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Des Israélo-canadiens veulent rester malgré la guerre

La Presse Canadienne|Publié le 18 octobre 2023

Des Israélo-canadiens veulent rester malgré la guerre

Affaires mondiales Canada estime qu’environ 35 000 citoyens canadiens vivent en Israël. (Photo: Getty Images)

Depuis qu’Israël a déclaré la guerre au Hamas dimanche, plus de 1300 Canadiens ont quitté le pays à bord de vols militaires organisés par le gouvernement fédéral, mais pour de nombreux Canadiens ayant élu domicile dans l’État hébreu, il n’est pas question de partir.

C’est le cas de Shawna Goodman-Sone, une Montréalaise qui s’est installée en Israël il y a neuf ans.

Alors en entrevue depuis une banlieue de Tel-Aviv mercredi, elle a dû mettre fin brusquement à l’appel et se réfugier dans la pièce sécurisée de sa maison en raison d’une alerte au raid aérien.

Avant de s’enfuir dans la pièce sécurisée, Mme Goodman-Sone racontait son déménagement en Israël et les raisons pour lesquelles elle a décidé de rester dans le pays malgré la guerre avec le Hamas.

«Nous faisons un acte de foi en pensant que notre place est ici, soutient-elle. C’est ici que nous avons choisi de vivre, c’est ici que se trouve notre maison, notre communauté, nos amis, et tous les enfants de nos amis servent dans l’armée. Je suis très reconnaissante d’avoir pris cette décision.»

Affaires mondiales Canada estime qu’environ 35 000 citoyens canadiens vivent en Israël, qui permet aux personnes ayant au moins un grand-parent juif, ainsi qu’à leurs conjoints, d’obtenir rapidement la citoyenneté canadienne.

«Personne ne veut vivre sous les tirs de roquettes, ce n’est pas une façon de vivre, reconnaît Todd Sone, le mari de Mme Goodman-Sone.

«Mais on ne peut pas fuir les menaces. Il faut les affronter, car si nous passions notre vie à fuir les menaces et le mal, nous n’aurions pas de justice dans le monde.»

Le couple et deux de leurs trois fils étaient en vacances à Paris lorsqu’ils ont appris les attaques du Hamas dans le sud d’Israël qui ont fait plus de 1400 morts, dont le fils d’un ami proche. La famille a eu l’opportunité de partir au Canada, où elle a des proches, mais elle a choisi de retourner en Israël.

«Il y a des moments charnières dans votre vie où vous devez prendre des décisions difficiles, raisonne M. Sone. Vous pouvez emprunter un itinéraire sûr, dans ce cas-ci, un itinéraire beaucoup plus sûr, ou vous pouvez emprunter le chemin qui donne un sens à votre vie.»

Shawna Goodman-Sone, installée en Israël il y a neuf ans, et son mari Todd Sone (Photo: La Presse Canadienne)

Fort sentiment d’unité

M. Sone est originaire de Toronto et travaille dans un fonds qui investit dans des entreprises de technologie médicale. Depuis le début de la guerre, il dit passer la moitié de ses journées à faire du bénévolat dans un centre de distribution alimentaire, à emballer de la nourriture pour les Israéliens qui ont été déplacés par les attaques à la roquette du Hamas.

Après une année de manifestations massives dans les rues d’Israël contre les réformes judiciaires introduites par la coalition gouvernementale qui a polarisé la société israélienne, M. Sone perçoit désormais un fort sentiment d’unité dans le pays.

Myriam Azogui-Halbwax, qui s’est installée en Israël il y a sept ans après avoir immigré de France au Canada en 2005, affirme aussi avoir vu les gens s’unir.

Ses enfants ont rendu visite à des enfants israéliens déplacés par les attentats. Dans les groupes WhatsApp, dit-elle, les gens échangent des informations sur les funérailles et sur les familles qui font le Shiva, la période de deuil juif d’une semaine observé après les funérailles.

Mardi, Mme Azogui-Halbwax a assisté aux funérailles de Tiferet Lapidot, une jeune Israélienne ayant des liens avec le Canada qui a été tuée samedi. Comme la plupart des centaines de personnes en deuil lors des funérailles, elle dit qu’elle ne connaissait ni la jeune femme de 23 ans ni sa famille.

«Nous avons tous ressenti le besoin, l’importance de venir leur montrer notre soutien et de leur dire que nous sommes avec vous, car cela aurait pu être nos enfants», relate-t-elle.

«C’est ma maison»

Mme Azogui-Halbwax, qui possède la citoyenneté canadienne, travaille au bureau israélien du Centre consultatif des relations juives et israéliennes, où elle organise des visites en Israël pour des groupes du Canada. Elle affirme que l’idée de partir ne lui a jamais traversé l’esprit.

«C’est mon pays, ma maison. J’aime le Canada, je l’aime vraiment, mais c’est chez moi, c’est ici que vivent les miens, c’est ici que se trouve ma famille. C’est ma maison, ma place, évoque-t-elle en entrevue. Surtout en ces temps difficiles.»

Les trois filles de Mme Azogui-Halbwax sont nées à Montréal et elle espère qu’elles passeront leur vie en Israël. Son aîné a maintenant 19 ans et sert dans l’armée israélienne.

«En tant que femme et féministe, je suis fière que ma fille serve dans l’armée en tant que combattante active, mais en tant que mère, je suis extrêmement anxieuse. Je ne dors pas bien», confie-t-elle.

Ses deux autres filles — l’une de 12 ans, l’autre de presque 17 ans — auraient pu partir, mais Mme Azogui-Halbwax explique qu’elle ne pensait pas qu’elles seraient plus en sécurité à l’extérieur du pays qu’elles ne le sont à la maison, où elles sont protégées par l’armée israélienne.

Selon elle, la vie a changé depuis le début de la guerre: les écoles sont fermées, les gens ne sortent plus se promener ni aller au restaurant. Mais la brutalité de l’attaque de samedi dernier a renforcé sa décision de rester en Israël.

«Les Juifs ne disparaîtront pas, Israël ne disparaîtra pas et les Juifs ne quitteront pas Israël», soutient-elle.

 

Jacob Serebrin, La Presse Canadienne

 

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