Bourlaye Fofana, chercheur à Agriculture et Agroalimentaire Canada, dirige une équipe à Charlottetown qui a examiné des variétés de pommes de terre sauvages originaires des Andes, en Amérique du Sud, qui pourraient contribuer au développement d’une pomme de terre plus résistante à la sécheresse. (Photo: La Presse Canadienne)
Des scientifiques fédéraux dans les maritimes tentent de développer une nouvelle espèce de pomme de terre mieux adaptée aux conditions provoquées par les changements climatiques.
Bourlaye Fofana, chercheur à Agriculture et Agroalimentaire Canada, dirige une équipe à Charlottetown, sur l’Île−du−Prince−Édouard, qui a examiné des variétés de pommes de terre sauvages originaires des Andes, en Amérique du Sud, qui pourraient contribuer au développement d’une pomme de terre plus résistante à la sécheresse pour les marchés nord−américains.
Il existe plus de 5000 variétés de pommes de terre dans le monde, affirme le ministère de l’Agriculture, et ce nombre élevé a réduit les différences génétiques entre bons nombres d’entre elles, rendant certaines pommes de terre moins résistantes aux maladies et au changement climatique.
«Nous constatons de nombreux problèmes, car la diversité génétique parmi ces variétés commerciales cultivées est assez petite», a déclaré M. Fofana en entrevue. «Avec les changements climatiques et les vagues de chaleur, ce manque de diversité génétique pourrait constituer un gros problème à l’avenir.»
La plupart des variétés commerciales de pommes de terre sont d’origine tétraploïde: elles possèdent quatre copies de chaque chromosome dans leur ADN, dont deux copies héritées de chaque parent végétal. M. Fofana a travaillé avec des variétés de pommes de terre sauvages originaires du Pérou qui possèdent deux copies de chaque chromosome et sont connues sous le nom de diploïdes. Il a expliqué que la différence chromosomique rend la variété de pommes de terre sauvage plus facile à travailler en laboratoire.
«Il est plus facile de trouver des marqueurs [génétiques]; donc, si vous trouvez votre marqueur chez les diploïdes, il peut être utilisé chez les tétraploïdes», a-t-il expliqué.
Le scientifique a déclaré que les pommes de terre sauvages sont plus petites que les variétés commerciales traditionnelles, mais leur ressemblent.
«Je travaille sur les diploïdes depuis 2014 et nous obtenons des clones viables en termes de rendement, de taille et de qualité des tubercules, a-t-il affirmé. Nous savons, par exemple, que la teneur en amidon est assez bonne et que la qualité de la transformation est assez bonne.»
Des résultats encourageants
Bourlaye Fofana et son équipe, ainsi que des chercheurs de Kentville, en Nouvelle−Écosse, et un chercheur du Chili, ont évalué 384 clones de pommes de terre diploïdes sur leur tolérance à la sécheresse et la maturation des plantes. Parmi ceux−ci, 127 se sont révélés tardifs et tolérants aux conditions de sécheresse, tandis que neuf étaient précoces à modérément tardifs et tolérants à la sécheresse.
M. Fofana s’est dit «très enthousiasmé» par le potentiel des résultats de la recherche.
«Parce que dans notre collection, nous avons des pommes de terre diploïdes qui mûrissent tôt et cela signifie que vous pouvez les planter et qu’elles peuvent vous donner le rendement attendu le plus tôt possible, a-t-il dit. Nous avons également des clones qui peuvent se développer sur une période plus longue.»
Les recherches menées par le chercheur et son équipe sont considérées comme une première étape scientifique importante. Environ 50 des clones les plus prometteurs sont remis au programme de sélection du ministère à Fredericton pour une étude plus approfondie.
À l’usine de Fredericton, les clones de pommes de terre seront évalués en fonction de leur taille et de leur forme, ainsi que de leur potentiel de rendement et de leurs caractéristiques de cuisson et de transformation. Après cela, ils pourraient être commercialisés sous forme de variétés de pommes de terre, ou leurs graines, plantes ou parties de plantes pourraient être utilisées dans la sélection de pommes de terre.
M. Fofana a déclaré que le renforcement de la résilience des cultures devient de plus en plus important à mesure que les conditions deviennent plus sèches et plus chaudes, même dans les régions fertiles.
«Avec les changements climatiques, la fréquence des sécheresses augmente, en particulier là où les ressources en eau sont limitées, a-t-il stipulé. Nous devons donc être proactifs et voir comment adapter nos cultures et notre système de culture pour répondre à ces nouveaux défis.»
Keith Doucette, La Presse Canadienne