Des vents de face pour l’économie… et les prévisions budgétaires

Publié le 12/03/2024 à 16:59

Des vents de face pour l’économie… et les prévisions budgétaires

Publié le 12/03/2024 à 16:59

Par Courrier des lecteurs

«Le Québec a besoin d’une économie forte et dynamique pour maintenir ses ambitions.» (Photo: 123RF)

Un texte de Philippe Gougeon, directeur et économiste, Appeco Analyste stratégique et de Pierre Graff, PDG du regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec

 

BUDGET DU QUÉBEC. Depuis la dernière mise à jour financière et, surtout, la fin des négociations avec le secteur public, le ministre des Finances et le premier ministre avaient préparé les esprits à un budget 2024-2025 difficile et déficitaire. C’est pourquoi aujourd’hui, il ne faut pas s’étonner du déficit record de près de 11G$ annoncé pour l’année financière en cours, après versement au fonds des générations. 

C’est également sans surprise que la santé et l’éducation se sont partagées la part la plus importante des nouveaux investissements. Sur les 8,8G$ de nouvelles sommes annoncées, c’est près de 5 G$ qui sont consacrés à ces deux missions.

 

Déficits, équilibre et équité intergénérationnelle 

Malgré un déficit d’une ampleur aussi importante, le ministre a maintenu son intention de retourner à l’équilibre budgétaire. Toutefois, aucun plan n’a été présenté à ces fins, car il faudra attendre l’édition 2025-2026 pour en estimer les contours. 

Le ministre Girard indique déjà que ce retour à l’équilibre se fera entre autres par une révision des programmes, ainsi que des rajustements à la fiscalité des entreprises et des particuliers (sans augmenter la TVQ, a-t-il pris soin de préciser). 

Si le retour à l’équilibre budgétaire est important à long terme, il est maintenant clair que cet objectif ne sera pas atteint avant longtemps. En outre, les cibles de dépenses pour y parvenir sont faibles et les économies que le gouvernement entend réaliser avec ses diverses révisions sont incertaines. Cela dit, le ministre a prévu des réserves de 1,5 G$ par année pour les quatre dernières années du cadre financier. Sans ces sommes mises de côté, le retour à l’équilibre budgétaire serait plus facile à envisager. 

Malgré tout, le gouvernement estime qu’il réussira à atteindre ses cibles en matière d’endettement public. D’un point de vue d’équité intergénérationnelle, il est primordial que le gouvernement maintienne fermement le cap à ce titre.

 

Le poids du public pourrait ralentir le privé 

Autre constat de ce budget: la taille de l’État n’a jamais été aussi importante. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, cela présente un double défi pour le secteur privé et sa croissance si nécessaire au maintien de nos services publics. En effet, chaque emploi créé au public (hors santé et éducation) est une occasion en moins pour le privé. Il s’agit donc d’un jeu à somme nulle et préoccupant, alors que s’inversent les courbes démographiques. 

Aussi, puisque Québec a demandé aux entreprises de trouver des solutions à la pénurie de main-d’œuvre par des alternatives technologiques, il serait logique qu’il envisage aussi d’adopter cette démarche afin de réduire ses propres besoins en travailleurs. En ce sens, il faut souligner les investissements en transformation numérique de l’État. En conséquence, il aurait été logique d’annoncer une diminution de la taille de l’appareil étatique. 

 

La croissance économique sera nécessaire 

Avec une croissance réelle avoisinant 0% pour l’année en cours et 0,6% pour l’année prochaine, les perspectives pour l’économie du Québec sont pour le moins faibles. Si l’on prend en plus en compte l’absence de perspective immédiate de baisse du taux directeur, il sera difficile pour la demande intérieure d’augmenter au rythme prévu dans le second semestre. 

Outre les investissements réalisés dans les secteurs de l’aérospatiale, du forestier et l’aluminium, il aurait été à propos d’adresser d’autres enjeux structurels comme le manque de relève notamment à travers la facilitation du rachat d’entreprises. 

Le Québec a besoin d’une économie forte et dynamique pour maintenir ses ambitions. Le gouvernement a posé de nombreux gestes depuis son arrivée pour stimuler l’activité économique. Dans son budget, le ministre affirme qu’il est essentiel que les revenus croissent plus rapidement que les dépenses, soit à un taux de 1,1% comparativement à la prévision actuelle de 0,4%. Si on veut éviter de réduire encore davantage les dépenses, le gouvernement devra poursuivre ses investissements dans la croissance économique. 

L’exercice du budget 2024-2025 s’est assurément révélé complexe pour le ministre des Finances. Cela dit, il faudra encore beaucoup de vents favorables et d’appui de ses collègues pour que le gouvernement atteigne ses cibles de dette et retrouve l’équilibre budgétaire. 

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