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É-U: la hausse des prix ralentit, prémices d’une lente décrue

AFP|Publié le 14 septembre 2021

É-U: la hausse des prix ralentit, prémices d’une lente décrue

Elle s'attend à une inflation encore supérieure à 2% tout au long de l'année 2022. (Photo: 123RF)

Washington — La hausse des prix à la consommation a ralenti en août aux États-Unis, y compris pour les très prisées voitures d’occasion, confortant les vues de nombreux économistes, dont ceux de la Maison Blanche, qui prévoient une forte inflation, temporaire seulement, mais la décrue s’annonce lente.

La hausse des prix a été de 0,3% par rapport à juillet, en baisse pour le deuxième mois d’affilée, selon l’indice CPI publié mardi par le département du Travail. Elle était de 0,5% en juillet, et c’est aussi moins fort que les 0,4% attendus par les analystes.

L’inflation a été tirée par les prix de l’essence, de l’ameublement, de l’alimentation et du logement.

Les voitures neuves, dont la production est fortement perturbée par la pénurie mondiale de semi-conducteurs, ont vu leurs prix grimper de 6,4% sur un an, la plus forte hausse depuis janvier 1982.

En revanche, les prix des voitures d’occasion reculent pour la première fois depuis février (-1,5%), après avoir bondi au printemps. Sur un an, la hausse est de 31,9%.

Les billets d’avion étaient également moins chers en août qu’en juillet (-9,1%), le variant Delta de la COVID-19 entravant de nouveau les déplacements.

En excluant les prix volatils de l’alimentation et de l’énergie, l’inflation dite sous-jacente est même la plus faible depuis février 2021, à 0,1%.

 

Chaînes d’approvisionnement

Mais surtout, l’inflation sur un an, qui n’avait cessé de grimper depuis le début de l’année, provoquant des sueurs froides sur les marchés, a ralenti pour la première fois depuis octobre 2020. Elle s’est établie à 5,3% contre 5,4% en juillet.

Elle s’était accélérée fortement à partir d’avril. La différence était alors énorme entre les prix du printemps 2020, qui avaient plongé sous l’effet des premiers confinements, et ceux du printemps 2021, en plein boom économique aux États-Unis grâce aux aides financières versées aux ménages par le gouvernement et à la vaccination.

Par ailleurs, les difficultés mondiales de fabrication et de livraison liées à la pandémie depuis un an ont fait grimper les prix de nombreux produits.

«Il semble que l’impact des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et des pénuries s’estompe également, une évolution positive», relève Rubeela Farooqi, économiste en chef pour High Frequency Economics, dans une note.

Le niveau d’inflation annuelle, cependant, reste très élevé, proche de son plus haut niveau en 13 ans.

 

«Trop tôt pour crier victoire»

Le taux d’inflation devrait rester «élevé et persistant, car les déséquilibres entre l’offre et la demande ne se résorberont que progressivement», souligne ainsi Kathy Bostjancic, économiste pour Oxford Economics.

Elle s’attend à une inflation encore supérieure à 2% tout au long de l’année 2022.

Ces données seront sans doute observées à la loupe par les membres du comité monétaire de la Banque centrale américaine (Fed), qui se réunissent la semaine prochaine, et discuteront de la diminution de leurs achats d’actifs, qui avaient apporté des liquidités au marché, mais sont désormais moins indispensables et risquent même d’attiser l’inflation.

La Fed devrait ainsi «(saluer) cette légère baisse de l’inflation», souligne l’économiste Diane Swonk, de Grant Thornton, dans un tweet.

Cependant, avertit-elle, «il est encore trop tôt pour crier victoire (…). La clé est de savoir quel effet les pénuries, ainsi que le variant Delta et ses successeurs, auront sur la demande».

La Fed, pour établir sa politique monétaire, regarde également l’emploi, dont la croissance a été décevante en août après une forte amélioration en juin et juillet.

La Banque centrale observe plutôt un autre indice de l’inflation, l’indice PCE qui a montré une accélération en juillet sur un an, à 4,2% contre 4% en juin, mais un ralentissement sur un mois, à 0,4% contre 0,5% en juin.