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Depuis plus de 30 ans, des stations de ski proposent des glissades d’eau ou encore un parcours de golf aux pieds de leurs pistes. Voilà que la randonnée pédestre, le vélo de montagne, les tyroliennes, le cinéma en plein air, les camions de rue, ainsi que le camping s’inscrivent parmi les différentes activités offertes, ici et là, dans une trentaine d’établissements.
«Ce virage estival est nécessaire pour la pérennité de nos destinations», affirme Maxime Legros, directeur général de la station Ski Mont Blanc. Au cours des trois prochaines années, la station de Saint-Faustin fera justement l’objet d’un investissement majeur de plus de 60 millions de dollars (M$) afin de favoriser une formule quatre saisons. Devenue la propriété de la famille Forman à l’automne 2021, la destination laurentienne propose désormais une plage urbaine, des activités nautiques et de la descente en vélo de montagne. La construction d’un hôtel de 150 chambres, qui représentera plus de la moitié de l’investissement, figure, elle aussi, dans les plans de la nouvelle direction, souligne le dirigeant.
«Pour stimuler l’attractivité d’une montagne, et en augmenter la valeur immobilière pour l’éventuelle construction de condos, la formule quatre saisons est désormais indispensable», maintient le gestionnaire Legros. C’est aussi la meilleure recette pour conserver sa garde rapprochée. Pour la première fois depuis son ouverture en 1957, la station Mont Blanc, qui célèbre son 65e anniversaire, a pu sécuriser les postes d’une trentaine de personnes clés au sein des quelque 300 employés qui travaillent à la montagne.
Meilleure écoute pour l’aide financière
Le gestionnaire qui cumule plus de 20 ans d’expérience dans diverses stations (Ski Saint-Bruno, Mont Vidéo, Mont Gleason, et Val Saint-Côme) constate également que les institutions financières sont beaucoup plus à l’écoute pour des demandes de prêts lorsqu’une station offre davantage que ses activités de glisse.
Un avis que partage Sébastien Tremblay qui dirige le centre de plein air mont Grand-Fonds, dans Charlevoix. Généralement fermée pendant la période estivale, la station propose depuis deux ans de la randonnée pédestre, du vélo de montagne ainsi qu’une quinzaine d’emplacements de camping dans son stationnement.
«Grâce à cette nouvelle diversification qui prolonge à 12 mois notre calendrier d’activités, nos demandes de financement obtiennent beaucoup plus de considération de la part des institutions financières et des gouvernements», affirme-t-il. Le mont Grand-Fonds a d’ailleurs bénéficié d’une part de l’enveloppe de 11 M$ accordée par le ministère du Tourisme au printemps 2022 pour stimuler le développement durable des montagnes de la province.
Du positif pour les régions
Les retombées de la stratégie quatre saisons rayonnent également au-delà des pentes de ski, remarque Mathieu Desmarais, directeur général de la station récréotouristique du mont Adstock. Un nouveau domaine de camping avec chalets, d’au moins 500 emplacements, est en voie d’ouvrir ses portes près de sa station. «Sans l’implantation de sentiers de vélo de montagne et de randonnée pédestre dans notre cour, ce projet n’aurait jamais vu le jour», soutient le gestionnaire. Mathieu Desmarais note également que les employeurs de la région utilisent désormais la nouvelle personnalité quatre saisons de la montagne comme élément d’attraction et de rétention de personnel.
La clientèle doit être au rendez-vous
Des formules estivales, tels des jeux d’eaux et du vélo de montagne avec remontées mécaniques, le Parc régional de Val d’Irène en a testé au cours des 10 dernières années. Faute d’un bassin de visiteurs suffisamment élevé, ces initiatives se sont malheureusement soldées par des pertes de plus d’un million de dollars pour l’établissement.
L’actuel dirigeant de la destination, Germain Barette, ne tourne pas pour autant le dos à l’été. «La recette peut être rentable, dit-il. Il faut miser sur des infrastructures qui serviront à la population locale», croit-il. En plus d’avoir confié la gestion du réseau de sentiers de vélo de montagne à une dizaine de bénévoles, la station a investi pour climatiser sa structure d’accueil pouvant recevoir jusqu’à 225 personnes. Résultat : la salle est déjà réservée pour une dizaine d’événements l’été prochain.
Petits revenus, mais…
Enfin, à l’exception des grandes stations où les activités estivales sont déjà établies depuis des décennies, les revenus issus de la chaude saison sont loin d’être aussi prolifiques que la vente de billet de ski. «Chez nous, le calendrier d’activités estivales représente à peine 5 % des revenus annuels», reconnaît Luc Élie, gestionnaire et propriétaire de Mont Rigaud, une destination où le vélo de montagne s’invite depuis 2011. Un estimé que partagent d’autres gestionnaires interrogés. Mais tous s’entendent qu’il s’agit de revenus dont leur destination ne pourrait plus se passer.