Gouvernement: Duhaime refuse de s’engager à maintenir la parité
La Presse Canadienne|Publié le 28 septembre 2022«Il pourrait y avoir 20 ministres masculins, 20 ministres féminins, 10-10. Je considère que ce sont les compétences qui doivent dicter les choix», a commenté Éric Duhaime. (Photo: La Presse Canadienne)
Québec — S’il devient premier ministre du Québec, Éric Duhaime serait prêt à former un cabinet 100% masculin.
Allergique au principe de parité, le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ) n’aime pas l’idée de devoir accorder un statut particulier aux «sous-groupes» et aux «minorités», encore moins à assurer une représentation équitable des régions, au moment de former un éventuel cabinet Duhaime.
Seul le critère de la «compétence» devrait prévaloir en ce domaine, a réaffirmé en point de presse, à deux pas du parlement, le chef conservateur mercredi, en rendant publique sa position sur la réduction souhaitée de la taille du cabinet, s’il devient premier ministre.
Pas plus de 20 ministres formeraient son gouvernement, a-t-il dit. On en compte actuellement 26 dans le gouvernement Legault. Un sommet avait été atteint en 2002, quand Bernard Landry avait présenté un cabinet formé de 36 ministres.
M. Duhaime dit qu’il pourrait former un cabinet totalement masculin, mais tout autant totalement féminin, refusant de s’engager à maintenir un équilibre entre les sexes à ce chapitre, ou d’estimer avoir une responsabilité de corriger des erreurs du passé, alors que les femmes étaient systématiquement laissées de côté.
«Il pourrait y avoir 20 ministres masculins, 20 ministres féminins, 10-10. Je considère que ce sont les compétences qui doivent dicter les choix», a commenté M. Duhaime.
Il serait quand même étonnant que M. Duhaime puisse former un cabinet exclusivement féminin, puisque 63% de ses candidats sont des hommes. Il a refusé de fixer un pourcentage minimal de candidatures féminines pour son parti.
Dans le passé, M. Duhaime avait déclaré que la parité en politique était une «parure». Il s’est déjà prononcé pour l’abolition du Conseil du statut de la femme et l’abolition du poste de ministre à la Condition féminine, qu’il remplacerait par un ministre de l’Égalité, au mandat plus large, dans le sens de lutter contre toutes les formes de discrimination visant différentes catégories de personnes.
Largement symbolique, sur le plan des économies à réaliser, sa position sur la taille d’un éventuel gouvernement Duhaime s’inscrit dans son projet plus vaste de réduire la taille de l’État, un objectif toujours demeuré un peu flou, sauf pour dire qu’il aimerait couper 5000 postes de fonctionnaires.
«Il faut envoyer le message clair que le gouvernement doit se serrer la ceinture et couper dans le gras», a plaidé M. Duhaime.
Questionné à savoir quels ministères étaient à ses yeux superflus, il a dit qu’il abolirait les postes de «ministres délégués». Il n’y aurait donc qu’un seul ministre par ministère. Actuellement, il peut y en avoir deux ou trois, comme en Santé par exemple, où on trouve le ministre en titre, Christian Dubé, et deux ministres délégués, Lionel Carmant et Marguerite Blais.
À part cette remise en question des ministres délégués, M. Duhaime n’a mentionné aucun changement majeur souhaité de la structure de l’appareil de l’État.
La cheffe libérale, Dominique Anglade, a réagi aux propos de M. Duhaime en affirmant qu’elle souhaitait plutôt créer un poste de ministre en titre de la Condition féminine, si elle prend le pouvoir le 3 octobre. Elle a qualifié de «recul» pour les femmes l’approche du chef conservateur, car il s’agit là d’un «enjeu fondamental», a-t-elle fait valoir, dont il faut se préoccuper encore davantage aujourd’hui qu’au cours des dernières années.