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Des produits toxiques contenus dans des articles courants

La Presse Canadienne|01 septembre 2022

Des produits toxiques contenus dans des articles courants

Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault assure être ouvert à la possibilité d’apporter des changements à la loi. (Photo: La Presse Canadienne)

Ottawa — Un organisme canadien voué à la protection de l’environnement réclame une application plus transparente et plus ferme des règles nationales encadrant les produits chimiques toxiques après avoir découvert que plus du quart d’une série d’articles achetés dans un magasin populaire à bas prix contenait des substances dangereuses comme le plomb.

D’après le rapport publié par l’organisme Environmental Defence, les analyses ont été menées sur des dizaines de produits incluant des appareils électroniques, des jouets, des aliments en conserve et du maïs soufflé à faire cuire au four à micro-onde.

Plusieurs des résultats obtenus démontraient que le taux de matière toxique présent était à l’intérieur des normes permises, mais les auteurs du rapport soutiennent que ces limites sont trop permissives.

Par ailleurs, parmi l’une des principales préoccupations des auteurs du rapport, on note que la Loi canadienne sur la protection de l’environnement ne limite actuellement le taux de substances toxiques qu’aux matières «accessibles» de la partie extérieure des produits.

Au nombre des trouvailles, l’anneau extérieur d’une paire d’écouteurs contenait 24 fois la limite légale de plomb et cinq fois la limite permise de cadmium.

À l’intérieur de ces mêmes écouteurs, les soudures contenaient 170 fois le taux jugé sécuritaire sur la surface extérieure d’un objet. Sur une autre paire d’écouteurs, les soudures contenaient 3000 fois la quantité de plomb permise sur la surface extérieure d’un objet.

Mais justement, ces soudures ne sont pas soumises aux normes parce qu’elles sont à l’intérieur de l’objet.

La directrice du programme des produits toxiques chez Environmental Defence, Cassie Barker, fait remarquer qu’un produit peut éventuellement être abîmé ou brisé, exposant ainsi des pièces dangereuses. Elle estime donc que la norme devrait s’appliquer à l’ensemble d’un produit et non seulement aux surfaces accessibles lorsqu’il est neuf.

«De la manière dont les enfants manipulent un produit et comme on sait qu’ils vont briser des choses, les parties internes contenant du plomb vont rapidement devenir des parties externes contenant du plomb», souligne-t-elle.

Les méfaits de l’empoisonnement au plomb ont été bien documentés depuis plus de 50 ans. Cette substance peut causer des retards cognitifs et du développement des enfants en cas d’exposition à des taux élevés. Chez les adultes, cela peut mener à de l’hypertension et des troubles rénaux. Le plomb a été banni dans l’essence, les conserves et la peinture.

Le cadmium est souvent présent dans les piles, les enduits et les stabilisateurs de matières plastiques. Il s’agit d’une substance cancérogène connue.

Pour Mme Barker, l’analyse des écouteurs montre à elle seule que la loi sur les matières toxiques doit être renforcée.

«De toute évidence, les détaillants ne devraient pas abdiquer leur responsabilité d’offrir des produits sécuritaires sur leurs tablettes, a-t-elle soutenu. Les régulateurs doivent aussi colmater les brèches dans la loi.»

Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a dit vouloir lire le rapport d’abord, mais assure être ouvert à la possibilité d’apporter des changements à la loi qui fait déjà en ce moment l’objet d’une mise à jour devant être débattue cet automne à la Chambre des communes.