4 %), un record absolu.

Les efforts de Donald Trump pour rééquilibrer les échanges commerciaux entre les États-Unis et le reste du monde auront été sans effet en 2018, le déficit commercial se hissant à un niveau inédit en dix ans.

Pire, le locataire de la Maison-Blanche n’a pas pu empêcher l’afflux toujours plus grand des importations en provenance de Chine, du Mexique et de l’Union européenne, malgré les taxes douanières punitives imposées aux biens venus de l’étranger.

Le déficit des biens et services aest établi à 621 milliards de dollars (+12,5 %) avec des exportations record à 2 500 milliards de dollars (+6,3 %) et des importations également record à 3 121 milliards de dollars (7,5 %, selon les données détaillées par le département du Commerce).

Et, sans l’excédent des échanges de services (+270,2 milliards), le déficit commercial atteint même 891,3 milliards (+10,4 %), un record absolu.

Le déficit commercial américain a poursuivi son ascension vertigineuse alors que l’administration Trump a déclaré une guerre commerciale à ses principaux partenaires, Chine en tête. En six vagues successives, elle a imposé des taxes douanières supplémentaires allant de 10 à 50 % sur l’équivalent de 283 milliards d’importations américaines.

Les partenaires commerciaux des États-Unis, dont Pékin et l’UE, ont répliqué avec des tarifs douaniers de 16 % en moyenne portant sur quelque 121 milliards de dollars d’exportations américaines.

Cette guerre commerciale n’a pas été sans effet sur l’économie chinoise qui est tombée l’an passé à son plus bas niveau depuis 28 ans. La croissance de l’économie mondiale a, elle, été moins forte que prévu.

Pour autant, la Maison-Blanche se heurte à l’appétit insatiable des Américains pour les biens de consommation courante, à bas prix, venant de l’étranger. Ce qui n’est pas forcément une mauvaise nouvelle puisqu’une hausse du déficit commercial accompagne généralement une économie en pleine expansion. Ainsi en 2018, la croissance économique américaine a frôlé les 3 %.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a néanmoins prévenu mercredi que les tensions commerciales allaient continuer à peser cette année sur la croissance de l’économie mondiale. Elle a ainsi révisé en baisse l’expansion à 3,3 % (-0,2 point).

Les experts s’accordent aussi à dire que l’économie américaine devrait ralentir à mesure que les mesures pour doper l’économie, telles que l’abaissement des impôts, vont s’estomper.

Soja américain pénalisé

Dans le détail, « les États-Unis ont enregistré des importations record en provenance de 60 pays à commencer par la Chine (539,5 milliards), le Mexique (346,5 milliards) et l’Allemagne (125,9 milliards) », a commenté le département du Commerce.

Les exportations de soja, très prisées des Chinois, mais frappées par les représailles de Pékin, ont reculé de 18 % à 18,2 milliards.

Ces données sont publiées alors que l’administration Trump négocie âprement un accord commercial avec la Chine pour mettre fin à leur conflit. L’objectif de la partie américaine est d’obtenir des changements structurels dans les pratiques commerciales jugées déloyales de la Chine, telles que les subventions d’État, le transfert de technologie forcé ou le vol de la propriété intellectuelle.

Si Donald Trump a affiché ces dernières semaines sa confiance quant à un possible accord avec son homologue chinois Xi Jinping, les négociateurs sont plus prudents.

Les tractations commerciales sont « très difficiles » et « il reste encore beaucoup à faire » malgré des percées dans certains domaines, a ainsi déclaré mardi le ministre chinois du Commerce, faisant écho à des propos similaires tenus la semaine dernière par le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer.

Ces données sont en outre publiées le jour même où la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström doit rencontrer M. Lighthizer pour poursuivre le travail préparatoire en vue de négociations.

La partie européenne est sous pression, le locataire de la Maison-Blanche envisageant d’imposer des taxes douanières supplémentaires dans le secteur automobile, un secteur stratégique pour l’Allemagne en particulier.

Donald Trump, qui a eu des mots particulièrement durs par le passé envers l’Allemagne, a reçu le 20 février un rapport de son ministère du Commerce sur l’industrie automobile, au contenu toujours confidentiel.

« Si nous ne trouvons pas un accord (commercial avec l’UE), nous imposerons des tarifs douaniers » sur les voitures, avait menacé le président américain quelques jours plus tard.