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Élu, le PQ donnerait une «vraie liberté de parole» à ses députés

La Presse Canadienne|Publié le 08 septembre 2022

Élu, le PQ donnerait une «vraie liberté de parole» à ses députés

Le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon a proposé jeudi une série de mesures pour rééquilibrer les pouvoirs entre les mains du premier ministre. (Photo: La Presse Canadienne)

Québec — S’il devient premier ministre, le chef du Parti québécois (PQ) laisserait une plus grande liberté de parole à ses députés d’arrière-ban.

Paul St-Pierre Plamondon a proposé jeudi une série de mesures pour équilibrer les pouvoirs entre les mains du premier ministre. Ce dernier a «trop de pouvoirs», a déploré le leader souverainiste.

«Lorsqu’on se compare à d’autres démocraties occidentales, on a l’impression qu’au Québec on a un roi élu qui fait ce qu’il veut, que le pouvoir est concentré dans une petite clique de personnes, et que les contre-pouvoirs et les mécanismes de reddition de comptes sont trop peu nombreux», a-t-il déclaré en point de presse devant l’Assemblée nationale, à Québec.

M. St-Pierre Plamondon veut donner «une vraie liberté de parole» aux députés du gouvernement qui ne sont pas ministres.

S’il convient qu’une certaine forme de cohérence est nécessaire dans une formation politique, le chef péquiste croit que la ligne de parti s’arrête aux enjeux locaux d’une circonscription.

«Quand on n’est pas capable de nommer l’enjeu parce qu’on se fait dire par le parti “on s’attend à ce que tu te taises”, là on a un sérieux problème de démocratie. Mon engagement est que chaque député du Parti québécois a l’entière liberté, et l’aura toujours, de nommer les problèmes dans son comté pour trouver des solutions», a soutenu M. St-Pierre Plamondon.

Cette proposition survient au lendemain où la députée caquiste sortante de Laviolette—Saint-Maurice, Marie-Louise Tardif, a affirmé sur les ondes d’une radio de la Mauricie que la Coalition avenir Québec (CAQ) est un véhicule «assez restrictif et contrôlant», avant de nuancer ensuite ses propos.

Un exemple, s’ajoutant aux témoignages de deux autres députées sortantes, que les élus caquistes sont «en quelque sorte les porte-parole de la CAQ» au lieu de ceux de leurs citoyens, a soutenu M. St-Pierre Plamondon.

Celui-ci souhaite aussi doubler les budgets et les ressources du Vérificateur général, et créer la fonction de directeur parlementaire du budget pour éviter la «manipulation partisane des chiffres».

Période de questions des citoyens

Jugeant que l’accessibilité au chef du gouvernement «laisse à désirer», Paul St-Pierre Plamondon propose également d’instaurer une période de questions citoyenne, au moins une fois par session parlementaire.

«Ça pourrait être géré par le cabinet du président de l’assemblée, par exemple. Ça prendrait la forme d’une assemblée citoyenne comme en Écosse», a-t-il expliqué, ajoutant vouloir aussi une période de questions s’adressant uniquement au premier ministre chaque semaine.

La réforme de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels est aussi dans la mire du PQ. Selon M. St-Pierre Plamondon, qui se range derrière les demandes de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, la loi «manque de dents», notamment concernant les critères pour caviarder les documents et les délais pour répondre à une demande.

La formation souverainiste reproche un certain manque de transparence de l’appareil gouvernemental et une ingérence politique dans certaines décisions.

Pour limiter des «abus» à fins partisanes, le PQ s’engage à rétablir les compétences de la Régie de l’énergie sur la fixation des tarifs d’Hydro-Québec, et revoir la Loi sur la santé publique pour réduire les pouvoirs de la gouvernance par décrets, notamment en ce qui a trait aux contrats sans appels d’offres.

Un gouvernement péquiste rendrait aussi totalement indépendante du conseil des ministres et du premier ministre la Direction générale de la santé publique. De plus, il mettrait sur pied une agence du transport séparée du gouvernement.

Engagements agricoles

Jeudi après-midi, c’était au tour du chef péquiste d’aller rencontrer les membres de l’Union des producteurs agricoles (UPA), après le passage de François Legault, Dominique Anglade et Gabriel Nadeau-Dubois.

M. St-Pierre Plamondon a énoncé dans un discours des engagements pour la protection des terres agricoles. Il a promis de limiter la superficie que pourrait détenir un non-agriculteur et de réformer la Loi sur la protection du territoire agricole.

Selon lui, si le régime actuel fonctionnait, il n’y aurait pas «autant d’hectares transformés en d’autres choses que des terres agricoles». Il a aussi mentionné qu’un gouvernement péquiste instaurerait des pénalités «très sévères» aux spéculateurs qui n’exploitent pas les terres.

Dans le but de favoriser l’achat local, le PQ souhaite que 70% de tous les repas servis dans les organismes publics et parapublics soient le produit de l’agriculture québécoise.

Le chef péquiste a aussi rappelé son engagement de piger 1 milliard $ dans le Fonds des générations pour accompagner différents secteurs dans la transition énergétique. M. St-Pierre Plamondon a également évoqué l’idée de mettre en place des incitatifs financiers pour encourager la relève.

Devant les membres réunis à la Maison UPA, à Longueuil, le politicien a plaidé pour la protection de 200 000 hectares de forêts afin de préserver le potentiel de l’industrie du sirop d’érable au Québec.

La promesse du PQ d’abaisser le seuil d’immigration à 35 000 par année est toutefois perçue d’un mauvais œil par l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec. Son président, David Lemire, a relaté que les travailleurs temporaires étrangers représentent une main-d’œuvre importante pour les producteurs et que plusieurs tentent d’immigrer avec leurs familles au Québec.

«Je pense que l’agriculture est le lieu idéal pour l’intégration. Les valeurs québécoises sont là», a-t-il soutenu.

M. St-Pierre Plamondon a rappelé que son plan en immigration ne touche pas les travailleurs temporaires. Il vise une régionalisation à 50% de l’immigration économique, promettant à court terme un bassin plus important de travailleurs pouvant mettre l’épaule à la roue.