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Économistes: pas de forte reprise de l’immobilier ce printemps

La Presse Canadienne|Publié le 08 avril 2024

Économistes: pas de forte reprise de l’immobilier ce printemps

La Banque du Canada devrait à nouveau maintenir son taux directeur stable lorsqu'elle annoncera sa décision mercredi. (Photo: La Presse Canadienne)

Malgré la probabilité de modestes baisses de taux, des économistes ne s’attendent pas à une forte reprise du marché immobilier ce printemps. 

La Banque du Canada devrait à nouveau maintenir son taux directeur stable lorsqu’elle annoncera sa décision mercredi, mais on ne sait pas exactement quelle direction elle prendra ensuite.

Des mois pourraient s’écouler avant que les acheteurs soient suffisamment rassurés pour mettre fin à l’attentisme.

Rishi Sondhi, économiste à la Banque TD, croit que l’incertitude pourrait conduire certains acheteurs à la prudence tout au long du printemps. «Je pense que l’horizon est un peu embrouillé et cela pourrait peut-être restreindre une partie de l’activité.»

Rishi Sondhi souligne que les ventes et les prix grimpent généralement lorsqu’il y a un changement «qui secoue le marché», comme une baisse des taux d’intérêt.

«Il y a une demande refoulée importante, particulièrement en Ontario et en Colombie-Britannique, il suffirait d’une petite étincelle.»

Dans son dernier rapport sur les ventes et les prix des maisons à l’échelle nationale, l’Association canadienne de l’immeuble a laissé entendre que février pourrait marquer «le dernier mois relativement calme de l’année».

«Après deux années d’activité de revente de logements plutôt calme, on a le sentiment que les choses sont sur le point de reprendre», a déclaré le président de l’ACI, Larry Cerqua, dans un communiqué le mois dernier.

«À l’heure actuelle, il est difficile de savoir si les acheteurs vont attendre un signal de la Banque du Canada ou s’ils attendent simplement que les inscriptions du printemps arrivent sur le marché.»

Dean Artenosi, agent immobilier de la région du Grand Toronto, a qualifié le moment actuel de «point de bascule où le pire serait derrière nous». Il a ajouté que la banque centrale avait signalé que les taux d’intérêt s’étaient «stabilisés» grâce à ses maintiens consécutifs des taux, ce qui avait rendu les acheteurs plus optimistes.

«L’état d’esprit est que nous sommes de retour à un marché normal», a déclaré Dean Artenosi, copropriétaire de Coldwell Banker The Real Estate Centre Brokerage.

«Les gens se sentent à l’aise… et sont habitués à effectuer leurs paiements à des taux plus élevés. Les acheteurs commencent à revenir sur le marché. Évidemment, on parle de taux commençant à baisser maintenant et nous voyons à nouveau de multiples offres sur le marché sur certaines propriétés.»

Dans l’Ouest, l’activité s’est refroidie en mars après un démarrage fulgurant de 2024, constate Tim Hill de Re/Max All Points Realty.

Le courtier immobilier de Vancouver prévoit que bon nombre de ses clients attendent que les taux baissent. D’autres pèsent le pour et le contre quant à la décision d’acheter avant cette date, ce qui devrait provoquer une augmentation des prix dans un contexte de baisse des coûts d’emprunt.

«Il semble évident (que la banque centrale) n’a pas encore changé de cap autant que les gens pourraient le souhaiter. Peut-être aurons-nous plus d’informations dans leur communiqué de presse sur leur réflexion et le moment où la Banque du Canada pourrait baisser les taux», a déclaré Tim Hill.

«Pour moi, j’ai le sentiment que maintenant que nous avons vu ce genre d’accalmie, je pense qu’avril va être un mois vraiment révélateur de la façon dont se déroulera le reste du printemps.» 

L’économiste en chef adjoint de RBC, Robert Hogue, a prédit un rebond «progressif» plus tard cette année à mesure que le cycle de réduction des taux de la banque centrale progresse, plutôt qu’une hausse majeure de l’activité après la première réduction.

Il a ajouté qu’il existe quelques exceptions à cette prévision, notamment le marché de Calgary, qui est resté solide malgré des taux élevés.

Malgré une demande refoulée, l’abordabilité demeure un problème majeur à Toronto, Vancouver et Montréal. «Je ne vois pas vraiment cela comme une question de prudence, mais plutôt en termes de contrainte budgétaire pour les acheteurs», a déclaré Robert Hogue.

Il a ajouté que le Canada pourrait connaître une «série de petites vagues» sur certains marchés au cours des prochains mois, où l’activité reprendrait alors que certains tenteraient de devancer la hausse des taux d’intérêt.

«Pour que ces minivagues se maintiennent, vous avez besoin d’une masse critique d’acheteurs qui reviennent sur le marché», précise l’économiste.

«Pour cela, nous restons d’avis que nous avons besoin d’une baisse significative des taux hypothécaires, ce qui, je pense, concerne davantage le second semestre 2024 que le marché du printemps.» 

Dean Artenosi, pour sa part, exhorte ses clients à ne pas attendre. Même si les conditions d’emprunt pourraient être plus favorables dans les mois à venir, il a mis en garde contre l’effet d’autres facteurs, notamment la population croissante du Canada, qui pourraient rendre plus difficile l’achat à un prix abordable. 

«Jouer le jeu de l’attente est une erreur», croit Dean Artenosi, qui a ajouté que ceux qui repoussent leur décision pourraient se retrouver de plus en plus dans des guerres d’enchères. «Il n’y aura pas de scénario parfait.»