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Dépenser pour des articles non essentiels n’est pas impossible

La Presse Canadienne|Publié le 01 août 2023

Dépenser pour des articles non essentiels n’est pas impossible

Pouvoir voyager et manger au restaurant tout en se permettant de vivre confortablement devient de plus en plus difficile. (Photo: La Presse Canadienne)

Lorsque le coût de presque tout est à la hausse, il peut être difficile pour les jeunes Canadiens d’imaginer mettre de l’argent de côté pour les choses qu’ils désirent, plutôt que seulement pour leurs besoins essentiels. 

Cependant, dépenser pour les choses «amusantes» de la vie n’est pas une tâche impossible pour la génération Y et la génération Z, estiment des experts – cela pourrait simplement nécessiter des sacrifices et une nouvelle perspective.

«Ce à quoi nous avons été habitués dans le passé est complètement différent de ce que nous voyons aujourd’hui», observe Barry Choi, expert en finances personnelles, en voyages et en argent pour les millénariaux chez le site moneywehave.com.

«Pouvoir voyager et manger au restaurant tout en se permettant de vivre confortablement devient de plus en plus difficile, et avec l’anxiété de ratage que plusieurs peuvent ressentir avec ce que les gens publient en ligne, il est compréhensible que tant de jeunes aient l’impression d’être à la traîne en ce qui a trait à l’épargne et au plaisir.»

Succomber à ce genre de pression – souvent issue de multiples sources, y compris des membres de la famille et des idées socialement ancrées liées au «succès» – est quelque chose que Jesse Kennedy, un résident de Montréal âgé de 34 ans, dit avoir été forcé de surmonter au cours des dernières années.

Alors qu’il était dans la vingtaine, M. Kennedy a occupé divers emplois dans l’industrie de la restauration de l’Île−du−Prince−Édouard. Au cours de ces huit années, ses chèques de paie et ses pourboires étaient dépensés aussitôt qu’ils lui parvenaient.

«Parce que j’étais payé en espèces, j’entrais dans un magasin de vêtements et je dépensais 350 $ sur quelques pantalons et quelques chemises, et je n’y pensais même pas à deux fois, se souvient M. Kennedy. Je me disais que je pourrais tout recommencer le week−end prochain.»

Cependant, au fil du temps, M. Kennedy s’est rendu compte qu’il aurait besoin de faire de sérieux changements s’il voulait obtenir une stabilité financière. Il est retourné à l’université, a occupé plusieurs emplois à la fois pour rembourser ses dettes et a réussi à acheter une copropriété à Charlottetown, tout en trouvant un moyen d’économiser et de dépenser pour s’amuser.

«Heureusement, j’étais dans une province où le coût de la vie était moins élevé, ce qui m’a donné l’occasion de faire toutes ces choses, souligne−t−il, mais pour moi, c’était vraiment une question de réaliser ce qui était important pour moi à cette époque, de gérer mes attentes et de prendre mes décisions financières en fonction de cela.»

 

Ne pas se priver d’absolument tout

M. Choi fait écho à ce sentiment en soulignant que l’aspect le plus important des dépenses de plaisirs non essentiels est de réaliser ce qui est réaliste compte tenu de la situation, et de gérer ses attentes en conséquence. Dépenser pour des choses comme des voyages, des divertissements et les sorties au restaurant est certainement possible, mais le montant exact que l’on dépense pour ces choses dépend presque entièrement de l’individu.

«Si on vit dans une grande ville, comme Toronto ou Vancouver, on doit consacrer plus d’argent aux frais de subsistance, note−t−il. Et si on veut acheter une maison plus tôt, on doit également établir des priorités en conséquence – car la simple réalité est que chaque fois qu’on dépense pour quelque chose d’amusant, cela empêche de l’investir dans quelque chose dont on a besoin.»

Selon M. Choi, cela signifie comprendre que l’on ne peut pas partir en vacances une fois par an, comme le faisaient ses parents, ou manger au restaurant deux fois par semaine comme ses amis les plus riches pourraient le faire – mais cela ne signifie pas que le jeune Canadien moyen doit se priver d’absolument tout.

«Même si on n’économise qu’une petite somme pour les choses amusantes, quelque chose comme 50 $ par mois peut permettre de s’offrir de très belles vacances après deux ou trois ans», ajoute−t−il.

En fait, M. Choi insiste sur l’importance de vivre le genre d’expériences qui ne sont possibles que lorsqu’on est jeune – comme voyager beaucoup sans le stress d’un travail à temps plein ou sortir le week−end sans avoir à se soucier de faire garder les enfants.

«Trouver des moyens d’obtenir les expériences que l’on souhaite (…) est une excellente façon de s’assurer de ne pas passer à côté de la vie seulement pour accumuler un plus gros REER», estime M. Choi.

Rechercher des postes rémunérés à l’étranger ou se montrer futé avec la recherche de réductions sur les divertissements et les restaurants sont deux choses que M. Choi recommande. Cependant, il estime que trouver un moyen de rendre ses loisirs moins chers est probablement la meilleure solution.

«Si on aime manger au restaurant, c’est super, mais peut−être qu’il serait plus économique pour quelqu’un de gourmand d’apprendre à cuisiner, souligne−t−il. Mais bien sûr, cela revient toujours à ce qui est le plus important pour soi et à ce dont on est prêt à se passer ou non.»

C’est quelque chose que M. Kennedy a pris à cœur, en particulier au cours des premières années de sa carrière dans la finance. Bien qu’il se soit une fois pour tout assuré de réduire ses dépenses frivoles et de choisir des passe−temps peu coûteux, il note qu’il a quand même réussi à trouver des moyens de faire des folies pour ce qui est important pour lui, notamment un voyage à Bali, où il a pu rencontrer la famille élargie de la personne avec qui il partage sa vie.

«Le voyage était assez cher, mais je ne le changerais pas, car nous avons tous les deux vécu cette expérience incroyable que nous ne pouvions probablement faire que dans cette période de notre vie, et c’était aussi encourageant parce que c’était la première fois que je me permettais de faire quelque chose comme ça d’un point de vue financier», se souvient−il.

«Donc, je pense que cela dépend vraiment de ce qu’on va obtenir de ses dépenses — d’un point de vue tangible, mais aussi émotionnellement.»