La demande excédentaire des travailleurs a diminué l’année dernière, passant de 211 000 en décembre 2022 à 149 000 en décembre 2023. (Photo: La Presse Canadienne)
Le ralentissement économique s’est fait sentir sur le marché de l’emploi en 2023, selon des données publiées mercredi matin par l’Institut du Québec (IDQ). Malgré la création de 67 000 nouveaux emplois et une baisse des postes vacants, le taux de chômage est passé de 4,1% au début de l’année à 4,7% en décembre. Par contre, le taux de chômage des immigrants permanents, lui, a bondi de 4,7% à 7,5%.
Sur les 49 000 chômeurs qui se sont ajoutés au Québec en 2023, 9000 étaient nés au Canada, pas moins de 27 000 étaient des immigrants permanents et 13 000 des résidents temporaires.
Par contre, sur le nombre total de chômeurs dans la province, 60% sont nés au Canada, 31% sont des immigrants permanents et 9% des immigrants temporaires. C’est donc la proportion des immigrants au sein des personnes au chômage qui a augmenté, apprend-on dans le Bilan 2023 de l’emploi au Québec.
«L’intégration des immigrants au marché du travail s’améliorait de manière très importante au cours des dernières années. Nous l’expliquions avec la pénurie de main-d’œuvre, alors que les employeurs étaient plus ouverts à recruter certains travailleurs. Mais on se disait aussi qu’il y avait des éléments plus structurels, qu’il y avait par exemple des immigrants plus en adéquation avec le marché du travail, que les employeurs reconnaissaient davantage les compétences. Mais les données de cette année nous font poser la question: « Est-ce que les gains des dernières années sont fragiles, ou ils sont solides »», se demande Emna Braham, directrice générale de l’IDQ.
Simon Savard, économiste principal et directeur adjoint de l’IDQ, indique quant à lui que le même phénomène est observé ailleurs au Canada.
«Lorsqu’il y a un ralentissement économique important, on observe une augmentation plus importante du taux de chômage des immigrants. Pour plein de raisons, mais notamment parce qu’ils sont en moyenne plus surqualifiés pour l’emploi qu’ils occupent. Ils ont souvent moins d’ancienneté et sont souvent plus jeunes. Ces facteurs font en sorte qu’ils sont plus susceptibles de se retrouver en recherche d’emploi», analyse-t-il.
Les 13 000 emplois de moins dans le secteur de la finance, des assurances et de l’immobilier pourraient aussi expliquer en partie la hausse du taux de chômage des immigrants permanents, puisque selon l’IDQ, ces derniers y sont bien représentés. «Ont-ils été davantage touchés? C’est une autre explication que nous voyons», dit Emna Braham.
La demande excédentaire des travailleurs a également diminué l’année dernière, passant de 211 000 en décembre 2022 à 149 000 en décembre 2023. Cela est dû en partie, dit l’IDQ, «au ralentissement économique qui a contraint les employeurs à supprimer certains postes qu’ils ne parvenaient pas à combler de toute façon.»
L’arrivée de nombreux immigrants temporaires, plus de 100 000, a aussi fait accroître le nombre de travailleurs disponibles dans la province, pourvoyant ainsi des postes autrement non pourvus, beaucoup dans les domaines de la restauration et de l’hôtellerie.
Quant aux revenus des travailleurs en 2023, le salaire horaire moyen réel était de 33,02$, soit plus qu’avant la pandémie. Il était de 31,87$ en 2019. Suivant cette tendance, le nombre d’emplois dans les secteurs les mieux rémunérés atteint maintenant 48%, alors qu’il oscillait à 45% à la fin de 2019.
Des 67 000 emplois créés au cours de la dernière année, ce qui place le Québec au 8e rang des provinces canadiennes, la majorité de ceux-ci, 35 000, l’ont été dans la région de la Montérégie. Les régions de la Capitale-Nationale et des Laurentides suivent avec respectivement 20 000 et 9000 nouveaux emplois. Montréal se retrouve bonne dernière avec une perte de 13 000 emplois.
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