Les bénéfices par action sont passés de 0,99 $ en 2010 (l’exercice de Visa se termine en septembre) à 5,86 $ en 2021. Il s’agit d’un taux de croissance annuel composé de 17,6%. (Photo: Getty Images)
BLOGUE INVITÉ. Pour celui qui investit dans un titre boursier, la recette idéale pour réaliser un excellent rendement à long terme est ce que j’appelle un «double atout».
Ainsi, le titre de la société dans laquelle il investit bénéficie de deux leviers qui favoriseront son appréciation au fil des ans:
- Une augmentation sensible des bénéfices par action de la société ;
- Une augmentation sensible du ratio cours-bénéfice que les investisseurs seront prêts à payer pour le titre de cette société.
Prenons l’exemple d’une société dans laquelle nous avons investi il y a maintenant 11 ans et qui nous a procuré depuis ce temps d’excellents rendements boursiers: Visa.
À l’époque, le titre de Visa valait environ 18 $ (toutes les données qui suivent sont ajustées pour un fractionnement subséquent 4-pour-1) et il était évalué à près de 15 fois les bénéfices prévus. Il s’agissait d’un ratio d’évaluation relativement bas par rapport à son évaluation historique en raison de craintes que le gouvernement américain pourrait décider de réglementer les transactions de débit, réduisant ainsi significativement la rentabilité de ces transactions pour Visa (et Mastercard).
Or, nous avons clairement bénéficié d’un «double atout» avec Visa.
En premier lieu, les bénéfices par action sont passés de 0,99 $ en 2010 (l’exercice de Visa se termine en septembre) à 5,86 $ en 2021. Il s’agit d’un taux de croissance annuel composé de 17,6%.
En deuxième lieu, le ratio cours-bénéfice octroyé par les investisseurs au titre de Visa est passé de près de 15,0 en 2011 à environ 31,0 fois les bénéfices actuellement prévus pour 2022.
Ces deux facteurs combinés ont fait que le titre est passé de près de 18 $ en 2011 à son cours récent de 220 $. Il s’agit d’un rendement annuel composé de 25,6%.
J’estime que c’est le travail de tout investisseur de tenter de dénicher de tels «doubles atouts». Pour ce faire, il doit rechercher des sociétés qui ont le potentiel d’accroître sensiblement leurs bénéfices dans les cinq ou dix prochaines années.
Je crois personnellement qu’on augmente ses chances de trouver de telles sociétés en se concentrant sur celles qui ont déjà fait leurs preuves, qui sont rentables et en croissance. On devrait également tenter d’identifier les sociétés qui ont développé un modèle d’affaires soutenable à long terme, protégé par des barrières concurrentielles à l’entrée élevées.
Une fois les sociétés identifiées, un investisseur doit tenter d’acheter leur titre à un niveau d’évaluation raisonnable. Idéalement, il devrait être en mesure de percevoir le potentiel d’augmentation du ratio cours-bénéfice avec les années, comme cela a été le cas avec le titre de Visa.
En payant des ratios d’évaluation raisonnables, l’investisseur augmente non seulement son potentiel de rendement à long terme, il réduit aussi appréciablement le risque de baisse au cas où il se serait trompé quant aux perspectives de croissance des bénéfices de la société. La recette pour obtenir de forts rendements est donc bien simple, mais son application est loin d’être facile!
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements chez COTE 100