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Enrichissez-vous avec… votre voiture!

Simon Diotte|Édition de la mi‑juin 2019

Pourquoi ne pas transformer l'un de vos plus importants actifs en investissement ? Voilà l'objectif des plateformes ...

Pourquoi ne pas transformer l’un de vos plus importants actifs en investissement ? Voilà l’objectif des plateformes qui facilitent la location de voitures entre particuliers.

Éric Daoust possède une voiture qu’il n’utilise que très rarement. «C’est uniquement pour mes sorties de fin de semaine», dit ce Montréalais de 47 ans. Donc, du lundi au vendredi et même pendant de nombreux week-ends, sa voiture ne sert à rien. C’était ainsi pendant des années, jusqu’à ce qu’il découvre la plateforme Turo, dont il est l’un des premiers membres au Québec.

Depuis, cet analyste d’affaires dans une compagnie d’assurance est l’un des locateurs les plus actifs du Québec. «Une voiture qui ne roule pas se déprécie presque autant qu’une voiture qui avale des kilomètres. Donc, en la mettant en circulation, je diminue au maximum mes coûts liés à la possession d’une voiture», témoigne-t-il.

En trois ans, ce champion de l’autopartage a dégagé plus de 14 000 dollars de revenus d’appoint avec sa Prius 2012. «Je fais tout pour augmenter mon taux de réservation. Je la nettoie avant chaque location et j’offre le service de voiturier», dit ce passionné. Son objectif est de préserver sa cote parfaite, lui assurant une manne de clients.

Si on loue bien son chalet pendant son absence et son appartement lors des vacances, pourquoi ne pas le faire également pour sa voiture ? C’est le principe derrière la plateforme d’autopartage entre particuliers Turo, fondée en 2010 aux États-Unis, qui offre ses services au Canada depuis 2016. La communauté Turo compte 350 000 membres au Canada, et 10 000 véhicules y sont déjà inscrits, un nombre qui a triplé en douze mois. «L’autopartage entre particuliers commence à entrer dans les moeurs au Canada», affirme Cédric Mathieu, directeur de Turo pour le Canada.

Comme une résidence secondaire, une voiture est rarement occupée. Selon un sondage effectué par Angus Reid pour le compte de Turo, les propriétaires de voiture au Canada ne passent que 7,3 heures par semaine au volant, ce qui signifie que 96 % du temps, cet actif, qui vaut en moyenne 27 236 dollars au moment de l’achat, ne roule pas ! Près des deux tiers des Canadiens ne conduisent pas leur véhicule chaque jour, comme Éric Daoust, et 41 % des gens qui ont une deuxième voiture affirment qu’ils ne l’utilisent presque jamais. Un parc automobile qui dort au gaz.

Comment ça marche ? Chez Turo, les locations se font uniquement à la journée, ce qui entre en concurrence avec les locateurs traditionnels. Pendant la location, ce sont les assurances de Turo qui prennent tout en charge. «Les assurances personnelles des propriétaires ne sont pas touchées», explique Cédric Mathieu. L’inscription est gratuite sur la plateforme, et les locateurs, qui déterminent eux-mêmes leur prix, et les locataires n’échangent pas d’argent entre eux. Tout se fait par la plateforme, qui prélève 25 % des frais locatifs.

Flairant la bonne affaire, plusieurs locateurs se bâtissent un parc de voitures en autopartage, à l’instar des propriétaires de logements qui font le plein d’argent avec Airbnb. «Mais la majorité des locateurs sont des particuliers, qui louent leur voiture en moyenne 8 ou 9 jours par mois», dit Cédric Mathieu.

Turo commence à avoir de la concurrence. La québécoise Autonomik propose aussi la location de voitures entre particuliers, à la différence qu’elle peut se faire au quart d’heure et que la remise du véhicule n’exige pas la présence du propriétaire. «Nous installons aux frais du client (1 500 dollars) un système électronique qui déverrouille automatiquement la voiture. Le client empoche ensuite 80 % des revenus locatifs sans rien avoir à faire», explique le directeur d’Autonomik, Jean-François Lessard. Un modèle qui pourrait permettre à ce système d’autopartage de s’implanter en zone rurale, ce que les autres entreprises n’ont pas réussi à réaliser à grande ampleur.

Éric Daoust ne voit que des avantages pour lui et la société dans ce nouveau modèle d’affaires. «Mes voisins en profitent, car je libère une place dans la rue, et des particuliers n’ont pas à acheter une voiture pour leur propre usage», dit-il. L’autopartage fait maintenant partie de sa vie et conditionnera l’achat de sa prochaine voiture. «Elle sera assurément électrique, car les modèles non polluants, comme les Tesla, sont nettement les plus populaires sur le réseau», conclut-il.

À quand la location de VTT, de motoneiges et de motos ?

 

Turo en chiffres

Plus de 7 000  véhicules inscrits au ­Québec, dont 1 800 disponibles à la location en moyenne chaque jour (en fonction des disponibilités des hôtes, etc.).

Plus de 18 000 voitures inscrites dans tout le ­Canada.

Nombre d’utilisateurs au ­Québec : ­plus de 150 000 membres inscrits.

550 000 membres inscrits dans tout le Canada.

Durée moyenne des voyages : 3,5 jours au ­Québec en 2018.

Revenu moyen pour les propriétaires : 690 dollars par mois en moyenne pour les hôtes actifs (deuxième semestre 2018).