Départ du vice-président exécutif d’Hydro-Québec, Éric Filion
La Presse Canadienne|Publié le 31 janvier 2023(Photo: 123RF)
Le vice-président exécutif et chef de l’exploitation d’Hydro-Québec, Éric Filion, a annoncé qu’il quittait la société d’État le 17 février prochain. C’est la deuxième annonce de départ d’un haut dirigeant d’Hydro-Québec en quelques semaines, après la démission de la présidente-directrice générale, Sophie Brochu.
Dans un communiqué publié sur le site d’Hydro-Québec, mardi, Éric Filion a simplement indiqué qu’il souhaitait entamer un «nouveau chapitre de sa carrière».
«Je tiens à saluer les qualités de leader d’Éric, notamment sa capacité à mobiliser les équipes, de même que sa grande rigueur», a pour sa part écrit Sophie Brochu, qui avait elle-même annoncé son départ, au début du mois de janvier, après trois ans en poste.
«Je me considère privilégié d’avoir œuvré, au cours des sept dernières années, auprès d’une équipe qui se consacre au quotidien à la réalisation de la mission de base d’Hydro-Québec et au service à la clientèle», a également écrit Éric Filion dans le communiqué.
L’opposition s’inquiète de l’indépendance d’Hydro-Québec
À Québec, le chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay, a déclaré qu’il trouvait que «ça brasse pas mal à Hydro-Québec» et qu’il s’inquiète de l’indépendance des dirigeants de la société d’État.
«Vous pouvez avoir la meilleure personne comme PDG d’Hydro-Québec, mais si elle n’a pas de plan complet quant au développement, si elle a un ministre Fitzgibbon qui est toujours au-dessus de son épaule (…) puis qui gère ça comme un Dollarama ? Ça ne marchera pas.»
Selon le chef du Parti libéral du Québec, les messages envoyés par le gouvernement concernant les projets d’Hydro-Québec sont contradictoires.
«La semaine passée, monsieur Fitzgibbon (le ministre de l’Économie et de l’Énergie) disait qu’on n’aura pas besoin de barrage, si nous faisons tellement bien dans le développement de deux choses, l’éolien, puis l’efficacité énergétique, puis là, aujourd’hui on apprend qu’il y aura un mémoire qui sera déposé par Hydro-Québec, mais on va parler de construction de plusieurs barrages. Ça prend une vision, ça presse. Puis, pendant ce temps-là, ça brasse à Hydro-Québec. C’est très préoccupant.»
En réaction à la démission d’Éric Filion, le chef solidaire Gabriel Nadeau-Dubois a indiqué qu’il y a «fort probablement anguille sous roche» dans cette histoire.
Gabriel Nadeau-Dubois a réitéré sa demande de tenir une commission parlementaire d’urgence afin d’entendre Sophie Brochu à l’Assemblée nationale.
«La transition énergétique, là-dessus je suis d’accord avec le premier ministre, c’est le plus grand défi des prochaines décennies au Québec, ça ne peut pas se décider derrière des portes closes, on a le droit de savoir ce qui s’est passé à la haute direction d’Hydro-Québec» et «on a droit de savoir quelle est la mission d’Hydro-Québec, ça appartient aux Québécois et Québécoises».
Le porte-parole du Parti québécois, Pascal Bérubé, a également exprimé des soupçons concernant l’indépendance des dirigeants d’Hydro-Québec.
«Je ne connais pas les raisons de monsieur Filion, mais si les gens quittent, il faut croire qu’ils pensent qu’ils seront plus heureux ailleurs, et comment le gouvernement explique ça ? Il faut avoir beaucoup foi en Pierre Fitzgibbon pour considérer que la somme des avantages de ses actions est supérieure à la somme de ses désavantages au plan éthique et sur le plan des départs de cadres supérieurs», a dit le député péquiste.
Lors d’un point de presse avec des journalistes en matinée à Québec, la vice-présidente, développement durable, communication et relations avec les communautés pour Hydro-Québec, Julie Boucher, s’est fait demander si le contexte politique pouvait expliquer le départ d’Éric Filion.
Elle a répondu «qu’il y a plusieurs éléments sur lesquels, quoi qu’on en dise, le gouvernement du Québec et Hydro-Québec font du travail ensemble et avancent dans le bon sens pour la transition énergétique».
Une structure inchangée
Dans le communiqué d’Hydro-Québec publié mardi, il est écrit que la structure de l’organisation «demeure inchangée. Régis Tellier, vice-président Opérations et maintenance, et Geneviève Fournier, vice-présidente Marketing et expérience client, relèveront de Sophie Brochu jusqu’à nouvel ordre».