Des Premières Nations s’opposent à un projet d’Hydro-Québec
La Presse Canadienne|Publié le 03 Décembre 2020Un projet de ligne de transport d’électricité vers la Nouvelle−Angleterre fait face à beaucoup d'opposition.
Cinq communautés autochtones du Québec et la Nation innue du Labrador demandent à la Régie de l’énergie du Canada d’empêcher Hydro−Québec de construire une ligne de transport d’électricité vers la Nouvelle−Angleterre en faisant valoir la défense de leurs droits constitutionnels.
Dans une sortie commune effectuée par voie de communiqué, jeudi, les Premières Nations de Pessamit, Wemotaci, Pikogan, Lac Simon et Kitcisakik ainsi que la Nation innue du Labrador ont indiqué avoir soumis deux mémoires auprès de l’organisme fédéral, qui devra donner son aval afin que le projet d’interconnexion puisse se réaliser en territoire canadien.
Il s’agit d’une nouvelle tentative de la part des cinq communautés autochtones de la province, qui avaient fait part de leur opposition auprès du ministère américain de l’Énergie le mois dernier.
«Hydro−Québec veut exporter de l’électricité aux États−Unis, mais contrairement à l’Ontario qui s’acquitte de ses obligations constitutionnelles, le Québec ne manifeste aucune volonté de compenser nos communautés pour l’ennoiement et la destruction de nos territoires traditionnels», ont fait valoir les Anishnabeg de Pikogan, de Lac Simon et Kitcisakik par l’entremise de leurs chefs Monik Kistabish, Adrienne Jérôme et Régis Pénosway.
«Cette électricité vient de chez nous, et on n’a pas l’intention de se laisser faire.»
La société d’État mise sur le New England Clean Energy Connect (NECEC), qui a reçu la majorité de ses approbations au sud de la frontière, pour acheminer 9,5 térawattheures d’énergie au Massachusetts dans le cadre d’un contrat d’approvisionnement qui doit générer des revenus de plusieurs milliards de dollars. Le projet fait également face à de l’opposition au Maine, un État que la ligne doit emprunter.
La Nation innue du Labrador a quant à elle fait valoir qu’Hydro−Québec a toujours «refusé de discuter de compensations (…) pour les torts causés à leur territoire traditionnel au cours du dernier demi−siècle».
Le mois dernier, celle−ci avait annoncé le dépôt d’une poursuite dans laquelle 4 milliards $ étaient réclamés à la société d’État. Les allégations, qui n’ont pas été prouvées devant un tribunal, faisaient valoir qu’Hydro−Québec avait joué un rôle dans la réalisation du complexe hydroélectrique Churchill Falls, à Terre−Neuve−et−Labrador, au début des années 1970, et qu’elle avait donc contribué à la destruction de terres ancestrales.
Par courriel, Hydro−Québec a dit comprendre «l’importance des revendications territoriales et des enjeux territoriaux pour les communautés autochtones», en ajoutant qu’il s’agissait généralement de questions abordées «dans le cadre de discussions ou de négociations de traités entre les gouvernements fédéral et provinciaux et les communautés ou nations autochtones concernées».