Un missile explose dans la ville de Gaza durant l'offensive israélienne, dimanche soir. (Photo: AP - La Presse Canadienne)
Des Canadiens disent être coincés en Israël au milieu des combats meurtriers, dimanche,alors que les compagnies aériennes annulent leurs vols et qu’il s’avère difficile de rejoindre l’ambassade du Canada au courant du week-end de l’Action de grâce.
Par ailleurs, Affaires mondiales Canada a déclaré être au courant des nouvelles faisant état d’un Canadien figurant parmi les personnes tuées au cours de l’assaut du Hamas et de deux autres manquant à l’appel.
Aucune précision n’a été donnée sur l’identité de ces Canadiens.
«Les représentants du gouvernement canadien en Israël sont en contact avec les autorités civiles pour confirmer et rassembler des renseignements supplémentaires, peut-on lire dans la déclaration de l’agence. La première priorité du gouvernement du Canada est la sûreté et la sécurité de ses citoyens. Pour cette raison, nous ne formulerons aucun commentaire ni ne divulguerons des informations pouvant compromettre les efforts en cours ou mettre en danger des Canadiens.»
Robbie Segall, un Montréalais de 22 ans en stage en Israël, a affirmé qu’il se sentait en sécurité dans le village d’Efrat en Cisjordanie, où il séjourne avec des amis pour la fête juive de Simchat Torah, mais qu’il était frustré par «le manque de soins ou d’assistance du gouvernement canadien».
M. Segall a raconté qu’il se trouvait dans une synagogue lorsque les sirènes des raids aériens ont commencé à retentir, provoquant de multiples déplacements vers des abris anti-bombes et l’annulation des services religieux pour la fête.
Il a dit avoir contacté la ligne de contact d’urgence mise en place pour les Canadiens en Israël, mais avoir été redirigé vers l’ambassade du Canada. M. Segall a indiqué qu’on lui avait dit que l’ambassade était fermée pour l’Action de grâce, et que les demandes d’informations sur les voyages et les urgences ne recevraient de réponse qu’après le long week-end.
«Heureusement, je suis dans un endroit où je me sens plus en sécurité, mais si je sentais que j’avais vraiment, vraiment besoin de sortir, je ne pourrais obtenir aucune aide du gouvernement canadien, de l’ambassade, jusqu’à mardi», a-t-il déclaré, en entrevue.
Kendall et Marie Fullerton, de Toronto, se trouvaient pour leur part sur le site archéologique de Megiddo, samedi, lorsque des militants du Hamas ont tiré des milliers de roquettes et envoyé des dizaines de combattants pour infiltrer la frontière israélienne, fortement fortifiée, par voie aérienne, terrestre et maritime.
L’attaque sans précédent a été qualifiée de la plus meurtrière contre Israël depuis des années, l’incursion et la contre-offensive ayant tué des centaines de personnes des deux camps, et blessé des milliers d’autres.
«Pour l’instant, la situation est correcte, mais je pense qu’Israël va probablement intensifier certaines opérations offensives, et cela va probablement exercer une pression sur d’autres entités de la région», a dit Kendall Fullerton à La Presse Canadienne, depuis Tel-Aviv, où il est en vacances avec des membres de sa famille depuis la fin du mois de septembre.
«Il se peut que cela devienne de plus en plus chaud avec le temps, donc nous sommes plutôt impatients de quitter cet endroit.»
Le gouvernement israélien a officiellement déclaré la guerre, dimanche, et a donné son feu vert à des «mesures militaires significatives» pour riposter contre le Hamas, alors que l’armée tentait d’écraser les combattants encore présents dans les villes du sud et intensifiait ses bombardements sur la bande de Gaza.
Le couple Fullerton a raconté que Tel-Aviv était plutôt calme dimanche, mais qu’elle a vu des avions de combat et de la fumée provenant de villes lointaines. Le groupe a aussi entendu de multiples sirènes de raid aérien, ce qui a conduit à des séjours dans l’abri anti-bombe de leur hôtel, depuis l’incursion du Hamas.
Après l’annulation de leur vol de retour, ils ont passé la journée de dimanche à essayer d’en réserver un autre, en vain, car la plupart des compagnies aériennes continuaient d’annuler leurs vols. Air Canada a annoncé qu’elle annulait temporairement ses vols à destination et en provenance de Tel-Aviv à compter de dimanche, et qu’elle ajusterait ses plans à mesure que les choses évoluent.
Marie Fullerton a déclaré qu’elle avait essayé de joindre l’ambassade du Canada à Tel-Aviv depuis que la nouvelle de l’attaque avait été annoncée, mais qu’elle avait été renvoyée à des lignes téléphoniques d’urgence, et qu’elle n’avait pas pu obtenir d’informations directes en raison des heures d’ouverture de l’ambassade pendant le long week-end de l’Action de grâce.
«Ce que j’apprécierais, c’est d’avoir un vol sur lequel nous pouvons garantir, miser sur, mettre de l’argent et partir», a dit Kendall Fullerton, soulignant qu’ils envisageaient de conduire jusqu’en Jordanie et de prendre l’avion à partir de là, mais qu’ils ne savaient pas si cela serait prudent.
Affaires mondiales Canada n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires, dimanche, mais a conseillé aux plus de 1400 Canadiens enregistrés en Israël et aux 492 dans les territoires palestiniens de limiter leurs mouvements et de s’abriter sur les lieux où ils se trouvent jusqu’à ce qu’ils puissent partir en toute sécurité.
Affaires mondiales Canada a exhorté les Canadiens voyageant dans la région à faire preuve d’une «grande prudence» en Israël et à éviter tout voyage vers la bande de Gaza et les frontières du pays avec la Syrie, l’Égypte et le Liban. Les voyages non essentiels vers la Cisjordanie et la frontière de la bande de Gaza ont également été déconseillés.
L’agence a dit que la capacité du gouvernement canadien à fournir des services consulaires aux Canadiens dans la bande de Gaza est «limitée» et qu’en cas d’expulsion, les autorités locales ne sont pas obligées d’informer l’ambassade du Canada à Tel-Aviv ni le bureau de liaison du Canada à Ramallah.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau a parlé dimanche à son homologue israélien Benyamin Nétanyahou. Il en a profité pour «condamné sans équivoque» l’attaque du Hamas. Il a aussi exprimé «la grande inquiétude» du Canada par les atrocités commises.
«Le premier ministre Trudeau a réitéré que le Canada est solidaire d’Israël et qu’il soutient pleinement son droit de se défendre», peut-on lire dans le compte-rendu du cabinet du premier ministre fédéral.
Les deux chefs de gouvernement ont convenu «de rester en contact étroit à mesure que la situation évoluera».
L’organisme montréalais Médecins sans frontières a déclaré dans un communiqué, dimanche, que son équipe à Gaza préparait un don de médicaments aux hôpitaux et aux établissements de santé, surpeuplés de patients blessés, ainsi qu’à court de médicaments et de carburant pour les génératrices. L’organisme a précisé qu’il existait peu d’options sûres pour déplacer les patients vers les établissements de santé, car les ambulances étaient touchées par des frappes aériennes.
«Il s’agit de blessures par balle et par éclats d’obus, répartis de manière aléatoire sur les membres supérieurs et inférieurs», a indiqué dans un communiqué le responsable de l’activité médicale, Jean Pierre.
Présence policière dans les mosquées et synagogues
Au Canada, certains corps de police ont renforcé leur présence dans les mosquées et les synagogues en raison des violences.
S’exprimant depuis Edmonton, Mousa Qasgas, porte-parole de l’Association culturelle Canada-Palestine, a déclaré à La Presse Canadienne que le groupe organiserait un rassemblement, dimanche, en solidarité avec les Palestiniens.
«Nous savons que les événements d’hier sont difficiles à regarder», a affirmé M. Qasqas, soulignant que son groupe a condamné le terrorisme.
Pendant ce temps, à Montréal, quelques centaines de manifestants se sont rassemblés au centre-ville, dimanche après-midi, où ils ont brandi des drapeaux palestiniens et défilé dans les rues, scandant des slogans tels que «Libérez la Palestine» et «La résistance est justifiée lorsque les gens sont envahis».